Sauvons le Porc Gascon !


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 16/05/2010 PAR Joël AUBERT

On dit que le Porc Gascon représente le type de porc le plus ancien de notre pays. Cette race a souffert du croisement avec les races améliorées, pour répondre aux conditions d’élevage moderne.Alors qu’on comptait 10000 truies en 1953, il n’y en avait plus que 34 en 1981. « On avait carrément interdit la race, explique Michel Luquet, technicien à l’IFIP, anciennement chargé du programme de conservation des races locales.Aujourd’hui, grâce au courage de ces éleveurs qui ont caché leurs animaux pendant cette période, on a réussi à faire remonter les effectifs ». La France peut désormais être fière de ses 1028 truies, réparties chez 58 éleveurs.
Quand on lui demande si le Porc Gascon doit être massivement disséminé,Jacques Dutruel répond franchement : « il faut le laisser à sa place ! Le Porc Gascon n’est absolument pas adapté à l’élevage intensif. On pourrait multiplier les effectifs par 10, mais localement, pour des filières courtes et dans des exploitations familiales, à taille humaine ». Président du Syndicat porcin des Landes, Jacques Dutruel est éleveur depuis 1990 à Peyrehorade, dans le Sud des Landes.Il élève 150 truies, et avec le temps, il a réalisé que la démarche AOC puis AOP (Appellation d’Origine Protégée) ne respectait pas assez le concept de race locale : « Je ne suis pas certifié AOP car je veux rester indépendant des systèmes qui demandent du volume en permanence.Le Porc Gascon est une race qui demande du temps et du travail. » Pas de label, donc, mais un cahier des charges spécifique à respecter.

Et vive les circuits courts !
Pour toucher du doigt le fossé existant entre les pratiques extensives de l’éleveur, et le porc charcutier industriel, il suffit de scruter le paysage : est-ce qu’on en voit encore, de ces cochons qui broutent de l’herbe ? Rarissime. Alors que les élevages hors-sol comptent 30 000 porcs à l’hectare, à peine 30 cochons broutent de l’herbe sur la même surface chez Jacques Dutruel ! On comprend ici que son élevage ne présente pas les mêmes contraintes environnementales : pas de lisier à gérer, pas de normes draconiennes à respecter.
De leur côté, comment les consommateurs peuvent-ils contribuer à maintenir la race Gasconne ? « En arrêtant de bouffer, et en appréciant ce qu’ils mangent ! répond sans hésiter Jacques Dutruel. Quand on fait goûter du vrai porc, les gens n’ont pas l’impression de manger du porc, parce que l’industrie nous a habitué au porc charcutier issu d’élevage intensif ». Et comment faire la relation entre du porc Gascon rose foncé, et l’habituel jambon blanc du supermarché ?
Finalement, la viande de qualité n’est pas plus chère, grâce aux circuits courts, en plein développement. Avec son fils, Jacques vend les produits sur les marchés, en AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) et à des restaurateurs. Du producteur au consommateur, voilà le secret pour une valorisation du produit : «Conserver, disséminer, mais aussi faire en sorte que les éleveurs travaillent mais qu’ils en vivent » c’est le mot final de l’éleveur Landais.

Opaline Lysiak


>> Pour aller voir l’élevage Gascon : www.fermegasconne.com

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