Universités bordelaises : le malaise est profond


4000 selon la police : autant d'étudiants pour défendre leurs profs, cela s'est rarement vu ! Le décret Pécresse sur la modulation entre enseignement et recherche pour les maîtres de conférence et professeurs des universités inquiète toute la commun

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 05/02/2009 PAR Vincent Goulet

Grève des cours, « changement de programme » et explication de la réforme devant les étudiants, rétention des notes du premier semestre (qui ne sont pas transmises àl’administration), les maitres de conférence et professeurs bordelais sont déterminés à demander le retrait du « décret Pécresse » qui permet la modulation de leurs heures entre enseignant et recherche par les présidents d’université. Une mesure qui risque de donner libre cours àl’arbitraire de ces derniers, par ailleurs invités par la loi LRU àgérer leur université comme une entreprise. Pour les enseignants-chercheurs, il s’agit de défendre leurs conditions de travail et de carrière mais aussi, plus largement, une recherche qui devient de moins en moins autonome : après le CNRS, qui se transforme en « agence de moyen » distribuant des contrats de recherche soumis àla demande politique, ce serait aux chercheurs des universités de perdre une partie de leur indépendance.

De nouvelles formes de mobilisation
Sur ces bases de mobilisation qui relèvent autant de la défense d’un statut particulier que de l’intérêt général, il est étonnant que les étudiants se mobilisent aussi vite et aussi fortement pour soutenir leurs professeurs. Comme ailleurs en France, les AG se multiplientdans les facs et les IUT, et le cortège de jeudi après-midi était nourri de jeunes gens en colère, criant leur opposition à une conception marchande et entrepreneuriale du savoir. Beaucoup brandissaient à bout de bras un livre, symbole de ce savoir qui prend le temps de s’approfondir et de revenir sur lui-même, aujourdhui devenu un instrument de lutte. Comme si ce décret était la petite goutte d’eau qui faisait déborder le vase, déjàbien plein, des marques de déconsidération gouvernementale pour le monde de l’éducation et de la recherche.

Au-delàd’une solidarité avec leurs professeurs, les étudiants semblent manifester une grande inquiétude devant leur avenir et celui de la société. Ils savent que la formation, c’est maintenant « tout au long de la vie », qu’ils auront sans doute besoin de revenir à la fac, que leurs diplômes sont de plus en plus dévalués sous les effets de la massification de l’enseignement supérieur et que la crise économique et la rigueur budgétaire diminuent leur chance de trouver un emploi à la hauteur de leurs espérances. Ils inventent alors de nouvelles formes de mobilisations pour esquisser les contours d’une autre société : interventions théâtrales dans le tramway, cours « hors les murs » dans des lieux publics, AG soucieuses de libre expression et de procédures démocratiques, comme àl’IUT de Bordeaux 3 où le débat ne peut continuer que lorsqu’il a été clairement répondu àune question venue de la salle… Soudainement apparu et rapidement structuré, il semble que le mouvement soit appelé, à durer, d’autant plus que Nicolas Sarkozy a été très expéditif sur la question de l’éducation et de l’université dans son émission télévisée de jeudi soir.

Vincent Goulet

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