Alain Juppé : « La France doit absolument être présente en Chine »


Aqui.fr
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 14/09/2010 PAR Nicolas César

Aqui! : Quel bilan tirez-vous de votre voyage en Chine ?

Alain Juppé : C’est un bilan très positif, j’ai vu le ministre de l’environnement et également  les principaux responsables de Pékin, Wuhan et Shangaï. Ce qu,i je crois, traduit bien la qualité des relations entre la France et la Chine. Il y a eu des moments de tension, mais aujourd’hui, la page est tournée depuis le voyage du président de la République en avril dernier, en attendant celui du président chinois en France au mois de novembre prochain. C’est unvoyage très positif qui nous a permis de parler de Bordeaux, d’expliquer ses atouts dans un domaine qui va un peu de soit, celui du vin. Le potentiel est extraordinaire. Les Chinois se sont mis à aimer et à boire le vin. Leurs importations explosent. Le vin de Bordeaux a une excellente réputation. Un chef d’entreprise me faisait remarquer qu’il y a beaucoup de chinois qui veulent aller à Bordeaux et qu’il n’y a pas de vols pour faciliter ces voyages. On a vraiment une carte maîtresse à jouer. Mais, il y en a d’autres.C’est intéressant, aussi, de voir l’importance de la communauté française en Chine, notamment à Wuhan et Shangaï. Beaucoup de jeunes français viennent ici, soit dans le cadre d’un contrat avec de grosses entreprises, mais aussi à la tête de PME ou parce qu’ils ont créé ici leur propre affaire. Tout ceci marque un dynamisme français qui fait chaud au coeur.

@! : la Chine ne cesse de grandir, de se développer, quel rôle va-t-elle jouer dans les années à venir ?

A.J : La Chine est déjà la deuxième puissance mondiale, sans doute la première commerciale, mais aussi de plus en plus une puissance politique qui joue un rôle non seulement dans sa région, mais qui joue aussi un rôle sur d’autres continents par ces investissements et ces migrants. Je pense notamment à l’Afrique. La Chine est un partenaire absolument incontournable et il est très important que la France y soit très présente. Nous avons des points forts traditionnels, notamment dans le domaine de l’aéronautique, du nucléaire, des trains à grande vitesse qui commencent peut-être à être fragilisés. Vous avez vu, notamment sur le TGV, la Chine apprend vite. Nous devons développer continuer à développer des technologies avancées. Il faut rester présent dans ces secteurs. Je pense à tout ce qui concerne l’énergie verte, le développement durable, la Chine a encore besoin de notre technologie, de notre ingéniérie.

Au cours de votre voyage, vous avez déclaré à plusieurs reprises qu’en France les projets mettaient beaucoup plus de temps à aboutir, avez-vous le sentiment que la France est en déclin ?

A.J : On ne peut pas vraiment faire de comparaisons. La Chine part de très bas. C’est plus facile de faire 10% de croissance que quand on est un pays riche et développé comme la France. Si l’on peut retrouver une croissance durable de 3%, c’est déjà extraordinaire alors que la Chine a besoin d’une croissance à deux chiffres si elle veut lutter contre le sous-développement d’une partie de la population. Les responsables chinois que j’ai pu rencontrer ici à Shangaï me font bien remarquer que lorsque l’on regarde le PIB par habitant, la Chine reste un pays en développement. En revanche, ce qui est le plus frappant, c’est cette espèce de fierté chinoise. La Chine a été jusqu’au 15ème, 17ème siècle une puissance dominante. Dans la semaine, nous avons visité une exposition de bronzes qui dataient du 16ème siècle avant J-C. La Chine a perdu cela au 18ème siècle et une partie du 20ème. Elle a été humiliée par les populations occidentales et mises sous tutelle après la guerre de l’opium. Aujourd’hui, elle a retrouvé cette puissance, ce qui génère une immense fierté. Peut-être devons nous aussi retrouver cette fierté en France, en Europe. Car nous sommes menacés d’un déclin relatif. De toute façon, le déclin aura lieu. Nous ne sommes plus le centre du monde et nous ne le redeviendrons plus. Déjà, c’est extraordinaire qu’avec 50 ou 60 millions d’habitants, la France soit restée la 5ème ou 6 puissance mondiale. Il faut que nous intégrions bien cette nouvelle hiérarchie sur la planète, mais ça ne nous empêche pas de continuer à jouer notre rôle, d’être performant dans des domaines de pointe, de faire de l’innovation. Il faut que nous retrouvions cette confiance en nous-mêmes sans laquelle il n’y a pas de croissance.

Interview : Nicolas César


Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle !
À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles