L’éolien, patience, longueur de temps, embûches et perspectives: témoignages d’Aquitaine et au-delà…


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 04/10/2011 PAR Isabelle Camus

La production d’énergie par l’éolien fait partie des objectifs du Grenelle II comme l’un des grands axes de développement des EnR en France. En 2020,  la part du mix énergétique du pays devrait représenter 23%,  ce qui implique de multiplier par quatre sa capacité de production durant la décennie. Or pour Frédéric Lanoe,  Directeur Genéral d’ EDP Renewables (Énergie du Portugal) en France, un opérateur qui compte déjà 284 MW éoliens construits dans l’hexagone (soit plus de la consommation d’électricité de Bordeaux), la situation de l’éolien au pays le plus nucléarisé du monde est parsemée de lenteurs et d’embûches.

Frédéric Lanoe, DG de la filiale française du groupe EDP/R

Des volumes indignes
Si au niveau mondial c’est l’énergie la plus rentable, « la France reste sur des volumes indignes » : « chez nous, les installations éoliennes produisent 2% du mix énergétique. On est loin des  10% des objectifs du Grenelle. Malgré une croissance de 20%, chaque année, le milieu est inquiet.Alors que nous avons été l’un des premiers marchés en Europe, sachant que nous sommes partis très en retard par rapport à des pays commel’Allemagne ou l’Espagne, aujourd’hui cette croissance est finie. On a ainsi décéléré de  10% sur les MW construits en 2011 ».  Une situation pour le moins paradoxale quand on sait que l’éolien terrestre est, de très loin, la moins chère des énergies renouvelables, juste derrière l’hydraulique. L’abandon de mesures phares par le gouvernement et la lenteur des procédures administratives contribuant également à aggraver un retard qui se creuse par rapport à d’autres pays plus volontaristes.

Freins et préconisations
« Nous connaissons le contexte le plus contraignant du monde et le plus drastique en matière de réglementation. Le temps d’instruction des dossiers est de un an et demi en France contre six mois en Belgique. Quand, techniquement, un  projet de parc éolien devrait prendre quatre ans,  en France il faut en compter huit. Or il nous reste 13 000 MW terrestres à construire en neuf ans, soit environ  1 500 MW par an et les freins ne cessent de bloquer la progression des dossiers d’aujourd’hui et donc des chantiers de demain ». Parler et réformer les mentalités serait également de mise, les anti-éoliens pesant de tous leur poids sur l’implantation d’éoliennes sur le territoire français en brandissant  le spectre de la destruction du paysage, du bruit ou de la destruction de la faune. Assouplir l’obligation d’implantation de cinq éoliennes minimum par parc, rétablir l’amortissement dérogatoire des parcs, modérer le classement ICPE  qui met une éolienne au niveau d’une usine AZF complèterait la liste des mesures nécessaires aux yeux de Frédéric Lanoe pour rendre réaliste l’objectif de 19 GW fixé pour 2020, d’ores et déjà compromis. Son rêve à lui restant d’apporter une réponse énergétique 100% saine au coût de revient bas que peuvent favoriser  les énergies renouvelables, source d’emplois. « Un élément important en situation de crise, surtout quand on connait l’impact de la facture énergétique sur la dette nationale »…

L’Aquitaine, une région où tout reste à faire
La situation de l’éolien en Aquitaine est claire. Comme l’expliqClaudioRumolino, energéticienChargé de mission éolien participatif ue Claudio Rumolino,  en charge du développement de l’éolien participatif et des certificats verts chez le pionnier  des énergies renouvelables, Valorem : « Avec l’Alsace, nous sommes la dernière région française sans éolienne ». Or malgré un réel gisement de vent, (même si d’autres régions en sont mieux pourvues) les rares projets de parcs d’éoliennes à l’étude ont du mal à se concrétiser, en raison notamment de problèmes fonciers ou de réglementations sur la protection des côtes de la loi littorale qui interdit l’urbanisation discontinue.  Pour autant, tout n’est pas figé.  » Valorem se positionne sur deux gros appels à projets. Un au Verdon, où nous envisageons la production sur place  de mâts de grandes hauteurs en béton, avec un bilan carbone meilleur que l’acier et mieux adaptés à des régions faiblement ventées comme l’Aquitaine. Un autre à Naujac-sur-Mer, même si ce n’est pas gagné, en raison des associations d’opposants qui font barrage ». La France n’est pas l’Autriche, l’Italie, les Pays Bas  qui développent une grosse activité industrielle autour de l’éolien, encore moins le Danemark, pionnier du offshore, où les citoyens danois eux-mêmes investissent et participent aux projets de parcs.

L’élaboration d’un livret d’épargne éolien
Un exemple que Claudio Rumolino a pour mission d’initier en France.  » Les Danois ont une très forte tradition coopérative et sont propriétaires de leurs moyens de production. Leur loi impose que 20 % du capital minimum soit proposé aux habitants, dès lors détenteurs de parts qui financent et font avancer les projets éoliens tout en étant rémunérés sur les dividendes, plus intéressants qu’un livret A ». Pour l’heure, celui qui travaille au développement de l’éolien participatif a imaginé un produit d’épargne de proximité éolien et attend l’aboutissement de ses discussions avec les banques.  » Il faut compter deux ans, si tout va bien, pour financer les énergies renouvelables de demain ». Une vision qui rejoint celle de Frédéric Lanoe, puisque Claudio Rumolino fait également partie de l’association Virage Energie Aquitaine, qui a officiellement vu le jour en septembre dernier,  dont l’objectif est de faire des propositions qui rendraient l’Aquitaine autonome en énergie et à qui on ne peut que souhaiter…  bon vent.

Photos : EDPR et IC

Isabelle Camus

 

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