Quand la filière viticole s’engage pour la planète

Le chantre des vins de garage du début des années 90 avec son château Valandraud, devenu depuis un nom de référence à Saint-Emilion et sur l’ensemble de la place de Bordeaux prend donc une fois de plus une longueur d’avance. Il y a quelques jours en effet s’est tenu au palais des congrès de Bordeaux le 3ème forum de la démarche environnementale de la filière des vins de Bordeaux, à l’initiative du CIVB. Thème de ce rendez-vous : le système de management environnemental des vins de Bordeaux. Avec la présentation du plan Bordeaux Ambition 2015. Autrement dit, une démarche de grande envergure pour la mise en place de la norme ISO 14001 dans les exploitations viticoles girondines.

La filière concernée dans son ensemble

« S’engager dans cette voie est indispensable pour l’image des vins de Bordeaux. Il nous faut être les pionniers, les premiers dans ce domaine », lançait Alain Vironneau en ouverture de ce colloque animé par le journaliste de France Inter Denis Cheissoux, animateur de l’émission diffusée le samedi après-midi CO2 mon amour.
L’idée exposée ce matin là est de permettre à l’ensemble des acteurs de la filière, (propriétés, négoce, coopératives) d’obtenir la certification de la norme internationale Iso 14001, dont l’objet est de limiter toujours plus l’impact de l’activité sur l’environnement. Et cela avec un investissement limité au maximum. L’originalité du projet est en effet de proposer aux entreprises de se regrouper, jusqu’à une vingtaine, pour entrer collectivement dans la démarche et ainsi réduire les coûts.
Murielle Barthe, responsable du service technique du CIVB s’est attachée à détailler les actions entreprises en la matière par le CIVB depuis le début des années 90. Avec le rappel des initiatives, recherches, nouvelles techniques lancées depuis cette époque : évolution des modes de traitements des maladies de la vigne, évolution des pratiques culturales (enherbement), mise à disposition d’outils techniques …jusqu’au Plan carbone. Etapes qui semblent conduire tout naturellement à la démarche présentée.

Démarche de groupe

Le cabinet Péri’G spécialiste des mises en œuvres des SME (système de management environnemental), représenté à ce colloque par Vincent Serraz et Sophie Delemazure, a fait une présentation pratique de ce projet qui revient à la mise en place d’un système de management environnemental en démarche de groupe.
En effet, l’engagement dans un système de management environnemental présente plusieurs obstacles pour une petite ou moyenne entreprise, comme la majorité des exploitations viticoles girondines (temps, complexité, coût, suivi réglementaire, formalisation des documents). Pour aplanir ces obstacles, Péri’G met en place un dispositif combinant démarche de groupe, progression par paliers, outils et méthodes collaboratifs.
Concrètement, cela devrait se traduire par le regroupement d’exploitations viticoles (par vingtaine) intéressées par la mise en place de la norme ISO 14001 ; chaque exploitation partage un même dispositif d’accompagnement. L’association est certifiée (comme une entreprise multisites).
Plusieurs exemples de précurseurs ont été mis en avant au cours de ce colloque, tel le château Larose Trintaudon, certifié ISO 14001 depuis 2003, et le château Dillon, propriété du lycée agro-viticole de Blanquefort, également certifié. Quelques autres viticulteurs en Gironde et ailleurs, tels les vignobles Jean-Louis Despagne notamment, se sont également engagés dans cette démarche depuis plusieurs années. Mais c’est la première fois qu’une incitation de grande envergure est ainsi lancée à l’échelle de toute une filière, en s’appuyant sur la certitude que cela correspond à une demande de plus en plus prégnante de la part des consommateurs soucieux de trouver des produits fabriqués avec le souci de préserver l’environnement.
Mais les intervenants se sont aussi attachés à souligner que s’il engendrait des contraintes, l’engagement dans une démarche ISO 14001 était aussi une source d’économies substantielles, notamment en matière de consommation d’eau. Et que tenir compte de l’environnement n’est pas un choix, mais une obligation pour la pérennité de la viticulture en terme agronomique … et en terme économique.

Photo: One day in my garden