Trains : les enquêtes qui font grincer des dents


Florian Pépellin
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 27/05/2015 PAR Romain Béteille

Pavé dans la mare. Le rapport remis ce mardi par le député PS Philippe Duron au gouvernement sur les trains Intercités fait grincer quelques dents. Les préconisations provenant de la commission sur l’avenir des Trains d’Equilibre du Territoire sont plutôt limpides : surpression des Intercités sur cinq tronçons de lignes, dont Bordeaux-Toulouse, ligne Bordeaux-Lyon remplacée par des TER et des bus, coupe drastique dans les lignes de nuit (le rapport souhaiterait n’en conserver que quatre), ou encore un renforcement des lignes entre Bordeaux et Marseille sont les principales solutions envisagées. Le rapport justifie ces mesures en dénonçant une qualité de l’offre « dégradée », un parc régional qui a « regressé » et des retards qui augmentent. Les trains Intercités, qui concernent environ 100 000 voyageurs par jour sont devenus un gouffre qui grandit au fil des ans pour la SNCF : le déficit d’exploitation approcherait les 400 millions d’euros. 

« Là où le bât blesse, c’est de savoir qui paye »En Aquitaine, les résultats de ce rapport divisent. Pour Grégory Gaudel, secrétaire général à la CFDT Aquitaine, le problème n’est pas nouveau. « On l’évoque depuis des mois, on sait que les réseaux ferroviaires sont mal en point et qu’il faut des milliards pour les rénover. Nous sommes la région dans laquelle on compte le plus de travaux en France. Il faut arrêter d’opposer le service public et les besoins des usagers à l’aspect économique », affirme le responsable. « La suppression n’est pas toujours une solution. Déjà, en 1995, on avait prévu de supprimer 8000 kilomètres de lignes, alors qu’aujourd’hui certaines sont devenues rentables. Si on avait pris le temps de penser tout cela en amont, nous n’en serions pas là. Tout ne pourra pas passer par le TGV. L’Etat a repris la main sur les Intercités, et là où le bat blesse, c’est de savoir qui paye… ». 

En effet, selon Christian Broucaret, président régional de la FNAUT (Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports), pour les Intercités, 70% du prix du billet reviendrait au voyageur et 30% à l’Etat. Pour les TER, en revanche, ce n’est pas le même schéma : on parle d’un ratio 30% pour le voyageur et 70% pour… les collectivités locales. « Pour nous, ce rapport est une bonne et une mauvaise surprise, dans le sens où les annonces de la SNCF il y a quelques mois étaient bien pires que les conclusions du rapport Duron. La SNCF préfère Toulouse ou Montpellier plutôt que Lyon, on sait que Bordeaux-Lyon ne fonctionne pas vraiment. Elle exploite encore certaines lignes comme elle le faisait au XIXème siècle, en bougeant les leviers à la main… Elle a encore beaucoup de progès à faire en qualité de services », souligne-t-il. 

Les TER aussi dans le viseurNon contents de diviser avec le rapport Duron, les trains sont aussi l’objet d’une enquête parue le même jour sur les TER réalisée par UFC Que Choisir. On y apprend que moins de neuf trains sur dix seraient jugés ponctuels en France (89,5% des TER auraient un retard inférieur à 6 minutes). L’Aquitaine est pointée du doigt : avec 86,5%, elle affiche des résultats inférieurs à la moyenne nationale. Pour Christian Broucaret, ce mauvais score a ses raisons. « Nos régions sont beaucoup plus grandes que l’Alsace, qui fait partie des bons élèves mais qui couvre un territoire plus petit. En plus, les très nombreux travaux entamés qui devraient se terminer en 2017 sont également dommageables ».

Entre 2002 et 2014, 7,3 milliards d’euros ont pourtant été débloqués pour moderniser le matériel. L’UFC a d’ailleurs lancé une pétition en ligne dans laquelle il demande aux élus d’imposer un « tarif variable de l’abonnement ». « C’est un choix commercial. En Picardie, un dédommagement des abonnés a été mis en place en 2014. En Aquitaine, les usagers sont encore obligés de passer par des actions volontaires ou des associations de défenses comme la FNAUT. Nous avons demandé à ce que cela soit rectifié, mais comme souvent, grâce à l’Association des Régions de France, ce qui se fait dans une région se fera aussi dans les autres » souligne le responsable régional.

La collectivité a encore du chemin à faire : alors qu’elle a consacré plus de 400 millions d’euros depuis 2002 à l’amélioration de l’accueil (par la rénovation de 12 gares et 7 haltes) et au transport des usagers (155 millions d’euros pour 22 rames Régiolis  et 235 pour 24 rames Régio 2N), les livraisons de ces dernières ont accusé un retard important en 2014 puisque seulement 11 rames Régiolis et 7 rames Régio 2N ont pour l’instant été livrées. Selon Magali Euverte, en charge de la direction des TER Aquitaine pour SNCF Réseaux, « actuellement, seulement 40% des voyages autour de Bordeaux sont des voyages commerciaux, les 60% restant étant des voyages techniques ». Malgré ces questionnements, les comités de lignes se multiplient ces dernières semaines : alors que celui de la ligne Bordeaux-Saint Mariens s’est tenu ce mardi 26 mai à St-André de Cubzac, un autre comité doit se tenir le 28 mai à Bayonne. La régularité des TER en Aquitaine reste pourtant une moyenne pour l’enquête d’UFC : en avril 2015, elle chutait à 87,14%.

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