Villenave d’Ornon ouvre son tout premier Espace Naturel Sensible


Maxime Giraudeau
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/02/2020 PAR Maxime Giraudeau

« Sans les terrains et les propriétaires, rien n’aurait été possible » affirment les représentants de la commune. A partir de 2006, la mairie s’engage dans un programme de rachat de terres situées sur les 83 hectares de la Vallée de l’Eau Blanche, en partenariat avec le Conseil départemental de Gironde et Bordeaux Métropole (ou plus exactement son ancêtre la CUB). La commune est aujourd’hui propriétaire à 66% de cet Espace Naturel Sensible, le premier pour la ville du sud de la métropole bordelaise. Au total, les acquisitions entreprises et le plan de gestion du site qui en découle représentent 3 millions d’euros d’investissements. Le projet environnemental mené sur plus de deux mandats électoraux prévoyait depuis ses débuts une ouverture au public. C’est chose faite avec un premier sentier d’interprétation de 1500 mètres adapté aux personnes à mobilité réduite, sillonnant entre marécages, prairies et forêt. Un second doit ouvrir dans le courant de l’année.

 

Des palissades en bois baptisées

Population en hausse

« Il faut venir le soir vers 17 ou 18h, conseille Benoît Lafosse. C’est un spectacle sans équivalent. » Le plasticien de l’environnement est celui qui a imaginé le sentier de la Vallée de l’Eau Blanche. A force de côtoyer des centaines de hérons garde-bœufs, il s’est forcément pris d’admiration. Ces oiseaux blancs au bec orangé et perchés sur de fines pattes mesurent presque un mètre de haut et investissent chaque soir un dortoir collectif naturel dans les marais du sud villenavais. « Nous sommes passés de 200 becs en 2019 à plus de 880 début février » constate Serge Barande, en charge du suivi écologique pour le bureau d’études Écosphère. Une fierté d’autant plus affirmée que le gardien du microcosme est né et a grandi autour du domaine, fait aujourd’hui de marécages, prairies, forêt, lacs et anciens bassins maraîchers. « Nous avons retracé les chemins déjà existants. Il fallait conserver l’histoire humaine du site » souligne Isabelle Maillé, chargé de l’Espace Naturel Sensible pour la commune.

 

Isabelle Maillé, Serge Barande et Gilles Montuzet se connaissent depuis longtemps en tant que Villenavais d'origine.

Rocade et cresson

Dans les années 1960, la Vallée de l’Eau Blanche est alimentée par des « esteys » – petits ruisseaux – reliés au fleuve Garonne. Une arrivée d’eau fluviale qui permet le développement d’une activité économique de pêche mais aussi de maraîchage. « Notre père possédait une cressonnière importante sur le site » témoignent Gilles et Jean-Claude Montuzet, nés à Villenave d’Ornon et propriétaires de 5 hectares dans la Vallée de l’Eau Blanche. Les deux frères ont encore le souvenir de l’eau fraîche qui court entre les tiges verdoyantes du cresson cultivé dans une suite de bassins fluviaux. Alors quand la mairie de Villenave d’Ornon parle d’en faire un espace protégé et ouvert au public, les Montuzet, propriétaires historiques, font les gros yeux. « Nous avons suivi le projet et constaté qu’il était cohérent avec la nature » reconnaît finalement Gilles. Les terres de la famille doivent être prochainement confiées à la commune pour y développer encore l’Espace Naturel Sensible. La cressonnière quant à elle, pourrait être en partie remise en service pour titiller la curiosité des visiteurs. Juste à côté, s’y trouvent des lacs profonds de 15 mètres. Ceux-ci sont apparus suite à l’exploitation de « graves », utilisés pour le revêtement de la rocade de Bordeaux. Le site conserve effectivement toujours les traces de son histoire.


Le sentier d'interprétation fait la part belle à l'ancienne cressonnière, aujourd'hui asséchée, de la famille Montuzet

Chasse interdite

« En 500 mètres, nous avons entendu à six reprises le bouscarle de Cetti » enseigne Serge Barande, admirateur du petit oiseau. Mais un bruit vient perturber l’écoute paisible de son chant : celui du train de la ligne Bordeaux-Toulouse. Difficile d’isoler entièrement le milieu naturel de la trace de l’Homme. Néanmoins, la faune ne semble pas perturbée. « Les oiseaux savent reconnaître le danger. A force d’entendre le train ils éprouvent un phénomène d’habituation. Quand il y a un coup de fusil en revanche, ils s’envolent tous » observe Serge Barande. La chasse est d’ailleurs interdite sur l’Espace Naturel Sensible de la Vallée de l’Eau Blanche. Le site accuse néanmoins d’un lourd passif entre chasses de gibiers et ball-trap. De quoi retrouver des traces de plomb et d’argile dans les eaux d’une partie des marécages. Mais le temps de la repentance est venu, avec comme engagement premier de maintenir, au mieux améliorer, la population faunique présente. L’état d’esprit ? « Allier une gestion écologique pour l’environnement et économique pour les propriétaires » montre Isabelle Maillé. Ou comment co-construire un espace en préservant la nature et les histoires qui l’ont forgé.

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