Nos lectures du week-end: « Les essuie-glaces fatigués rendent les routes incertaines ». Gilles Vincent, Eaux-Fortes éditions.


éditions eaux-fortes
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Temps de lecture 1 min

Publication PUBLIÉ LE 01/04/2011 PAR Anne Duprez

Gilles Vincent, par son écriture, va là où on ne va plus. Dans « La dérive des incontinents », il nous décrit les tourments d’un couple recomposé par le temps qui a trop passé et qui n’est déjà plus celui des vivants, dans ce monde qui enferme ses vieux. Lorsque l’hiver les appelle, et pour avoir encore le choix de leur destin, ils se suicident à la morsure de l’aube. Soudés, soudain,  par un froid plus grand encore que celui qui les reprend.  Ultime échappatoire d’un grand départ en forme de rêve enfin réalisé, mais que les autres n’attendaient pas. Où Léon et Yvonne, jumeaux d’envol, se jouent finalement de la cruelle lourdeur des temps.

Les essuie-glaces fatigués rendent les routes incertaines
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L’œil se brouille, comme au travers d’un pare-brise mouillé de pluie. On croit comprendre, finalement au détour de la promenade, on découvre tout autre chose. « Une composition géométrique inattendue » où tout devient possible. Une jeune femme, accoudée au bastingage d’un bateau, regarde vers le quai quelqu’un qui la quitte… elle ne voit pas celui qui la regarde, pourtant tout à côté, et qui est déjà son avenir. Un adieu pour un possible, encore inconnu.

Des routes incertaines, où l’œil de l’écrivain semble désabusé. Pourtant, il est question de la morsure du réel qui imprime ceux qui en acceptent l’inaltérable douleur, comme l’acide sur le métal. Il est question d’une acuité au monde, révélé ici par une très belle écriture.  De la grande noblesse, enfin, d’un regard mouillé de larmes qui pourtant, avec pudeur et mesure, continue à faire comme si. Mais à celui qui sait lire entre les gouttes on ne la fait pas : treize nouvelles de Gilles Vincent, à lire absolument.  

Photo éditions eaux-fortes, tous droits réservés.

Anne DUPREZ

 » Les essuie-glaces fatigués rendent les routes incertaines », Gilles Vincent. Eaux-fortes éditions 2011.
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