Sur le campus les  » Jardins AOC »: Ici on ne partage pas que des légumes


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 15/01/2012 PAR Joël AUBERT

Cinq jeunes hommes ont débarqué un dimanche midi chez moi, pour une interview. Courageux, les jardiniers ! En ce week-end pluvieux, ils rentraient tout juste d’une « expédition fumier » matinale, l’automne étant un moment clé pour amender le sol. C’est autour d’un pique-nique rustique que j’ai pu en savoir un peu plus sur les jardins AOC, « Appellation d’Origine Campus » qui, grâce à un fonctionnement à la fois rigoureux et flexible (il laisse place à la prise d’initiative et à des projets originaux), perdure et s’étoffe chaque mois de nouveaux adhérents. Le projet a d’ailleurs été récompensé par les Trophées Agenda 21 de la Gironde (parmi 67 autres candidats) qui récompensent « les initiatives en faveur d’un développement plus durable ».

Mais ce jardin partagé, qu’a-t-il donc de si spécial ?
Ingrédient n°1 : les humains. Lucas Bento et Jules David, les initiateurs, supervisent le projet depuis septembre 2010 avec une énergie constante et une capacité impressionnante à motiver les troupes. Une activité prenante, qu’ils mènent en parallèle avec leur thèse de droit. « Créer du lien social était notre volonté principale. Je pense qu’il n’y a finalement pas beaucoup de jardins qui soient véritablement partagés. Jardins ouvriers, jardins individuels de bas d’immeuble… ces systèmes sont réservés à un certain groupe de personnes », explique Jules.

Ici, toutes les personnes vivant sur le campus universitaire ou aux alentours sont invitées à venir jardiner. « On voulait décloisonner le campus. Faire en sorte qu’étudiants, enseignants, enfants, retraités, soient réunis autour de la thématique du jardinage » ajoute le président, Lucas Bento.  

Un jardinage qui se veut « au naturel ». C’est l’ingrédient n°2, qui devrait être la base de tous les jardins. Avec un nom pareil, on ne doute pas que les jardins AOC misent sur la qualité. Il faut donc mettre en œuvre des techniques culturales pour faire pousser « sans pesticides ». « On se situe entre jardinage et permaculture. On veut intervenir le moins possible, laisser la nature se débrouiller lorsqu’elle rencontre un problème », explique Jules. Mais attention : qu’il s’agisse de jardinage « classique » ou de permaculture, il faut maîtriser la technique.

Ainsi, l’échange de techniques avec d’autres jardins, les expérimentations et démonstrations en groupe permettent de respecter la règle des 3A : apprentissage, amélioration et adaptation. Voilà l’ingrédient n°3. Florent, étudiant de 25 ans, admet tout de même que « pour quelque chose de participatif, je trouve qu’il n’y pour le moment pas assez de prise d’initiative de la part des jardiniers ». L’idée serait donc d’organiser des temps de discussion sur les techniques à côté du jardinage lui-même.

Comme toute association, le débat est fort sur la question de la responsabilité du bureau d’une part et des adhérents d’autre part. « Déléguer la gestion et les connaissances est un défi que nous voulons relever, reconnaît Jules. Nous avons déjà réussi à organiser une gestion collective où chacun se sert en légumes selon son investissement dans l’association ». Lucas ajoute : « les problèmes, on les enterre au fond du jardin ! »

Après plus d’un an, l’énergie et la motivation des créateurs des jardins AOC ne cesse de se refléter sur les jardiniers, ce qui permet d’impulser une multitude de petits projets. Nous arrivons là à l’ingrédient n°4 : la sensibilisation à l’environnement, qui s’étend au-delà du cercle des adhérents. Un partenariat avec le CROUS de Bordeaux a permis la conception et la création de 2500 « Calendriers des fruits et légumes de saison » distribués dans les restaurants universitaire par les adhérents. En projet, la création d’une fresque, par des enfants d’un quartier de Pessac, sur un mur situé à l’arrière du jardin. Lucas termine : « On a eu cette idée avec des étudiants en thèse de préhistoire. Ce sera le thème de la fresque ! » 

Ce qu’ils en disent…

Florent, 25 ans : « Partager des moments sympas… C’est surtout ça ! »
Florent mange bio, de plus en plus. Quand il est arrivé dans l’association, cet étudiant en thèse connaissait simplement quelques bases de jardinage. « A l’inauguration du jardin, au printemps dernier, je trouvais le principe sympa. Un projet collectif où les gens se réunissent autour de l’activité jardinage pour échanger. On pourrait croire que l’objectif premier des gens est de récupérer des légumes ; en fait, ils viennent en priorité pour rencontrer d’autres personnes, partager des idées ! »

Pierre, 67 ans : à la retraite, le retour au vert
Ancien cadre de banque, Pierre trouve dans la retraite le temps pour s’adonner à des activités en rapport avec ses valeurs. Très impliqué dans le développement d’AutoLib, le réseau de voitures en libre service, il a vu dans les jardins AOC l’opportunité de retrouver un contact direct avec la nature, qu’il avait essayé de maintenir au cours de ses nombreux déplacements professionnels en France et à l’étranger : « J’essayais toujours d’avoir un coin de jardin pour cultiver mes fleurs et mes légumes. Je redécouvre l’importance de manger local et sain, et je maintiens un dynamisme d’esprit en côtoyant des jeunes motivés et ouverts. J’apprends beaucoup, c’est génial ! »

Opaline Lysiak

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