Tempête : la filière bois du sud ouest pourrait être mise en péril


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Publication PUBLIÉ LE 26/01/2009 PAR Nicolas César

« Les dégâts sont plus importants que lors de la tempête de 1999, où 200 000 hectares avaient été détruits », se désole Henry Chapron, directeur de la Cafsa, première coopérative forestière de France, dont le siège est à Bordeaux. Un coup dur pour la profession, qui n’a pas encore pansé les plaies de la « tempête du siècle », notamment dans le Médoc, en Gironde et en Dordogne. Sur le bassin d’Arcachon et dans les Landes, 60% du massif forestier serait anéanti. Et, cette fois, tous les peuplements sont touchés. « C’est la réserve de bois des Landes qui est partie. Nous avons perdu des pins qui avaient cinquante ans, c’est-à-dire, ceux qui ont le plus de valeur », souligne-t-il. Selon lui, d’ici cinq ans, le secteur devra faire face à des problèmes de ressources. Financièrement, les pertes pour la filière bois s’annoncent colossales. Le massif des Landes de Gascogne constitue le plus grand d’Europe, avec 1,2 million d’hectares.

Le secteur bois déjà touché par une baisse d’activité de 30%

Les inquiétudes des professionnels du milieu sont d’autant plus légitimes, que cette catastrophe intervient dans contexte difficile. « Contrairement à la tempête de 1999, où nous avions de nombreux débouchés, notamment en Espagne, nous n’avons, actuellement, pas de marchés pour écouler tout ce stock », rappelle Eric Dumontet, secrétaire général adjoint du syndicat des sylviculteurs du sud ouest. En effet, avec la crise économique, les industries du bois ont enregistré ces derniers mois un recul de leur activité de l’ordre de 30 %.

Chantal Jouanno, la secrétaire d’État à l’Écologie, a reconnu dimanche que les« conséquences sur la forêt seront dramatiques». Aujourd’hui, elle se rendra en Aquitaine, « afin d’évaluer l’ampleur des dégâts et les dispositions à prendre ». Elle est attendue de pied ferme par les sylviculteurs et les industriels du bois, qui se sont rassemblés en interprofession. Le 26 janvier, à la Draf (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt) de Bordeaux, ils se sont réunis, afin d’élaborer ensemble un plan de crise. « Nous ne voulons pas nous faire avoir comme en 1999. Il n’est pas question que l’Etat nous dicte ses mesures », prévient Eric Dumontet. Les sylviculteurs se disent mécontents du « plan chablis », mis en place après la tempête de 1999 et reprochent notamment à l’Etat de ne pas avoir accordé suffisamment de crédits, avec beaucoup de retard, et souvent sans réelle adéquation avec la situation sur le terrain. A cet égard, l’interprofession réclame donc, aujourd’hui, un fonds spécifique d’indemnisation et de restauration de la forêt. « C’est ce qui nous a le plus manqué en 1999 et sans cela, nous ne pourrons jamais reconstituer notre forêt », lance-t-il.

Les professionnels réclament un fonds spécifique d’indemnisation de la forêt

En attendant des aides de l’Etat, l’urgence première de la filière est d’exploiter les « chablis » (le bois abattu par la tempête), de le stocker et de ne plus le couper le « bois vert », c’est-à-dire, encore sur pied. Face à l’ampleur du travail, Henry Chapron se veut optimiste. « Nous avons tiré les leçons de la tempête de 1999. Nous avons progressé dans la conservation du bois, sa gestion ». Pour autant, il faut agir vite, avant que le bois soit altéré par les premières chaleurs et perdent de sa valeur. L’enjeu est de taille. La filière bois représente en Aquitaine un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros avec 40 000 sylviculteurs, auxquels s’ajoutent 34 000 emplois directs. Pour les rassurer, le ministre de l’agriculture, Michel Barnier, a annoncé dimanche, qu’il allait proposer la mise en œuvre d’un « plan global, permettant d’assurer la récupération des bois abattus, le stockage et la valorisation de ces bois et d’organiser la reconstitution du patrimoine forestier ». Bien plus que des mots, les professionnels du bois attendent des actions concrètes, pour sauver leur filière.

Nicolas César

Alain Rousset sollicite l’aide de l’Europe

Alain Rousset rencontrera mercredi Danuta Hübner, commissaire européenne en charge de la Politique régionale, pour plaider la cause de l’Aquitaine et des filières sinistrées, après le passage de cette tempête hivernale exceptionnelle. « L’objectif de cette rencontre est prioritairement de demander l’activation du Fonds de solidarité de l’Union européenne pour faire face le plus rapidement possible aux dégâts importants des zones forestières et agricoles », indique le communiqué.

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