Quelle communication publique à l’heure d’Internet ?


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 15/05/2009 PAR Solène MÉRIC

L’après-midi de réflexion s’est organisée autour de plusieurs tables rondes simultanées, suivies d’un grand débat entre trois personnalités expertes de la société de l’information et de la communication publique : Marcel Desvergne, Président d’Aquitaine Europe Communication, Yann Chapellon, directeur du développement du groupe Sud Ouest, ancien DG du Monde interactif et Pierre de La Coste, consultant, auteur du rapport « L’hyper-République », co-fondateur de Faascape.org.

L’internaute: citoyen ou riverain?
La communication publique par le biais d’internet recèle un très grand nombre de questions complexes, mis à jours au fil des nombreuses interventions de l’après-midi. Tout d’abord, à qui s’adresse-t-on ? Au citoyen ? Au riverain ? A l’usager ? Chacun de ses termes ne renvoie pas à la même notion. Selon Pierre Lefebure, Maître de Conférences en science politique, la notion de citoyen a un caractère plus abstrait que celle de riverain, qui vise une personne réellement ancrée dans un territoire. Or, toujours selon M. Lefebure, « la communication publique dématérialisée à longtemps cru s’adresser au citoyen, en tant qu’individu faisant abstraction des contraintes locales, donc capable à plus d’ouverture d’esprit ». Mais « la dématérialisation ne résiste pas à l’analyse », car lors de concertations ou d’enquêtes publiques sur des projets urbains, via le net, c’est bien toujours « une personne ancrée dans son territoire » qui va y participer mettant en avant les éventuelles nuisances qui pourraient le concerner dans son quotidien.

« Ce n’est pas simple »
Ensuite comment s’adresser « au citoyen » ? Pour la communication publique, un projet de dématérialisation, selon son envergure, n’est pas chose aisée. L’exemple fourni par Sophie Landrodie , chef de projet informatique à la ville de Pessac, en est la preuve. En effet, cette ville de l’agglomération bordelaise a pour projet la réalisation d’un « Portail citoyen » sur Internet. L’objectif étant de mettre en place un « compte citoyen » permettant d’une part, l’accès à l’information, d’autre part des échanges facilités entre le citoyen et la commune, ainsi que la mise en place d’un forum. Sophie Landrodie confirme que « ce n’est pas simple » ; ni sur le plan technique, ne serait-ce que sur la question de la sécurité des données fournies par les internautes, ni sur le plan de la réalisation même du projet, qui en raison de sa transversalité, nécessite la mise en place d’une politique globale cohérente.

Prétendre à l’exhaustivité ?
Vient également le problème de l’exhaustivité ; comment s’assurer l’accès de tous à l’information ? Cette question, qui était une critique récurrente il y a une dizaine d’années se régularise peu à peu. En effet, si la critique de la fracture numérique pouvait être vraie dans les premiers temps, désormais l’accès à internet s’est beaucoup démocratisé. De plus, selon une étude de l’AEC, présentée par Laurent-Pierre Gilliard, sur les 33% de non internautes aquitains, que ce soit par choix ou en raison de difficultés économiques, 42% d’entre eux y accèdent par l’intermédiaire de proches qui eux sont connectés. On s’aperçoit par ailleurs, et c’est une tendance forte qui va se confirmer, que de plus en plus de personnes, qui n’ont pas internet à domicile sont tout de même « connectées » grâce à leur téléphone mobile.

« Le pouvoir » du site citoyen
Cela dit, la dématérialisation de la communication publique d’une collectivité ou d’une administration, peut également être le fait des internautes eux-mêmes. Si cela semble étonnant au premier abord, une collectivité locale, n’est pas maître de l’ensemble de sa communication virtuelle. En effet, les internautes, habitants ou même touristes, peuvent être auteurs, par le biais de blogs ou de réseaux communautaires, de contenus en ligne sur une ville. Qu’ils y racontent leur vacances, exposent des photos ou critiquent l’architecture d’un bâtiment municipal ou du bruit du camion du ramassage des ordures à 6 heure le matin, ils donnent à chaque fois une image positive ou négative de la ville, ce qui a un impact sur sa communication.
De manière moins « accidentelle », et beaucoup plus réfléchie, Bernard Boutin, par le biais de son site citoyen « Alternatives paloises », représente en quelque sorte le citoyen dématérialisé qui agit sur la collectivité. En effet, se présentant, au départ du projet, comme un site d’opposition au Maire en place, le site désormais débarrassé de ses appuis politiques, se qualifie comme un « lieu de débat citoyen » sur la pratique municipale. En outre de la publication d’articles concernant l’actualité de la municipalité de Pau, le site abrite un forum de discussion très actif, sur les pratiques ou les choix de l’équipe municipale. L’action du site est palpable. M. Boutin l’affirme: « On a un vrai pouvoir. La Mairie est désormais obligée de faire avec nous ». Lors des dernières élections municipales, le site a proposé à chaque candidat de mettre en place un « Pacte pour les nouvelles pratiques municipales ». Cette proposition qui tendait à garantir une plus grande transparence sur l’activité municipale, a été accepté par les candidats. Une fois élue, et, conformément aux engagements pris lors de la campagne, à l’initiative du site « Alternatives paloises », Mme Martine Lignières-Cassou, Maire de Pau a mis en place un Adjoint en charge des nouvelles pratiques municipales.

Et demain?
Quel avenir pour la communication publique virtuelle ? Pierre de la Coste et Marcel Desvergne l’affirment « l’avenir d’internet, c’est le téléphone mobile, y compris pour la communication publique ». Pour preuve, l’imminence, selon Pierre de la Coste, de la réalisation du projet Proxima. « Ce projet, initié par le Ministère de la Recherche, tient en la réalisation d’une plateforme qui va labelliser un certain nombre d’initiatives et intérêts publics pour la téléphonie mobile. Ce sera par exemple le cas pour déclarer nos impôts ou géo-localiser les services publics ; tous les niveaux d’administrations et de collectivités sont concernés. » Décidément, on n’arrête pas le progrès!

Solène Méric

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