Interview : Gilles Savary. Après ces élections le PS n’est plus un parti à envergure européenne


Aymeric Bourlot | Aqui
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 08/06/2009 PAR Solène MÉRIC

@qui ! : Cette élection européenne 2009 est, comme en 2004, à nouveau marquée par un record d’abstention. Quel est votre sentiment sur ce point, comment l’interprétez-vous ?
Gilles Savary : L’Europe est un crève cœur. C’est la seule instance supra nationale qui donne la possibilité de voter aux citoyens par le biais du suffrage universel direct. Et pourtant, on bat encore cette année des records d’abstention. C’est un vrai problème. Désormais, il faut réellement se demander si c’est la faute de l’Europe ou si le problème vient du suffrage universel lui-même. J’espère vraiment que la réponse est dans la première proposition, car dans ce cas, on peut encore changer les choses et inverser la tendance, car un record d’abstention, c’est avant tout un record d’illégitimité pour le Parlement européen.

@ !: Avec moins de 17% des votes pour le parti socialists, c’est une véritable déroute que subit votre parti, comment expliquez-vous cet échec ?
G.S. : Le résultat est très lourd, c’est un avertissement pour le PS. Il manque tout d’abord de clartéquant à sa position sur l’Europe; pour les uns il n’est pas suffisamment anti-européen et pour les autres il est trop… La question du oui et du non au référendum n’a pas été correctement réglée. Il y a également des problèmes d’appareil avec le Congrès de Reims, qui a été un véritable Coup d’Etat. En éliminant une personne qui arrivait pourtant en tête, le PS a fortement choqué les français, et les sympathisants lui en ont fait payer le prix. A cela s’ajoute une mauvaise campagne. Là encore incapacité d’être clair, en mélangeant les échéances. Cette campagne n’a pas été clairement tournée vers l’Europe. Le succès d’Europe Ecologie et de l’UMP également s’expliquent par une campagne claire et sans confusion sur les échéances, c’était des campagnes européennes. Il faut avoir un peu plus d’humilité par rapport à l’électorat, ce n’est pas de la « chair à voter », il comprend les dates et les enjeux électoraux. Désormais, le PS est en grande, grande, grande difficulté.

@ !: Quel sera alors le visage du nouveau Parlement européen et quelle est la conséquence de l’échec des socialistes français ?
G.S. :
Cette élection marque la victoire des droites européennes. Paradoxalement, la crise causée par le libéralisme à outrance, rapproche les électeurs vers des valeurs d’ordre et d’autorité, portées en France par l’UMP, et les éloigne des valeurs sociales.
Au niveau du Parlement européen, le Parti socialiste français avait 31 députés. Désormais, il en a14, l’UMP en a 30 et les verts 14. Ces chiffres montrent la banalisation des socialistes français dans leur propre camp de gauche. Si de ceux-là on retranche ceux qui préfèreront travailler à leur avenir politique à Paris plutôt qu’à Bruxelles et ceux qui sont en attente de circonscriptions législatives nationales en 2012, la dimension européenne du PS vole en éclat. Après ces élections, le PS n’est plus un parti à envergure européenne.

Solène Méric

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