Vu de mon canapé : Maudit soit le rugby spectacle !


Charles Fred
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 23/10/2011 PAR Olivier Darrioumerle

La France s’incline d’un point contre les All blacks… Mais aviez vous osé imaginer que l’inverse puisse se produire ? Une équipe de France si controversée, traînée dans la boue, humiliée par les îles Tonga, qualifiée à l’arrache, vaincre les superbes Néo-zélandais sur leur terrain d’Eden park ! Vous avez rêvé. Soyons sérieux : le monde entier avait intégré la suprématie des All Blacks, à grand renfort de spots publicitaires, avant même qu’ils entonnent leur nouveau haka, « encore plus terrible et terrifiant » comme le souligne un confrère éclairé. Et vous, de votre canapé, vous vouliez donner tort à la planète ovale ? Pourtant, il est vrai qu’il était difficile d’ignorer la piètre qualité du jeu des All blacks que l’on annonçait comme des guerriers invincibles sur leur terre maori. On les a vu trembler, on les a vu douter, on a même cru qu’ils allaient perdre ! Mais l’Histoire en marche a écrasé les Bleus qui n’avaient pas l’allure des champions. On retiendra qu’ils n’ont pas triché, n’en déplaise à l’arbitre, Craig Joubert, mais qu’ils n’ont pas brillé durant cette coupe du monde, n’en déplaise à Christian Jeanpierre. Ils étaient meilleurs, quelques bons mouvements, mais pas assez forts, quelques kilos en trop, et ils ont perdu : 8-7. L’Histoire se devait de donner une coupe du monde aux Néo-zélandais. Eux qui la voulaient plus que nous.

« Le spectateur veut de la violence, de l’exotique, du refoulé »: Xavier Lacarce, Vers l’hyperrugby.
Il est d’usage, pour se réconcilier avec l’existence, de dire que le meilleur gagne. Ce dicton stérile se confirme souvent au rugby, à la différence près que, aujourd’hui, comme en boxe : ce n’est pas le meilleur, mais le plus fort qui gagne. La différence est importante. Elle emporte tout. Elle emporte toutes les différences. Rien ne sert d’être le meilleur, il faut être le plus fort ! C’est la morale de cette coupe du monde où le niveau de jeu à atteint les sommets indépassables du rugby stéréotypé, la platitude extrême.« Le rugby est mis aux goûts du jour pour satisfaire l’Homo festivus. Le travailleur assujetti aux images, coupé entre l’hystérie exagérée et la mollesse affective, participe gaiement à la destruction de l’ancien monde » , explique Xavier Lacarce, s’appuyant sur les situationnistes pour analyser l’hyperrugby. Aucun type de jeu, le meilleur soit il, en terme de qualité technique, collective, tactique ou même en termede spectacle, ne peut être sûr de gagner. Tout ce vaut, rien n’est bon et rien n’est mauvais. « C’est la vie ! », comme disait Marc Lièvremont, le coach des bleus, à la fin du match. Alors la vie est injuste ! Trêve de sophisme, la victoire est logique. Le peuple néo-zélandais s’est endetté pour briller aux yeux du monde, le premier ministre risquait de sauter en cas de défaite, la messe était dite avant même le premier haka. Du sophisme au cynisme, j’ai écumé les écueils de la pensée ! Maintenant que j’ai ratissé le terrain avec toutes les dérives de l’analyse, vous pouvez commencer à penser clairement la dérive du rugby moderne !

photo : tous droits réservés / Charles Fred

Olivier Darrioumerle

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