Trois questions à Monique de Marco, Europe Ecologie Aquitaine


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 10/03/2010 PAR Joël AUBERT

@qui! – Dans le diversité des suggestions et propositions qui sont les vôtres on ne discerne pas toujours ce que sont les deux ou trois priorités de votre programme… Quelles sont-elles ?
Monique de Marco –  Europe Ecologie développe un projet audacieux, un projet d’avenir, seul capable de faire face aux urgences économique, sociale et environnementale.
La première priorité que nous nous fixons relève du changement de modèle de développement. Il s’agit de la transformation écologique de l’économie aquitaine. Cette priorité se décline en plusieurs mesures que nous nous attacherons à prendre au vite : Nous mettrons en place un plan de création de 50000 emplois en quatre ans, non délocalisables, en contrats de conversion écologique. Nous favoriserons l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), en la faisant passer de 2% à 10% du budget économie-emploi. Nous conditionnerons l’attribution des subventions aux entreprises au respect de critères sociaux et environnementaux. Nous soutiendrons l’agriculture biologique et durable, qui en plus d’avoir un impact positif sur la santé des consommateurs et le développement local du territoire, créé plus d’emplois que l’agriculture productiviste actuelle. Enfin nous investirons dans la formation professionnelle pour que celle-ci anticipe réellement les emplois de demain (agriculture bio, écoconstruction, efficacité énergétique et énergies renouvelables, protection de la biodiversité etc)
La seconde priorité concerne les déplacements : il s’agit de réaliser un maillage des transports de voyageurs sur toute l’Aquitaine. Des transports facilités, plus accessibles, plus équitables, donc moins chers et moins polluants. Deux exemples : la réouverture de lignes de TER et la réorganisation sociale des tarifs. Il faut permettre aux Aquitains de se déplacer au quotidien avec des moyens de transports propres, et réduire leur temps de transports.
Notre troisième priorité se situe au niveau de la préservation de la biodiversité. 2010 étant l’année internationale de la biodiversité, nous mettrons en œuvre un plan régional en faveur de la biodiversité pour favoriser le recensement, la restauration de la biodiversité et des trames vertes. Pour ce faire, nous voulons créer une agence de la biodiversité dotée de véritables moyens d’actions, humains, matériels et financiers.


@! – On ne comprend pas toujours pourquoi vous avez adopté un ligne aussi intransigeante à propos de la LGV alors que dans la majorité d’Alain Rousset vous n’aviez pas jusque là manifesté pareille opposition à cette infrastructure ? Qu’est-ce qui vous a fait évoluer à ce point ?

M. de.M – Je tiens à rappeler que j’ai toujours été contre les projets de LGV tels qu’ils sont proposés. Je me suis exprimée à trois reprises contre ce projet lors de trois votes au Conseil Régional. Je n’ai jamais changé d’avis. J’ai été jusqu’à m’abstenir de voter le SRIT (schéma régional des infrastructures et des transports) parce qu’il incluait la LGV.
Plus le projet se précise, plus on a de chiffres et plus le projet actuel est insupportable. Le coût total de cette infrastructure atteint la somme astronomique de 20 milliards d’euros. La participation financière de la région était estimée à 640 millions en 2006, elle atteint plus de 800 millions aujourd’hui. D’ici sa réalisation, ce montant pourrait atteindre un milliard d’euros, ce qui correspond au budget annuel de la région.
Tout cela pour un projet destructeur, ruineux et inutile car c’est bien ce qu’est le projet de LGV : un marché de dupes. Certes, sur le court terme, sa construction apportera quelques maigres points de croissance mais au prix de la biodiversité et de la destruction du plus grand corridor écologique de notre territoire.
Mais sur le long terme, la LGV est la certitude du dépérissement de notre région. En effet, elle va renforcer la force d’attraction des grandes villes européennes (Paris, Bordeaux, Madrid…) donc accélérer l’exode rural (je rappelle qu’une commune sur deux dans notre région a une densité inférieure à 30 habitants/km2) et anémier le tissu économique, constitué en très grande part par des TPE et PME.
Qu’on se rappelle le TGV entre Paris et Lyon : ces deux grandes métropoles en ont profité mais pas du tout la Bourgogne. Bref, nous allons payer pour voir passer les trains ! Ces 800 millions doivent être utilisés afin de restaurer et moderniser le réseau existant. Qu’on prenne la peine de comparer la carte du réseau ferré Aquitain en 1921 et celle d’aujourd’hui : d’un côté, un réseau dense et un maillage très fin permettant une bonne irrigation de l’Aquitaine ; de l’autre, un « no man’s land » ferroviaire, avec quelques grandes lignes qui profitent seulement aux grandes villes. D’autre part, on ne peut pas courir deux lièvres à la fois. En effet, on ne pourra à la fois consacrer des sommes faramineuses aux projets de LGV et en même temps, vouloir investir massivement sur la modernisation et la rénovation de la totalité des voies existantes et notamment du réseau ferroviaire secondaire où circulent les TER. Il faut dire la vérité aux Aquitains et ne pas les bercer de douces illusions. L’État se désengage financièrement de la quasi totalité des projets qui relèvent pourtant de ses compétences, comme les LGV par exemple, en demandant toujours plus aux collectivités. Comment croire dès lors un seul instant, que la région Aquitaine pourra assumer dans la décennie à venir, les sommes à la hauteur des enjeux que nécessitent la rénovation complète du réseau existant, si elle s’endette lourdement pour les LGV.

@! – Si demain vous faisiez partie d’une majorité de gauche du Conseil régional que revendiqueriez-vous ?
M. de M. – La présidence de la région.

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