Raymond: une île sur la Garonne ou comment concilier économie et écologie


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 17/09/2010 PAR Jean-Baptiste Rey

Différentes études menées par la collectivité avaient, d’ores-et-déjà, mis en évidence le potentiel écologique et touristique de ce lieu. De l’île en elle-même, mais aussi de la « petite rivière », le bras mort de la Garonne entre l’île et le « continent », qui, une fois remise en eau, pourrait être un lieu de promenade et source de biodiversité. Puis courant 2009, le propriétaire de la moitié de l’île Raymond contacte la Safer Aquitaine Atlantique pour vendre ses 45 ha de terres. Une opportunité, la Communauté de communes se porte candidate. C’est le début d’une année de médiation et de négociation entre riverains, agriculteurs concurrents et pouvoirs publics. La Safer en arbitre.

Concilier écologie et économie
Pour la Communauté de communes, le principal objectif est la protection de l’environnement, en partenariat avec les associations locales et avec les co-financeurs que sont l’Agence de l’Eau et le Conseil Général de la Gironde. Mais le projet est aussi économique. Car il s’agit de maintenir sur l’île une activité agricole, respectueuse du principal objectif prédemment cité – la culture du maïs est alors exclue. Ouverte au public, l’île deviendrait également un lieu de promenade, à pied ou en bateau, un plus pour l’activité touristique du secteur. « La Communauté de communes du Vallon de l’Artolie a la volonté d’être exemplaire, confie Colette Scott, et de montrer que l’ont peut concilier protection de l’environnement et activités économiques ».
En mars 2010, le comité technique de la Safer, réunissant la profession agricole, les collectivités et l’Etat, s’est exprimé par un vote en faveur de la Communauté de communes. Cette dernière s’engage alors à mettre les terres en location à une jeune agricultrice, Sarah Dumigron, récemment installée en élevage ovin. L’opération ainsi finalisée par la Safer permet à la fois de conforter une installation, de maintenir une activité agricole sur l’île et enfin de respecter les critères environnementaux des co-financeurs. L’acte est signé le 19 mai 2010.

Des brebis à la place du maïs
Installée en 2004, Sarah Dumigron a perdu beaucoup de surfaces entre 2008 et 2009, ce qui a mis en péril son exploitation. Depuis, elle doit déplacer son troupeau de 310 brebis d’une prairie ou d’une jachère à l’autre grâce à des prêts ponctuels et donc précaires. Face à la difficulté d’accès aux terres, même en fermage, dans ce secteur finalement proche de l’agglomération bordelaise, la location des terres de l’île Raymond est une aubaine. Surtout pour un élévage extensif de ce type. Car Sarah Dumigron éleve des brebis d’une race particulière, les « scottish blackface », comme le nom l’identique, des écossaises à tête noire. Une race très rustique qui a besoin d’espace. « Ces terres vont tout d’abord permettre de pérenniser mon troupeau, précise-t-elle, puis dans l’avenir, j’espère augmenter mon cheptel si possible ». Depuis avril dernier, la jeune agricultrice a amorcé sa conversion en bio.
Une partie de l’île sera donc remise en prairie, conformément au projet de « renaturation » de la Communauté de communes.

Refaire vivre le rapport au fleuve
« Le projet d’acquisition de l’île Raymond est en fait intégré au plan d’action de l’Agenda 21 de la Communauté de communes du Vallon de l’Artolie », rappelle Lucie Henriot, chargée de mission Agenda 21. Un des axes principaux de ce plan d’action initié en 2005 est la réappropriation des rives du fleuve et des activités fluiviales par les habitants. En un mot, ressusciter la vie autour de la Garonne. Parmi les différentes actions, une fierté, le projet de chantier-école mené par l’association « les chantiers Tramasset ». Ces chantiers de construction traditionnelle de bâteaux en bois deviendront un lieu de formation, en partenariat avec le Conseil Régional et Domofrance. « Nous avons aussi l’intention de réhabiliter les quais de Rions à Langoiran, toujours dans cet esprit de refaire vivre le rapport au fleuve, explique Colette Scott. Il s’agit d’un projet d’intérêt économique par le biais du tourisme, mais aussi d’un projet identitaire, afin de léguer aux générations à venir une partie de cette vie passée avec le fleuve ».


COLETTE SCOTT Présidente de la Communauté de communes du Vallon de l’Artolie
COLETTE SCOTT Présidente de la Communauté de communes du Vallon de l'Artolie« Dans cette histoire, la Safer a joué un rôle d’arbitre très important. Les projets des différents candidats à l’acquisition de l’île Raymond ont été objectivement présentés. Et la Safer s’est prononcée en faveur de la Communauté de communes, à condition que l’on mette les terres en location à Sarah Dumigron, une jeune agricultrice en élevage ovin bio. Un rôle d’arbitre, mais aussi de médiateur, comme on a pu le constater tout au long de cette année de négociations.
Par ailleurs l’implication du conseiller foncier du secteur, M. Lachat, a été très appréciable, que ce soit pour ses conseils techniques et administratifs, que pour le suivi du dossier et sa disponibilité. Depuis la signature de l’acte, un comité de pilotage a été crée, réunissant les associations, les riverains, le conseil de développement, les co-financeurs et le Conservatoire du Littoral. Ce comité de pilotage aura pour mission de mettre en place un plan de gestion qui devra articuler les aspects environnementaux, économiques, mais aussi touristiques. Décider par exemple des sentiers de promenade, des horaires d’ouverture au public, etc. »

Magali Fronzes
Safer Aquitaine-Atlantique

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