LGV GPSO : les opposés s’attirent


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 07/05/2015 PAR Romain Béteille

250 contre 100. D’un côté, des élus, syndicalistes, chefs d’entreprise d’Aquitaine, du Pays Basque et de Midi-Pyrénées ont répondu à l’appel d’Alain Rousset, président de la région Aquitaine, pour participer à une grande manifestation en faveur du projet ferroviaire du Sud-Ouest (prolongement de la LGV au sud de Bordeaux). Comme un pied de nez à l’avis défavorable de la commission d’enquête publique rendue le 30 mars dernier, la manifestation a donné lieu à deux débats. De l’autre côté, une centaine de manifestants, farouches opposants venus principalement du Sud-Gironde et du Lot-et-Garonne, qui sont venus se poster à l’Hôtel de région une heure avant le début des débats pour manifester leur opposition à l’ensemble du projet. La commission d’enquête avait notamment justifié son avis négatif par un coût trop élevé (9 milliards d’euros) et une destruction de l’économie des territoires ruraux. Cela dit, la manifestation des antis s’est plutôt déroulée dans le calme et sans incidents. 

Les opposants venaient essentiellement du Sud-Gironde et du Lot-et-Garonne

Deux camps s’affrontentParmi les principaux arguments des antis GPSO, on retrouvait bien entendu la question financière. « On a fait la démonstration depuis des années que construire une ligne nouvelle entre Bordeaux et Toulouse est parfaitement inutile. D’une part parce que ça coûte une fortune, parce que ça va détruire 3000 hectares de forêt, ça ne servira qu’à 20% de la capacité… Il faut promouvoir l’aménagement des lignes existantes, qui coûterait 4 fois moins cher et continuerait à desservir réellement nos territoires« , souligne Raymond Girardi, vice-président du Conseil général de Lot-et-Garonne.

L’écosystème et la ruralité étaient également dans toutes les têtes, notamment celle de Dominique Bimboire, militant de la Confédération Paysanne. « Nous voulons qu’une ruralité continue à exister contrairement aux volontés politiques qui ne voudraient que des mégapoles. Il y a aussi une érosion des sols agricoles en bétonnant : on parle de plus de 3000 hectares sacrifiés« , a-t-il dénoncé, n’hésitant pas à parler d’une « mystique du progrès« . Enfin, Denise Cassou, porte-parole de la Coordination Vigilance LGV en Gironde, n’a pas hésité à qualifier l’évènement de « contournement de la démocratie. Aujourd’hui, Alain Rousset appelle à piétiner la démocratie, à piétiner l’avis de la commission d’enquête publique et met en place toutes ses relations pour imposer ce projet démesuré et innaceptable« 

Des arguments retoquésDe son côté, l’intéressé a évidemment réfuté l’intégralité des arguments déclarés par les opposants. D’abord sur cette fameuse enquête, dont le refus « est un écueil mais pas un échec. C’est notre devoir, par cette réponse pédagogique, d’exprimer notre volonté. La SNCF doit faire montre de plus d’enthousiasme et d’expertise, nous ne pouvons pas avoir l’impression qu’elle est d’abord motivée par son budget« , a déclaré le président de la région Aquitaine.

« Concernant la concentration dans les grandes villes, l’urbanisation se fait même en dehors des métropoles. A nous de mettre en place un système d’aménagement du territoire. Concernant le coût, nous demandons à ce que la commission d’enquête fasse une tierce expertise. La destruction de la forêt est un mensonge, la ligne passe à vingt kilomètres de la forêt de hêtres. La menace sur le botrytis et le sauternais est irréaliste, aucun scientifique ne peut aujourd’hui dire que la construction d’une LGV arrête l’eau qui favorise cette biodiversité, contrairement à la construction d’une autoroute. Ces refus font preuve d’un nationalisme qui sera, à termes, dangereux« .

Pas d’annonce concrèteEn revanche, pour financer ces lignes, peu voire pas de réponses de la part des élus et des responsables, si ce n’est la vague idée d’un emprunt longue durée. Avare en propositions concrètes, la manifestation a pourtant été l’occasion pour Martin Malvy, président du conseil régional de Midi-Pyrénées, de réaffirmer la volonté des élus locaux de ne pas y renoncer. « Nous ne sommes pas décidés à renoncer. Certes, il y a des difficultés budgétaires, mais est-ce qu’on peut, à partir de ça, décider d’arrêter le futur ? Après avoir réalisé les autres projets, le seul que l’on ne ferait pas, ce serait celui du Sud-Ouest, dont on sait que c’est l’une des régions les plus mal loties en termes de communications modernes ?« .

Les deux camps sont donc clairement irréconciliables, mais cette journée de « lobby » pro et anti GPSO a au moins été l’occasion d’élargir le débat en dehors des régions, vers des considérations plus européennes. Pour Marian Elorza, secrétaire à l’action extérieure du gouvernement basque, les connexions entre l’Aquitaine, le Pays-Basque et l’Espagne sont un enjeu essentiel pour le commerce extérieur. « Le corridor atlantique constitue l’un des 8 corridors qui forment la colonne vertébrale de l’Europe en matière de mobilité. 80 millions de personnes, 10 régions, 5 pays, 40% du PIB de la zone euro…« , a-t-elle chiffré. 

Pas de scénario alternatif, donc, et chacun reste campé sur ses positions. Encore une fois, c’est le gouvernement qui devra trancher. En déplacement en Gironde il y a quelques jours, le secrétaire d’Etat au transport Alain Vidalies a réaffirmé que ce dernier rendrait sa décision « avant la fin de l’été« . 


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