Nos lectures d’été: vive les bouquineries!


Anne DUPREZ
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 04/07/2010 PAR Anne Duprez

Les Folies Françaises, Philippe Sollers.

Un homme, un écrivain (l’auteur lui-même?) retrouve sa fille: France, née d’amours oubliées. Il la trouve plus qu’il ne la retrouve, au sens littéral du mot. Il ne la connaît pas, ne l’a jamais vue, ne soupçonnait pas son existence, encore moins sa naissance, et appelle « Madame », l’origine de ses jours.  Un lien se tisse néanmoins de cette rencontre improbable, il se révèle en fait, tant il semblait déjà être là, immuable, incontournable, universel, et en même temps si incongru. Le couple père-fille ainsi assemblé, de façon quasi gémellaire, évolue au monde comme Janus aux deux visages. Deux univers qui se rejoignent soudain, si différents et si semblables, deux visages qui se font face, aussi, soudain, et dont chacun révèle la part enfouie de l’autre. Et Sollers, face au miroir d’un lui-même un peu décalé, se raconte, encore et toujours. Agaçant parfois, mais toujours aussi brillant. Ces « Folies françaises » sont un peu comme ce qu’étaient les folies du 18ème siècle, villas se voulant modestes mais à la fois, aussi,  le signe extérieur d’une richesse avérée ; où l’on prenait le frais en marge du monde, en spectateur tour à tour avisé, amusé ou désabusé, de son agitation.

Autumn, Philippe Delerm.

Ambiance totalement différente dans ce roman de Philippe Delerm qui reçut, en 1990, le prix Alain Fournier. La référence à l’auteur du Grand Meaulnes se conçoit ici dans l’atmosphère quelque peu irréelle, fantomatique,  que construit Philippe Delerm autour du personnage, bien réel lui, de Dante Gabriel Rossetti. Ce dernier, artiste du milieu du 19ème siècle, fut l’un des fondateurs de la confrérie des peintres préraphaélites. Plus qu’une école, ce groupement fut créé, en  Angleterre, en réaction à l’académisme victorien, par des hommes ayant la même sensibilité artistique, tournée vers les primitifs italiens, « d’avant Raphaël ».  Des hommes… et une femme : Elizabeth Siddal, muse absolue de tous ces créateurs. Sa longue chevelure rousse est le fil conducteur de leur œuvre collective, son profil énigmatique en recèle les secrets. Dès les premières lignes, l’aura envoûtante de la « Beata Beatrix » hante le roman de Philippe Delerm. Un roman envoûtant lui aussi, enveloppant comme le vent d’automne dans  un épais tapis de feuilles, comme la brume mystérieuse d’un été qui meure et se transforme : ombres insaisissables mais ô combien enchanteresses…

Anne DUPREZ



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