La coordination « vigilance LGV » sur les rails du débat ferroviaire


Lucy Moreau
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 01/07/2014 PAR Lucy Moreau

C’est à 16 heures que le rendez-vous a été fixé au gîte de Bacourey. Au compte-gouttes, les militants anti LGV arrivent sur place et sont accueillis par Denise Cassou, présidente de Landes Environnement Attitude (LEA) et porte-parole de la coordination vigilance LGV. « C’est en janvier 2006 que la coordination a été créé, peu après l’annonce du projet LGV Bordeaux-Toulouse » explique Denise Cassou. Depuis la coordination a assisté aux deux débats publics qui ont eu lieu en 2005 et 2006. « Ce qui est ressorti de ces débats publics est l’affirmation que les élus locaux ne veulent pas de ce projet sur leur territoire, mais que les grands élus tels qu’Alain Rousset ou Martin Malvy leur mettent la pression pour qu’ils cèdent… » lance Denise Cassou. « Si nous sommes aujourd’hui réunis, c’est parce que l’enquête publique commence à l’automne. Il faut donc commencer la mobilisation… » explique Jacques Lacampagne, sympathisant « Vigilance LGV ».

La balade des gens anxieux Pour illustrer au mieux leur combat, la coordination convie les sympathisants à une balade le long du Ciron, affluent de la Garonne. De Bernos-Beaulac jusqu’au moulin de labarie, Jacques Lacampagne décrit ce paysage comme personne.la balade des gens anxieux aux bords du Ciron

Arbres environnants, espèces menacées, couches géologiques, tout est passé au crible. Aulnes, hêtres, érable, pin, acacia… les bordures du Ciron cachent bien des trésors floristiques. Du côté de la faune, des espèces rarissimes logent au cœur de cet environnement. La cistude, petite tortue carnivore, fait partie de ces espèces en danger, tout comme le vison d’Europe, mammifère dont la survie est la plus menacée de France. La géologie du Ciron est également très variée : sable, calcaire, argile… « Mais toute cette biodiversité florissante n’est apparemment pas le souci majeur de RFF qui compte passer sur, et proche de ce cours d’eau en réalisant ce projet de LGV » déplore Jacques Lacampagne. « Réseau Ferré de France a inventé une méthode compensatoire pour se donner bonne conscience, et pour nous duper… par exemple, s’ils pompent de l’eau dans une rivière en Gironde, ils s’engagent à remettre par la suite de l’eau dans un lac en Dordogne…seulement ils ne se rendent pas compte des dégâts qu’ils créent là où ils passent » déplore Denise Cassou.

La LGV : trois lettres mais combien de chiffres ?« Les LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax représentent à elles seules 6300 hectares d’occupation, dont 1466 hectares en Gironde. 1 kilomètre de LGV équivaut à 15 hectares artificialisés… Sans compter les structures environnantes comme les deux viaducs de 380 mètres qui devraient être construits à Bernos Beauliac » constate Jacques Lacampagne. Tracé LGV

« En plus de l’A65, nous allons avoir trois lignes de LGV et deux viaducs ? » questionne une habitante de Bernos-Beauliac avec colère. Un petit garçon âgé d’une dizaine d’années apparemment préoccupé par le sujet avance : « Nous on ne veut pas de la ligne à Bernos, mais si elle est déplacée, ça va gêner d’autres personnes… »

Monsieur et Madame Ferrand : futurs expulsés de la LGVDans la salle Marie-Claude et Jean-Louis Ferrand sont très attentifs aux remarques. Et pour cause, leur maison située à Benesse Marenme dans les Landes est au beau milieu du tracé LGV. « Alors que ça faisait quatre ans que nous avions acheté notre maison, en 2009 on a appris pour la ligne LGV. Notre habitation est pourtant en zone Natura 2000, et une ligne de train est déjà existante… » Lors de leur achat, ce couple de septuagénaires ne se doutait vraiment de rien, au contraire, « on pensait être tranquille » avouent-ils. Depuis, même si Marie Claude et Jean-Louis ont encore espoir que le projet n’aboutisse pas, ils se sont renseignés pour le rachat de leur maison. On leur a indiqué un prix 30 à 40% moins cher que le marché.

Mécontentements ou pas, une enquête publique aura bien lieu d’octobre à novembre 2014. Depuis peu, les maires concernés par le tracé ont reçu des prérogatives pour mettre en conformité  l’urbanisme de leur commune. L’acquisition foncière quant à elle est prévue pour 2015, même si dans la bande des 500 mètres, celle-ci a déjà commencé. Le début des travaux est programmé pour 2017-2018, et l’effectivité de la ligne en 2024.

Un train à deux vitesses : qui gagnera la course ? Une trentaine de maire sont défavorables aux LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne, certains députés comme Gilles Savary ont exprimé leur réticence quant à la création de nouvelles lignes. Alain Rousset, Alain Juppé, tout comme Philippe Madrelle soutiennent quant à eux fermement le projet. Un match politique qui s’annonce donc des plus serrés, auquel les sympathisants de la coordination vigilance LGV assisteront au premier rang non en criant « à mort l’arbitre » mais « à mort la LGV ».   

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