Bègles : l’accès à l’eau d’un bidonville préservé


Klervi Le Cozic
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 16/04/2019 PAR Yoan DENECHAU

Une association de techniciens pour venir en aide aux populations habitant dans les bidonvilles ou les squats. Dynam’eau existe depuis dix ans au niveau national et international, trois ans et demi sur le territoire bordelais. L’association collabore avec Médecins du Monde et différents acteurs locaux comme les CCAS. « Dynam’eau fait le tour des squats et bidonvilles où intervient Médecins du Monde, pour examiner leur état de salubrité », explique Maxime Ghesquière, co-fondateur et président de l’association. « Je ne définis pas les priorités, poursuit-il, je n’ai pas la compétence action sociale. Nous venons aider à l’installation de l’eau à la demande des acteurs locaux ».  

Ce mardi matin, cinq volontaires ont donc fait le déplacement dans le bidonville béglais, avec le CCAS et les services de l’eau. Ils ont tiré une gaine pour permettre aux habitants de préserver leur accès à l’eau. Certains sont dans le bidonville depuis plus d’un an, et deux points d’eau sont disponibles pour 200 personnes dont 80 enfants. « La facture est montée très vite, et le propriétaire des lieux a demandé la coupure de l’accès à l’eau, après avoir refusé de payer, ajoute Maxime. Le problème c’est que c’est illégal de couper l’eau pour impayé, et les services de l’eau s’y refusent dans la mesure où des personnes sont présentes, ça découle de la santé publique ».

Après avoir regardé l’installation, Dynam’eau et les services de l’eau décident d’installer le nouveau point d’eau sur un point plus central du bidonville, divisé en trois espaces. Alors qu’il amène la gaine jusqu’à l’endroit choisi, Maxime est interpellé par un habitant, qui ne comprend pas pourquoi laisser l’arrivée d’eau au centre du bidonville. « En installant l’eau ici, c’est pour que tout le monde puisse y accéder, répond Maxime, et c’est le seul endroit où vous avez une évacuation d’eau. Il vaut mieux mettre au milieu pour que tout le monde puisse venir ici. Je comprends que tu préfèrerais avoir un robinet chez toi, mais ce n’est pas possible. Je sais que ce n’est pas bien, mais la facture est suffisamment élevée ». En effet, les deux points d’eau précédents sont des tuyaux d’environ cinq centimètres de diamètre. Pour un débit de trois bars, les mètres cubes coulent rapidement. La nouvelle installation propose une seule arrivée d’eau, qui peut être mieux régulée grâce à six robinets.

Sensibiliser les collectivités à la question de l’eau

Dynam’eau tente de faire bouger les lignes sur l’accès à l’eau dans les squats au niveau des collectivités, notamment Bordeaux Métropole, qui organise régulièrement des appels à projets. Depuis 2015, l’association a déjà réalisé plusieurs opérations sur le territoire métropolitain. En effet, elle a mis en place « les toilettes se bougent le Q » en 2018 dans un bidonville rue des deux Estey à Bègles, afin d’apporter des solutions techniques de toilettes et douches simples. Dynam’eau est également intervenue au squat bordelais La Ruche, un autre à Mérignac, ou encore au squat de la rue Marc Sangnier à Bègles. Maxime Ghesquière salue l’action de la Mairie de Bègles pour améliorer les conditions de vie des occupants des squats, « même s’ils devraient vivre dans un endroit digne, surtout pour les gamins. Ce que nous faisons dans les squats, c’est du bricolage » regrette le président de Dynam’eau.

Maxime Ghesquière espère grâce aux actions de Dynam’eau sensibiliser à la question de l’accès à l’eau dans les squats et bidonvilles locaux. « Les collectivités se renvoient toujours la balle, précise Maxime, c’est très compliqué de mettre des projets en place. Les mairies de Bègles et Mérignac sont très volontaires, mais il faudrait toucher tout le monde ». Le président de l’association évoque également une amélioration des relations avec la Mairie de Bordeaux. « C’est plus simple pour nous depuis le départ d’Alain Juppé. Nicolas Florian est plus ouvert à la discussion, et Alexandra Siarri [deuxième adjointe de Bordeaux la cohésion sociale et territoriale], qui était déjà impliquée avant semble avoir une plus grande marge de manœuvre ».

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