Conférence AEC « Le politique et les numériques »: la civilisation numérique a-t-elle droit à une vie privée?


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 15/09/2011 PAR Solène MÉRIC

Sur la question de l’abandon volontaire de notre vie privée, Isabelle Falque-Pierrotinadmet que les choses changent. En effet, « nos données personnelles ne font plus seulement partie de notre vie privée, on les utilise aussi pour avoir une vie publique sur la toile». Un bémol toutefois: les internautes, selon elle, « ne veulent pas abandonner leur vie privée », mais pouvoir la « maîtriser ». Pourtant, derrière cette dimension sociétale, c’est une logique commerciale qui s’applique à nos données personnelles. « La plupart des services gratuits que l’on propose sur internet, ne le sont pas vraiment : on paye en données personnelles. » En échange, le service plus personnalisé, est lui-même financé par la publicité.Par conséquent, la première des priorités pour Isabelle Falque-Pierrotin est « d’obliger les entreprises privées gestionnaires de données personnelles à la transparences des offres. Beaucoup d’internautes ne savent ce qu’il y a derrière le miroir. Beaucoup ne savent pas par exemple que dans le cas de la messagerie Gmail, les mails sont analysés par Google afin de mettre en place une publicité ciblée au client. S’ils le savaient, ils changeraient peut-être de comportement, ou de boîte mail».

« Du traçage à la surveillance généralisée, il n’y a qu’un pas »

Mais le seul principe de transparence ne peut suffire, il faut également « protéger les personnes contre les abus qui peuvent être faits de ces données ». Car les conséquences peuvent être graves, prévient la vice-présidente de la CNIL : « entre le traçage et la surveillance généralisée il n’y a qu’un pas, il ne faudrait pas qu’au nom de la liberté numérique se dessine un univers totalitaire».
Mais alors comment la Cnil peut-elle agir, notamment sur des entreprises parfois géantes, basées à l’étranger ? Sur la question de la localisation, la barrière juridique tombe : « bien que l’entreprise soit basée à l’étranger, si elle souhaite s’adresser à des clients français, elle doit respecter le droit français et européen » insite la vice présidente de la CNIL. Google a récemment fait l’expérience de ce passe-passe juridique et s’est vu infliger une amende de 100 000 euros par la Cnil. Cette question de la localisation tout comme celle de la transparence et de la sanction des abus devrait d’ailleurs figurer dans la nouvelle législation européenne sur le numérique et la protection de la vie privée prévue d’ici deux ans.
Mais au-delà d’un mode de sanction uniquement par « coups de bâton », la Cnil réfléchit à de nouvelles méthodes d’intervention visant à nouer des relations plus partenariales avec les entreprises. L’idée, selon Isabelle Falque-Pierrotin, est de faire valoir « qu’en tant que gestionnaire de données personnelles, elles aussi courent un risque, non seulement financier, mais aussi d’image auprès de leur clients ». Le récent piratage chez Sony de 90 millions de numéros de cartes bleues, en est le parfait exemple. Dans cette future démarche, « la CNIL interviendrait dans les entreprises à travers des formations des salariés, des audits, des programmes techniques. Un ensemble d’outils qui viseraient à la sécurisation de leur système tout en étant une manière de poser concrètement les principes de la loi au sein même des entreprises. »
Bref, la guerre desdonnées personnelles et de la protection de la vie privée n’est pas perdue, mais de nombreuses batailles sont encore à mener…

Photo: Aqui.fr

Solène Méric

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