LGV : de la Seine à la Garonne en moins de 2h04.


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 02/07/2017 PAR Julien PRIVAT

Il est 7 heures ce samedi 1er juillet. Une file d’attente se forme devant la voie 4 de la gare Montparnasse. Une file particulière au milieu des autres passagers qui attendent patiemment que le tableau d’affichage indique leur voie de départ. Des passagers particuliers : attaché-case et costumes pour la majorité. Un cordon de sécurité fouille des sacs et vérifie que tous soient bien sur la liste des invités.

Embarquement dans le TGV Océane direction gare Saint-Jean

Après avoir reçu mon billet inaugural, direction la voiture 5. Celle des journalistes. On sait que Nicolas Hulot (ministre de la Transition écologique et solidaire) et Elisabeth Borne (ministre en charge des Transports) seront du voyage. Mais nous sommes laissés à l’écart. A bord, la SNCF nous accueille avec cérémonie. Des hôtesses nous guident et des personnes nous servent à notre place café et petit déjeuner salé.

C’est bientôt l’heure du départ. 8H41. « Attention à la fermeture des portes, ce train inaugural est à destination de Bordeaux », annonce Fetih, l’un des quatre chefs de bord. Le sifflet du chef de quai raisonne dans la gare. La voiture bouge. Nous partons déjà.

TGV multi-services

Que ce soit en première ou seconde classe, l’intérieur de ce TGV Océane a été entièrement repensé. Plus d’espace aux jambes, plus de confort, des prises électriques et USB, et surtout la possibilité de se connecter en WIFI à Internet (le débit est limité à 500 Mo par personne). Une connexion qui fonctionne relativement bien malgré quelques coupures dans les tunnels et quelques soucis pour lire certaines vidéos. Tout au long du trajet, il est possible de suivre la progression de son train; la vitesse de croisière est indiquée. Rapidement les 300 kilomètres par heure sont atteints.

Une heure et une poignée de minutes après le départ, nous voici enfin sur la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique (la SEA). Les deux conducteurs Joël et Jean-Christophe nous annoncent que nous allons atteindre les 320 kilomètres par heure. Les paysages défilent, mais nous n’avons pas d’impression de vitesse.

Le « caviar » d’Aquitaine

C’est le temps d’une pause. Direction le wagon bar, lui aussi entièrement repensé devenant plus accueillant. Le chef cuisinier toulousain Michel Sarran nous fait goûter et découvrir du caviar d’Aquitaine. « Un caviar beurré et avec de la personnalité, précise-t-il. C’est une première pour moi d’en servir à cette vitesse-là. J’espère qu’un jour ce train ira jusqu’à Toulouse. »

 Le chef cuisinier toulousain, Michel Sarran, fait goûter le caviar

Sans avoir l’impression que le temps se soit écoulé, les conducteurs nous indiquent que nous quittons la SEA. « Nous venons d’enjamber la Dordogne et nous allons atterrir doucement sur les berges de la Garonne. Notre destination : Bordeaux. L’équipe de conduite vous souhaite une bonne journée » .

« Pas le temps de connaître son voisin »

Il est à peine 10h41. Le TVG Océane 863 aura mis 2 heures avant d’arriver, accueilli en fanfare voie numéro 1 de la gare Saint-Jean. Un train qui arrive avec quatre minutes d’avance, « un comble » selon Nicolas Hulot. « Avec l’ouverture de la LGV vers Bordeaux cela s’accélère. Nous avons à peine le temps de faire connaissance avec notre voisin ou de travailler », confie le ministre.

Moins de deux heures, le train inaugural avait quatre minutes d'avance sur l'horaire indiqué

A Bordeaux, la grande fête se poursuit sur les quais de la Garonne. Alain Juppé prend la parole. « C’est une journée historique. L’aboutissement de vingt années d’efforts. Nous y avons cru. Le TGV n’est pas seulement là pour qu’on se rende à la plage. J’aimerais que cette ligne à grande vitesse soit un levier de croissance et de la création d’emplois pour notre métropole », confie le maire de Bordeaux.

« Je ne prendais plus ma voiture »

De son côté, le président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, y voit des avantages pour son territoire. « La LGV va changer considérablement la vie de dizaines de milliers de personnes qui sont sur la ligne. Ça va même changer celle du président de la région que je suis. Je ne prendrais plus ma voiture maintenant pour aller à Poitiers ou à Angoulême. Le train devient compétitif. Cela permet aussi à un Bergeracois, un Montois, un Dacquois de faire un aller/retour dans la journée en se levant tôt et en rentrant tard, bien entendu. Mais ils ne sont pas obligés de passer une nuit à Paris. C’est un changement de qualité de vie quotidienne. Je pense que les horaires que nous avons adoptés au niveau des TER vont améliorer d’ailleurs la desserte. La LGV arrive à Bordeaux mais on ne doit pas s’arrêter là. Il faut aller en Espagne et à Toulouse. Le nouveau chantier, c’est celui-là et il faut qu’on l’emporte ». Alain Rousset faisait là référence à la décision du tribunal administratif de Bordeaux qui a annulé la décision d’utilité publique (DUP) pour la LGV vers Toulouse.

Pour la SNCF, le grand jour va être ce 2 juillet. Alors, la ligne commerciale sera lancée. Au total, ce sont pas moins de 33 allers et 33 retours entre Paris et Bordeaux qui seront proposés dont 17 directs dans chaque sens. Avec cette offre, l’entreprise espère attirer 4 millions de voyageurs en plus. Un bon signe pour cet été, les réservations ont augmenté de 50% par rapport à la saison 2016. En tout cas, cette journée inaugurale s’est bien passée. Et Guillaume Pépy (Pdg de la SNCF) paraît soulagé malgré la pression qui demeure pour le véritable coup d’envoi le 2 juillet. « Aujourd’hui, le TGV a bien marché. Demain, pour nous, c’est l’épreuve du feu. Tout le monde est mobilisé. Évidemment, il y a un peu d’appréhension. »

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