A bord du Sinbad, la famille Sainrames vit et navigue en rêvant humanitaire


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 17/05/2010 PAR Isabelle Camus

Jean-Yves Sainrames n’est pas un marin d’eau douce. Il navigue depuis 38 ans et quand on le voit avec ses tatouages maoris sur le visage, ses bacchantes blanches, son crane rasé tanné par le soleil et son anneau de corsaire à l’oreille, au-delà d’une gueule, on se dit d’entrée qu’on est face à un vrai loup de mer. Né en 1949 sur les quais de Bordeaux, il est imprégné de la vie trépidante des docks, des bateaux et des marchandises qu’il a connue dès l’enfance. Inutile de dire que l’abandon de l’activité du port le fait plus que souffrir.

Bordeaux, ville d’eau sans bateaux
L’homme n’est pas un utopiste, il sait qu’on ne peut pas traiter le port comme il y a 50 ans. « Bordeaux est devenue une ville magnifique. Nous étions absents pendant les travaux du tram, et quand nous sommes revenus, nous avons été soufflés. Bordeaux est devenue exceptionnelle.  Mais c’est un écrin vide ». Une ville d’eau sans bateau, ça n’a pas de sens ». Si le contexte a changé, il n’en demeure pas moins que les bordelais, pour les plus anciens en tout cas, ont le passé maritime dans leur coeur. Et pour les plus jeunes, il n’est que de constater le monde qu’attirent les vieux gréements quand ils mouillent  dans le port de la Lune. Les badauds agglutinés, toutes générations confondues sont unanimes sur la beauté des navires  et expriment les mêmes regrets de ne pas voir d’avantage de vie sur l’eau.

Rendre à l’Afrique ce qu’on lui a volé
Jean-Yves et Angeline ne manquent ni d’idées ni de projets quant à l’usage de leur goelette de 27 m,  sortie des bassins à flot pour une brève escapade et ouverte au public, ce dimanche 16 mai. « Si le passé du port de Bordeaux, qui a été le 1er port europééen au XVIIIème siècle, a été occulté à cause de l’esclavage, nous avons les moyens de compenser ce passé et redorer le blason de Bordeaux ». Le couple projette d’amener 3 à 4 tonnes de matériel médical réformé (dentisterie, maternité, hopitaux, matériel pour handicapés) récupéré auprès des hopitaux, cliniques et maisons de retraites qui en regorgent et qui seraient directement livrés dans les dispensaires sans être pillés dans les containers à la douane de Dakar. Pour ce faire, ne leur manquent que les voilures et les 15 000 euros qui vont avec pour sillonner les mers.

De la mission humanitaire à la transmission
En attendant des subventions et un soutien des édiles politiques, recherche Le Sinbad et la devise de Bordeauxdont s’aquitte l’association la Figure de proue qu’ils ont créée pour financer leur périple, le Sinbad est également un navire-école qui embarque des stagiaires. Découvrir la vie à bord en espace restreint, la gestion de l’eau et des vivres, les éco-gestes et l’éco-navigation, le secret des noeuds de marins, l’hospitalité des escales, tel est le programme d’un séjour fort révélateur sur sa propre nature et formateur sur l’éthique navale, voire sur l’éthique tout court.

La future fête du vin, du 24 au 27 juin, donnera l’occasion au Sinbad d’enrichir l’escorte du Belem et aux visiteurs le plaisir de découvrir, à travers des balades sur l’estuaire, le Collectif des vieux gréements (l’Arawak, le Sinbad et le Pied-bouée) ainsi qu’ une famille Sainrames qui ne désespère pas de représenter, sur les flots, la ville de Bordeaux (sa devise est gravée sur la poupe du vieux gréement) et qui a choisi de vivre avec un grand L le mot Liberté. 

 Isabelle Camus

 

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