Tribune libre: Réponse au président de la Région Aquitaine à propos de la LGV


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Publication PUBLIÉ LE 17/07/2012 PAR Pantxo TELLIER : Nivelle-Bidassoa/CADE

La réaction épidermique de Mr Rousset aux propos de Jérôme Cahuzac nécessite une mise au point.

En effet, ses déclarations sur le rôle de l’Europe dans le financement sont proprement mensongères. L’Europe ne prévoit pas de financer les lignes à grande vitesse voyageurs, tout au plus financerait-elle 15% du tronçon mixte (marchandises-voyageurs) Dax-la frontière afin d’aider au développement du fret ferroviaire. Sachant que, au Nord de Dax la ligne nouvelle serait exclusivement voyageurs, sa construction serait entièrement à la charge des Aquitains, l’Etat se désengageant. Au Nord de Dax tous les trains de fret emprunteront la ligne existante et au Sud de Dax la majorité des trains de marchandises en provenance ou à destination du réseau conventionnel de la péninsule ibérique ne peuvent emprunter les nouvelles lignes, ni au Sud ni au Nord de la frontière pour des raisons techniques (dévers…). Le nombre de TAGV prévus par RFF sur Bordeaux –Hendaye et l’Espagne est dérisoire (une douzaine).

Affirmer qu’une nouvelle ligne est une obligation est purement mensonger. l’Europe exige d’assurer l’interopérabilité des réseaux afin de garantir la libre circulation des marchandises dans un contexte de libre concurrence entre les opérateurs ferroviaires rôle que la ligne existante peut parfaitement assumer.

Affirmer que les Aquitains ont montré leur accord sur ce projet inutile en destituant Mme Alliot-Marie, c’est du mensonge car c’est l’émergence d’une troisième force politique prônant le changement qui a permis l’élection de Mme Allaux ; laquelle bien que le petit doigt sur la couture du pantalon face à Mr Rousset et « personnellement » favorable, avait tout de même consenti à organiser un référendum puis une consultation sur le sujet. 

Cette attitude est dangereuse pour l’avenir des Aquitains et Mr Rousset n’en est pas à une contradiction près. Il a entraîné la Région dans ce que nous avons dénoncé comme une véritable « arnaque » : le financement de la Tours-Bordeaux.

La solution miracle du PPP qu’il a défendu bec et ongles il n’hésite pas aujourd’hui à la dénoncer en ces termes :« C’est une solution de facilité pour ne pas dire un poison insidieux (…) C’est surtout une fuite en avant aux conséquences imprévisibles en particulier sur le plan financier. Qui peut jurer que la collectivité nationale ne payera pas au final des sommes extravagantes au partenaire privé qui aura réalisé une ligne ferroviaire, un collège, ou déployé des fibres optiques ?(…) Que pèseront demain les collectivités locales et l’Etat si les partenariats public privé se généralisent ? Plus rien. Leur capacité à imaginer et à concevoir des projets publics disparaîtra. Leur compétence à les gérer aussi. Il y aura alors un transfert, une sorte de « privatisation du patrimoine public » (…) Ma méfiance pour les PPP se nourrit d’un autre constat : ils profitent aux grands groupes et non aux PME voire aux entreprises de taille intermédiaire (…) Aujourd’hui, tout se passe comme si l’expansion de nos grandes entreprises ne reposait ni sur le citoyen ni sur le consommateur mais sur l’endettement de l’Etat et des collectivités territoriales à travers le PPP. »

Mais ce n’est pas le seul exemple de sa mégalomanie, l’A65 qu’il a imposé aux Aquitains s’avère être un fiasco retentissant qui retombera sur leurs épaules. Mobiliser l’exécutif sur ce dossier qu’à l’évidence il ne maîtrise pas, est un exemple de gouvernance propre à Mr Rousset.

Nous devons caresser l’espoir que nos élus « aux ordres » seront capables à l’instar de Mr Cahuzac, élu du Lot et Garonne, département farouchement opposé au projet, de mener une réflexion en profondeur et d’emprunter eux aussi le chemin de la sagesse, du pragmatisme en gardant un esprit critique et ce dans l’intérêt du plus grand nombre, sur les projets qui leurs sont soumis et parfois imposés.

Aucun critère objectif ne permet d’affirmer que les voies existantes seront saturées et ce ne sont pas des contraintes budgétaires qui déterminent la pertinence d’un projet mais son utilité et quand on sait que au bout de 30 ans la grande vitesse n’est utilisée que par moins de 8% des usagers du rail (au point que SNCF envisage des TGV low-cost, et pourquoi pas une troisième classe ?), il est plus que temps de remettre en question cette stratégie et arrêter tout de suite ces gaspillages dans des études faussées et dénoncées depuis fort longtemps par la Cour des Comptes, le Conseil économique et social ou les assises du transport .



Pantxo TELLIER : Nivelle-Bidassoa/CADE

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