À Mérignac, fermeté sanitaire et incertitudes calendaires


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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 22/09/2020 PAR Romain Béteille

Traditionnelle, la rentrée politique d’Alain Anziani en tant que maire de Mérignac qui s’est tenue ce mardi 22 septembre, aura toutefois eu la particularité d’une extrême prudence dès qu’il s’agissait d’évoquer les dates de livraison des grands projets municipaux à venir. La cause est entendue : la Covid-19 n’a pas fait de bien aux « affaires courantes » municipales. Hormis cette relative désillusion calendaire, le socialiste a surtout prôné la « fermeté » dans le respect du nouveau protocole préfectoral au sujet de la crise sanitaire (en particulier l’obligation du port du masque), notamment du côté de sa police municipale qui bénéficiera d’un « centre de supervision urbaine » au sein de la prochaine réhabilitation du commissariat (coût du projet : sept millions d’euros). Les travaux devraient démarrer, aux dernières nouvelles, début 2021.
En guise de bonne mesure, le maire a également fait le souhait d’une « plus grande transparence » vis-à-vis de ses administrés, notamment lorsqu’il s’agit de les informer en temps réel du nombre de classes fermées (à ce jour, une crèche fermée aux deux tiers à cause d’un cas positif parmi les agents). Une fiche récapitulative est disponible sur le site internet de la ville depuis le 17 septembre et un tableau devrait voir le jour pour tenir les parents informés de la fermeture des classes.

Flippe culturelle

La deuxième priorité d’Alain Anziani en tant que maire est une inquiétude : celle, partagée par beaucoup de ses confrères, des difficultés rencontrées par le monde culturel. Ainsi, au début du mois de septembre, on apprenait que la salle de spectacles du Pin Galant avait décidé de repousser sa rentrée. Tournées annulées ou reportées, jauge limitée… comme beaucoup d’autres salles de la métropole, le site s’inquiète visiblement des retombées économiques mais n’envisageait pas de rouvrir avant janvier. « Je souhaite que la reprise soit la plus rapide possible. Aujourd’hui, en produisant un spectacle, le Pin Galant perd de l’argent. Le pic épidémique est prévu pour la fin d’année mais je veux qu’on étudie le dossier parce que ça a des conséquences trop lourdes de fermer tous les équipements. Il faudra voir dans quelles conditions on pourra assurer une réouverture début janvier », a affirmé le maire, évoquant des arbitrages à venir avec la direction.

Le cinéma de la ville, bien que rouvert, n’est pas moins inquiet de la désertion de ses salles. « La perte de fréquentation a été de -84%. L’une des solutions qui pourrait voir le jour avant la fin de l’année, c’est une « journée gratuite, pour inciter les gens à revenir dans les salles. Le gérant du cinéma est d’accord ». Enfin, le Krakatoa fête visiblement bien tristement son trentième anniversaire, tombé le 17 mars. L’interdiction des concerts debout, toujours en vigueur, n’aide pas. Pour Alain Anziani, le projet K2, en fait un agrandissement déjà dans les cartons du directeur de l’Association en charge du site, Didier Estèbe, « sera certainement différé ». Reste que pour la municipalité, le soutien aux associations est maintenu : une enveloppe de 300 000 euros a été fléchée vers ces dernières et le niveau de subventions allouées reste le même que celui de l’an dernier.

Auprès de mon arbre

Les marottes métropolitaines sont, de fait, municipales. La volonté du maire de booster la plantation d’arbres en est peut-être la plus flagrante preuve, après le souhait annoncé d’en introduire un million sur l’agglomération d’ici une dizaine d’années. La liste du tronc commun s’allonge dès qu’il s’agit de faire les comptes : 10 000 arbres sur le secteur de Marne Soleil, des projets de végétalisation sur la place Charles-de-Gaulle, 45 arbres (essentiellement fruitiers) au nouveau parc du Renard, 450 et 29 000 jeunes plants le long de la voie François Mitterrand, sur le secteur de l’OIM Aéroparc, un « triangle vert » partagé entre les parcs Giono, Maubec et Millepertuis Olympiades et une « forêt urbaine » sur 1500 mètres carrés (entre la Poste et la Médiathèque).

