L’un et l’autre des deux élus départementaux et régionaux sont connus pour leur sens des responsabilités et leur souci d’un développement maîtrisé. Pourtant leurs avis divergent sur l’opportunité de créer une ligne nouvelle LGV entre Bayonne et l’Espagne. Témoignages
Jean-Jacques Lasserre : impensable de mettre le pays basque à feu et à sang
Je considère que l’arrivée à Bordeaux de la LGV est indispensable, que la desserte de la gare de Bayonne est également indispensable pour le trafic voyageurs ;c’est la priorité des priorités etc’est fondamental pour l’économie du pays basque. Le choix de la gare de Bayonne positionnée sur l’ancienne ligne a été défendu par tous les élus. C’est un bon choix. Mais je suis réservé plus que réservé quant à la création d’une ligne nouvelle entre Bayonne et l’Espagne.
L’Etat, le conseil régional Réseau Ferré de France nenous écoutent pas suffisamment; sous prétexte de grandes avancées on n’écoute pas assez les locaux.
Il est impensable de mettre le pays basque à feu et à sang à partir d’une obligation, celle d’apporter une solution au fret, au trafic de marchandises, solution qui a été insuffisamment réfléchie et débattue.
On a prolongé les courbes de trafic sans savoir ce que sera l’évolution de l’économie et de l’organisation de la société. Je le répète : on se laisse imposer l’obligation du fret ferroviaire comme si le choix du pays basque était la seule solution géographique. Je suis allé à Saragosse, l’Espagne y fait des investissements colossaux et aménage une plateforme logistique de 1500 hectaressur 4000 réservés à cet effet; on ne peut pas ne pas en tenir compte. Comme pour le vaccin sur la grippe A on est parti d’une affirmation non vérifiée au départ par obligation à un projet erroné. Et Jean-Jacques Lasserre, le basco-béarnais de rappeler que la question de la desserte du Béarn reste ouverte et doit être traitée.
François Maïtia : soyons fixés le plus tôt possible
Il faut gagner le pari du report modal et du ferroviaire. D’abord et forcément sur les lignes existantes.Si ce pari n’était pas gagné on vivrait très mal sur la Côte basque. On ne voit pas ce qui pourrait interrompre autrement cette course folle aux camions.
Cependant le pari du report modal vers le ferroviaire laisse sceptique le plus grand nombre. Cela fait des années que le trafic fret stagne autour de 2 millions de tonnes en même temps que le nombre de poids lourds au passage de Biriatou augmente de 6% par an. L’industrie n’a jamais été pensée pour le transport ferroviaire. Et on ne peut pas vraiment dire que le Syndicat mixte du Centre européen de fret de Mouguerre met beaucoup de bonne volonté pour accélérer la mise en place d’autoroutes ferroviaires. Un peu comme s’il était gagné par le scepticisme ambiant ou le souhait d’un pari perdu.
L’intégration environnementale de lignes nouvelles est une question clé.Je note, qu’au départ, dans la première proposition de RFF on parlait de 3O% de ligne enterrée et que, maintenant, on avance le chiffre de 60%. Personne au Pays Basque ne laisserait saccager le paysage. Qu’il soit de droite, de gauche, du milieu ou d’ailleurs. Le fait que la traversée du Pays-Basque soit considérée comme le maillon transfrontalier qui doit être financé exclusivement par l’Etat et l’Europe nous rend particulièrement exigeants sur ce point.
La question sociale est tout aussi essentielle. Il faut s’occuper des aspects humains,voir comment ailleurs les problèmes sont traités et résolus.Aucun tracé ne serait acceptable s’il devait créer des laissés pour compte…
1. le choix du tracé par Urrugne, par l’ouest, plutôt que par Ascain, à l’est semble tenir la corde et serait confirmé ce 11 janvier.