Le changement climatique « plus intense » dans les Pyrénées


Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 14/11/2018 PAR Solène MÉRIC

Lancé en 2010 sous la présidence de la région Midi-Pyrénées, l’Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique (OPCC) de la Communauté de Travail des Pyrénées (CTP) analyse la vulnérabilité au changement climatique de la région au niveau social, économique et naturel, par le biais de la coopération transfrontalières. Les membres de la CTP et, par conséquent, de l’OPCC, sont la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie, quatre communautés autonomes espagnoles, la Catalogne, l’Aragon, la Navarre, l’Euskadi ainsi que la Principauté d’Andorre. Concrètement, l’Observatoire, a pour objectif de réaliser un suivi et de comprendre le phénomène du changement climatique dans les Pyrénées pour aider le territoire à s’adapter à ses impacts, avec pour ambition de se placer en « plateforme de référence en matière de connaissance en adaptation au changement climatique dans des écosystèmes de montagne. »
Résultat de ces travaux, le rapport présenté lundi en Espagne, a mobilisé, pour sa rédaction et les différents processus de révision, près de 100 scientifiques et experts originaires de France, d’Andorre et d’Espagne. « A travers ce rapport, nous avons l’intention de fournir un document de référence à la communauté scientifique et aux décisionnaires techniques et politiques, ainsi qu’au secteur des entreprises et à la société dans son ensemble », a ainsi indiqué Ioia Arauzo, coordinatrice de l’OPCC. Selon elle, à l’image des discours scientifiques planétaires, « il est essentiel de signaler l’urgence des mesures à prendre pour limiter les effets négatifs et tirer parti des opportunités éventuelles. Si nous sommes en mesure d’anticiper et de gérer les changements, nous pouvons trouver des moyens de rendre compatibles l’activité humaine et la préservation de la nature dans les Pyrénées. ». Une urgence d’autant plus avérée que « les zones de montagne connaissent des augmentations de température plus élevées que les plaines et les impacts du changement climatique y sont donc plus intenses », comme le souligne Francisco Javier Lambán Montañés le Président de la Communauté de travail des Pyrénées. Et le rapport présenté lundi ne manque pas d’exemples.

Le tabeau noir des risques et conséquences du réchauffement climatique
On y lit en effet que « la température moyenne entre 1949 et 2010 a augmenté de 1,2°C dans les Pyrénées, correspondant à une hausse de 30 % de plus que la moyenne mondiale (0,85°C). Les températures maximales pourraient atteindre les 7°C d’ici la fin du siècle selon les projections climatiques pour le scenario le plus pessimiste ». Autre constat effrayant : au cours des 35 dernières années, la moitié des glaciers pyrénéens ont disparu. Et les perspectives ne sont pas meilleures : « Dans les Pyrénées centrales, à une altitude de 1 800 m, l’épaisseur moyenne de la neige pourrait diminuer de moitié d’ici 2050 selon la référence actuelle, tandis que la période de permanence de la neige au sol réduirait de plus d’un mois. »
Un réchauffement qui n’est pas déjà sans conséquences non plus ni sur la biodiversité ni sur le fonctionnement et la santé des écosystèmes faune, flore, forêts, eau comprises. Sur la faune par exemple, la date d’arrivée de certaines espèces d’oiseaux migrateurs a avancé de près de 10 jours depuis les années 60, analyse le rapport qui estime également qu’ « au cours de ces dernières années, les espèces européennes se sont déplacées de 11 m en moyenne par décennie vers les altitudes supérieures à cause du réchauffement planétaire ». A l’inverse, celui-ci « pourrait augmenter le risque de propagation de certaines espèces exotiques et d’autres espèces nocives déjà présentes », il pourrait également engendre la «  perte de synchronie entre certaines espèces qui dépendent les unes des autres ».
Combiné à l’activité humaine, le réchauffement climatique « est capable d’altérer la répartition et la composition de la flore ainsi que la diversité de la végétation en haute montagne ». Autres risques : l’augmentation du nombre et de l’intensité des incendies de forêt dans les Pyrénées, ou encore par des phénomènes climatiques extrême, dégrader l’état de santé de ces forêts par l’effet d’agents pathogènes, liés à l’arrivée croissante de nouvelles espèces exotiques, « déjà observée depuis une vingtaine d’année », glisse le rapport. De même les conséquences seront également importante sure les cycles hydrologique, et hydriques ayant des conséquences sur la disponibilité de l’eau mais également sa qualité chimique.
Un tableau noir des risques et conséquences du réchauffement climatique, qui impacteront les activités économiques et sociales humaines en montagne : qu’il s’agisse de tourisme (notamment pratique du sport d’hiver), d’agriculture et de pastoralisme, d’énergie (et notamment fonctionnement des centrales hydroélectriques) ou simplement des conditions de vie avec l’augmentation prévisible des phénomènes météorologiques extrêmes (inondations, crues, glissements de terrain, avalanches..)

10 défis environnementaux adressés aux acteurs des territoires
En conclusion de cet inventaire accablant, le rapport de l’Observatoire Pyrénées du Changement Climatique, dresse donc la listes des défis environnementaux à ne pas négliger dans les politiques publiques à mettre en oeuvre sur les territoires de montagne. 10 enjeux sont ainsi sont énumérés. Il s’agira de faire face et s’adapter aux phénomènes climatiques extrêmes, d’augmenter la sécurité face aux risques naturels, d’affronter la pénurie d’eau et les sécheresses, de garantir la qualité des eaux superficielles et souterraines, de maintenir l’attrait touristique des Pyrénées, de faire face aux changements au niveau de la productivité et de la qualité des cultures et de saisir les opportunités émergentes (que peuvent être l’apparition de cultures méditerranéennes ou subtropicales… ndlr), de prévoir des changements irréversibles du paysage, d’envisager l’éventuelle perte de biodiversité et les modifications des écosystèmes, de s’adapter aux déséquilibres entre l’offre et la demande énergétique, et enfin, de faire face à une propagation de maladies et de parasites. En d’autres termes tenter d’amoindrir, à défaut de l’éviter, les conséquences d’un cataclysme en s’y adaptant au mieux.

Le rapport est disponible en ligne: www.opcc-ctp.org

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