Le maire ne compte pas s’arrêter là dans ses ambitions vertes : une ferme urbaine dédiée au maraîchage bio gérée en régie agricole à l’angle des avenues François Mitterrand et de Kaolack (sur un terrain pour l’instant détenu par le bailleur Gironde Habitat) pour alimenter les crèches de la ville et créer des ateliers de permaculture; une « maison de la nature » de 2200 mètres carrés (entourée d’un espace vert de 8000 mètres carrés) dont l’achat (2,4 millions d’euros) sera acté lors du prochain conseil municipal ou encore, côté deux roues, l’intention de créer 23 kilomètres de pistes cyclables d’ici 2023. Enfin, pour rester sur l’écologie dans un giron plus énergétique, Mérignac sera la première ville de la métropole à accueillir un « réseau de chaleur » par biomasse (chauffage au bois) pour alimenter le futur stade nautique, plusieurs bâtiments municipaux et, comme l’a souhaité le maire, « plusieurs grandes résidences privées ». Si le prix de cette énergie verte n’est pas encore connu, nul doute qu’il sera au centre de l’attention des éventuels habitants intéressés lors du prochain conseil de métropole ce 25 septembre.

Les pieds dans l’eau

En parlant du stade nautique, qui est sans nul doute l’un des équipements phares souhaités par la ville (48 millions d’euros dont 20 par la métropole et la municipalité). Il a récemment fait l’objet d’une attaque en justice de la part d’une association d’habitants de la cité des Castors à l’encontre des toboggans aquatiques prévus dans le projet, qui redoute des nuisances sonores et visuelles. « Nous allons convier ce collectif à une réunion avec Cécile Saint-Marc (adjointe déléguée au sport) dans les jours qui viennent. L’architecte sera présent pour essayer de les rassurer et leur donner des indications précises sur des solutions anti-bruit proposées ». À suivre, même si l’on sait déjà que le groupement Eiffage, UCPA, la Banque des Territoires et Dalkia ont été choisis pour mener à bien le projet en février dernier. Le chantier a prévu de débuter à la fin du mois d’octobre. Ce n’est pas le seul équipement sportif prévu : on peut citer six nouveaux courts et un club house au sein d’un « pôle tennistique » à la Roseraie (premier semestre 2021) et deux terrains synthétiques, le premier au Burck qui accueillera les équipes de l’AS Mérignac Rugby et l’association Drop de Béton (mi-octobre) et le second sur les terrains de tennis de Brettes.

Cabine Pressurisée

Enfin, côté économique, on peut noter la livraison « probable » de la deuxième tranche du site de l’industriel Dassault, prévu à la fin du premier semestre 2021 : 26 000 mètres carrés de bureaux et le transfert de 1000 emplois provenant de la région parisienne. La situation complexe de l’Aéronautique n’a pas échappé au maire de Mérignac, pour qui le secteur constitue évidemment l’un des principaux poumons économiques. « Globalement, les gros acteurs de la maintenance arrivent à s’en sortir mais ce sont les sous-traitants qui souffrent le plus parce que les activités qui leur étaient confiées sont internalisées. Ils ont aussi du mal à s’approvisionner en pièces. On travaille avec la Région dans une logique de filière pour résorber ces difficultés ».

Pas d’annonces tonitruantes de ce côté, mais Tarmaq, l’un des totems de l’aéronautique, qui a récemment connu un soubresaut d’actualité avec la création de son association de préfiguration dirigée par Jean-Jacques Gondalier de Tugny (ancien haut responsable de chez Dassault) et la nomination d’un nouveau directeur de site, Jérôme Darsouze, ancien cadre d’Aérocampus, a été évoqué par Alain Anziani. On avait cru comprendre lors de la dernière assemblée générale du site de formations de Latresne qu’un relatif flou demeurait encore sur les missions de Tarmaq par rapport à celles d’Aérocampus, notamment sur le volet de la formation. C’est, à demi-mots, ce qu’a confirmé l’édile mérignacais. « Il y a eu des craintes de la part d’Aérocampus de se voir déposséder d’une partie de ses compétences. La réalité, c’est que le projet Tarmaq a été porté par Aérocampus, qui a constaté au départ que l’espace qu’il possédait à Latresne n’était pas extensible, qu’il fallait bien en trouver un autre ailleurs. Ce n’était pas idiot de faire de la formation aéronautique en étant proche d’un aéroport et des grands industriels. Alain Rousset a tranché, il y a aujourd’hui des points à ajuster mais la Région soutient le projet Tarmaq. Les deux projets sont compatibles, la vocation de Tarmaq n’est pas de déposséder Aérocampus de ses compétences et de ses marchés mais Aérocampus ne peut pas tout faire en matière de formations, il y a des demandes qu’il ne peut pas satisfaire. Tarmaq a un atout, c’est cette grande proximité. Thalès, Dassault iront plus facilement à quelques kilomètres de leurs établissements que de l’autre côté de la Garonne. Il y a un vrai besoin des industriels, c’est une demande très forte. Ils ont compris, et le dernier salon du Bourget l’a montré, que l’aéronautique doit faire sa révolution ». De là à dire que Tarmaq, qui fait un peu tousser les écologistes, prendra un chemin vert, c’est un pas encore bien grand à faire. 

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