Bordeaux Demain à la rencontre d’Unis Cité


Marianne Chenou
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/03/2019 PAR Marianne Chenou

Répartis en petits groupes de 4 à 5 personnes, les membres de l’association et de Bordeaux Demain ont tout d’abord échangé sur les constats actuels, puis envisagé ensemble des préconisations. Chargée d’animer l’atelier « vie locale », Leïla, 25 ans, dresse un constat amer : « On peut aller dans un collège ou une école d’un autre quartier, plus réputé. Mais on sera vu comme « pauvre » venant d’une cité ». L’étiquette sociale « banlieue » est encore très lourde pour ces jeunes.

Rencontre Bordeaux Demain Unis Cité

Mais Anne-Laure Fages-Plantier, directrice régionale d’Unis Cité est optimiste : « nos jeunes ont envie de s’engager ! Au sein de l’association, ils effectuent des missions de volontariat, des services civiques, c’est souvent un vrai tremplin professionnel ». Avec Guillaume Roche, responsable de l’antenne Gironde, les jeunes volontaires ont ainsi préparé la rencontre, relevant les problématiques quotidiennes rencontrées.

Aurore Schneekonig, coordinatrice à Unis Cité, tire un bilan dithyrambique de la préparation de la rencontre : « ils ont adoré ! Ils ont identifié des dizaines de problématiques et de freins dont beaucoup de gens n’ont pas conscience. Mais surtout ils arrivent aussi avec l’envie de proposer des solutions, de s’impliquer ». Redorer le blason de la citoyenneté dans les quartiers dits prioritaires, c’est le but de ces jeunes. « Ils ont tous quelque chose à apporter à la société », renchérit Aurore Schneekonig.

La ségrégation sociale est une réalité. « On a voulu créer des quartiers dans lesquels les gens avaient tout à proximité en zone périurbaine. L’idée était bonne, c’était pour leur faciliter la vie. Mais aujourd’hui, on se rend compte que la plupart des gens ne sortent jamais de leur quartier », explique Aurore Schneekonig.

Un échange riche de recommandations

À l’issue des ateliers, chaque groupe a défilé devant l’assistance pour présenter les constats et préconisations ressorties de la discussion. Ainsi pour l’emploi, face à un marché que les jeunes perçoivent comme « saturé » et une compétitivité accrue, émerge l’idée d’une découverte plus poussée des métiers au sein du cursus scolaire. Aussi, pourquoi ne pas créer des collectifs d’élèves pour rencontrer des élus et des membres de l’Éducation nationale (recteur…), pour envisager ensemble les liens à instaurer entre le monde scolaire et le monde professionnel ?

Deuxième préoccupation : le logement. Là encore, le terme « saturé » revient. Des loyers trop élevés font émerger une mesure : l’encadrement par la loi. Le problème AirBnb est également mentionné. « Maintenant que la loi existe, il faut renforcer les contrôles pour s’assurer que les propriétaires la respectent », précise Tom d’Unis Cité.

Autres enjeux publics : la propreté, l’environnement. Des toilettes publiques entretenues, des fontaines à eau plus nombreuses, et des aires de jeux, voilà les propositions. Dans « un modèle de ville utopiste », précise Gérald, beaucoup évoquent des toits végétalisés. Un projet malheureusement complexe à mettre en place sur les bâtiments historiques du cœur de ville. « Mais alors pourquoi ne pas proposer au minimum 30 % de verdure dans le plan local d’urbanisation ? » propose-t-il.

Rencontre Bordeaux Demain Unis Cité

S’ouvrir aux compétences des jeunes

Point d’orgue des discussions, les ateliers vie locale, quartiers et culture. Le principal problème : le manque d’informations. « On voudrait que ces jeunes entrent dans un schéma classique scolaire. S’ils ne sont pas bons à l’école, on les met de côté », raconte Leïla. « Mais on ne regarde pas les compétences qu’ils ont en dehors du cadre purement scolaire », poursuit-elle. Alexandra Siarri avance alors l’élargissement des activités artistiques au sein du périscolaire et une révision de la carte scolaire comme réponse.

Côté culturel, les jeunes dénoncent des lieux centralisés et axés sur une certaine culture. « Pourquoi les jeunes vont peu au musée et pourquoi les personnes âgées ne vont pas à un concert de rap ? », s’étonne un des membres d’Unis Cité. Face à ce constat émerge l’idée d’un « circuit court culturel » : mettre en avant les artistes locaux pour stimuler la création. Enfin, l’idée de rencontres « interculturelles » séduit : quel que soit son milieu social et sa culture, pouvoir échanger avec d’autres personnes et s’ouvrir, toujours plus, aux autres.

Tout cela ne portera pas ses fruits dans l’immédiat. Bordeaux Demain assume le fait de prendre le temps de la réflexion. Le collectif privilégie le temps long aux réponses « simples et immédiates ». Résoudre des problèmes de fond de la société ne pourra pas se faire en un jour. Mais de l’avis d’Alexandra Siarri : « c’est une des réunions les plus productives que nous ayons fait ». Du côté des jeunes, une seule question : « on recommence quand ? ». Pour que la jeunesse s’implique, il fallait simplement lui demander son avis.

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