Petit récit d’un chercheur de cèpes las d’être pris pour un nul


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 08/08/2011 PAR Joël AUBERT

Me voici donc parti, de bon matin, aux limites de la Gironde et de la Charente maritime. Là d’où nous parviennent les échos de cueillettes miraculeuses.  Chemin faisant, me reviennent les souvenirs d’enfance, de cette « ramasse » extraordinaire auprès des petits étangs avec mon père, au moins quinze kilos dans deux grands plateaux. Des beaux noirs en rangs serrés, ni trop jeunes ni trop vieux, sans le moindre ver,  « sains » comme on se plait à le dire pour vanter, à la fois la prodigalité de la nature et l’habileté du chercheur arrivé au moment idéal sur les lieux de la cueillette. Entre l’excitation et un sentiment qui, alors, devait s’apparenter au bonheur de vivre pareil moment, je songeais déjà à l’accueil triomphal qui nous serait fait à la maison. J’étais d’ailleurs chargé par mon père d’une mission de la plus haute confiance ; tandis qu’il grattait délicatement le pied de chaque cèpe pour en enlever la terre qui s’y accrochait,  je devais faire le guet de sorte que personne ne nous voit. Le chercheur de cèpe veille jalousement sur ses coins, avec l’espoir insensé que jamais ils ne seront découverts. Il entretient avec eux une relation quasiment amoureuse et ne supporte pas d’être trompé.

Donc, arrivé sur les lieux à 7h20, ce 4 août, je croisais à quatre cent mètres de ces coins, explorés dès l’enfance, six voitures le nez enfoncé dans les sous-bois. Au moins, ces chercheurs me disais-je n’étaient-ils pas venus jusque là.  Chez moi…Sans doute n’y étaient-ils pas passés encore, mais d’autres avant eux car les fougères, couchées au sol, témoignaient de l’invasion des barbares. Un petit noir, à peine sorti de terre, me consolait de l’absence et surtout me laissait espérer des lendemains meilleurs. Allais-je en rester là ? Quand la cueillette qui semble, à priori, devoir être évidente n’est pas au rendez vous, il convient  de ne pas baisser les bras. Je décidai donc de m’avancer non loin de là dans un endroit que peu de chercheurs devaient avoir exploré tant il était compliqué d’y pénétrer. Il faut simplement consentir à quelques griffures et à une gymnastique qui parfois peut avoir des allures de parcours du combattant. Bien m’en prît ! De belles têtes s’offraient à moi, une dizaine aussi fermes que fraiches dont le parfum était, en soi, comme un promesse de régal ; j’en pris le plus grand soin selon la leçon initiale reçue voilà une soixantaine d’années. Un panier bien garni suffisait à mon bonheur et à réintégrer, la tête haute, le foyer familial, en attente d’un quitus paternel. Il vint en effet, après qu’ayant croisé mon copain Bruno, sur le chemin du retour, je  lui fis  comprendre que mes trois kilos valaient bien ses huit…

Pcc. J.A

photo Aqui!

Petit rappel à usage des chercheurs néophytes.

En ces temps où les empoisonnements sont fréquents à moins qu’il ne s’agisse de dérangements intestinaux évoquant la gastro-entérite un simple rappel mais essentiel: le cèpe de Bordeaux a de faux frères dont le bolet satan. Il convient ainsi de faire subir au champignon ramassé un petit test ordinaire qui ne vaut surtout pas règle absolue mais sert déjà d’avertissement: une pression du doigt sous le chapeau, s’il entraîne un bleuissement doit vous convaince de renoncer mais d’une manière générale le mieux est de consulter votre pharmacien et de vous méfier absolument d’une simple confrontation avec votre guide des champignons. 

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