Bordeaux Métropole : Alain Anziani calme la course du renouveau politique


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Publication PUBLIÉ LE 15/09/2020 PAR Romain Béteille

Un million d’arbres à planter sur la métropole sur les prochaines années. C’est l’objectif symbolique et l’une des principales « annonces » faites à la presse ce mardi 15 septembre par le nouveau président de Bordeaux Métropole, le maire de Mérignac Alain Anziani. « Nous sommes propriétaires de 5% du foncier de notre territoire, il faudra donc travailler avec le privé. Ça prendra peut-être dix ans, mais c’est une belle obligation, celle de créer de vrais îlots de fraîcheur et des sortes de micro-forêts urbaines. Nous sommes en négociation avec le groupe La Poste pour en créer une sur le centre-ville de Mérignac. Il faudra aussi créer une alliance écologique avec tous les maires, cela pourra sûrement être un beau thème du budget participatif ». Pas sûr que le nouveau maire de Bordeaux n’apprécie le symbole du nombre d’arbres plantés, mais la récente polémique qu’il a suscité montre que sentir le sapin n’est pas toujours une sinécure. Les villes plus végétalisées, selon Alain Anziani, passeront nécessairement par un budget climat métropolitain et une clause « biotope » dans les schémas d’aménagement, en particulier le plan local d’urbanisme intercommunal, une déclaration qui va dans le même sens que la majorité bordelaise à ce sujet. 

Transports, le gros morceau

Le plat de résistance de cette rentrée politique discrète (Alain Anziani était sur une scène cernée de plantes en pots mais seul, à l’inverse des précédentes rentrées au cours desquelles les maires étaient présents) aura tout de même été la question de la mobilité. « C’est un échec collectif des acteurs publics depuis des années. On a dépensé beaucoup d’argent (entre 400 et 500 millions d’euros par an, quasiment un quart du budget principal) et nous restons toujours la troisième ville la plus congestionnée de France », a déploré l’élu, qui a évoqué, tout comme l’avaient fait Alain Juppé et Patrick Bobet avec d’autres mots, le revers de l’attractivité comme principale raison de ce retard à la « responsabilité collective ». Au rayon des solutions, le socialiste a évoqué quelques pistes dont fait partie la diversification des modes de déplacement, non sans certaines conditions préalables qui risquent fort de donner lieu à quelques remous dans les mois qui viennent. « Ne tombons pas dans la caricature de la religion du tout vélo. Il faut lui donner toute sa place, mais ce n’est pas la solution à tous les problèmes de mobilité. La voiture fait aussi partie du paysage urbain, tout comme les piétons, qui sont les grands oubliés des programmes de mobilités ». 

Arriver à promouvoir le BHNS (et faire aboutir la liaison vers Saint-Aubin en 2024) et créer un « plan fleuve » font aussi partie des solutions évoquées. D’autres pistes pourraient être étudiées au cours de la mandature, notamment celle du téléphérique pour franchir la Garonne, d’une liaison circulaire reliant Cracovie, l’hôpital Pellegrin, les ponts Veil et Chaban-Delmas. « Ça coûterait environ vingt millions d’euros, soit un kilomètre de tramway pour quinze kilomètres d’itinéraire circulaire ». L’idée d’un nouveau pont au nord de Bordeaux est également à l’étude. Si tout cela n’est encore qu’hypothétique, Alain Anziani a toutefois franchi le pont en donnant des nouvelles du pont Veil. « Les obstacles juridiques sont levés, les recours purgés, la procédure visant à créer un nouveau marché est en cours ». Les travaux devraient reprendre début 2021 pour une livraison début 2024 et un surcoût de plus de vingt millions d’euros. Il a, enfin, annoncé la nécessité d’une « remise à plat » du schéma des mobilités. « Je ne sais pas si l’ère du tramway est terminée, mais ça coûte très cher et plus on fait de lignes, plus le réseau est en difficulté. La liaison vers Gradignan sera remise à plat, une étude est en cours pour l’extension vers Saint-Médard-en-Jalles. Il faudra tout remettre à plat et tenir compte de trois critères : le potentiel en termes de fréquentation, le coût et le bilan carbone. Il faudra sans doute un an ». Le renouvellement de la délégation de service public pour les transports en commun de Bordeaux Métropole est toujours fixé à 2023. « Elle devra être globale et multimodale ». Avant, il faudra compter sur une tarification non plus selon le statut mais basée sur le quotient familial (à l’exception des anciens combattants et des personnes handicapées), qui pourra aller jusqu’à la gratuité totale, le tout dans le but avouer d’augmenter la part modale du réseau TBM.

Le RER métropolitain, de son côté, n’a pas beaucoup avancé ces derniers mois. « Nous souhaitons aller le plus vite possible », a affirmé Alain Anziani, en prenant date d’une rencontre qui aura lieu ce vendredi avec le maire de Libourne, Philippe Buisson, pour étudier une liaison Libourne, Bordeaux, Arcachon. « Je crois à la solution ferroviaire, mais si on va jusqu’au bouchon au Sud de Bordeaux, ça coûtera certainement un milliard d’euros. Il faut regarder ce qui est utile et ne pas mettre tous nos moyens sur un seul moyen de transport. Le budget dédié aux transports n’est pas open-bar ». L’hydrogène, toutefois, reste un pari important sur l’avenir des motorisation des transports en commun. Si le grand plan hydrogène n’est certainement pas étranger à cet intérêt local, l’élu reste encore une fois prudent. « Nous ne raterons pas le train de l’hydrogène mais il y a beaucoup de conditions, notamment lié aux avancées de la recherche. Le bus de Pau coûte cher mais il sera sûrement intéressant d’aller voir où en est l’expérimentation ». 

De l’eau et des logements

Enfin, les deux dernières priorités ont été fléchées sur le logement et la politique de l’eau. Pour le premier cas, rien de nouveau dans la philosophie d’Alain Anziani, qui propose depuis longtemps de faire revivre la politique des 50 000 logements autour des transports en commun, quitte à y apporter un peu plus de densification qu’avant. Il y a ajoute toutefois la volonté d’un « vaste plan de rénovation de l’habitat à mener avec la région », première preuve s’il en était besoin du rapprochement politique manifeste de la majorité des deux collectivités. Pour ce qui est de l’encadrement des loyers, annoncé par le maire de Bordeaux la semaine dernière, « l’expérimentation devrait durer cinq ans et se fera en accord avec les critères des communes, qui devront justifier de tensions sur leurs loyers ».

Pour la question de l’eau, pas grand-chose de neuf non plus depuis le discours de début de mandature, si ce n’est un délai rallongé pour passer en régie publique. « Ça se fera dans un objectif précis : celui de mieux gérer la ressource en eau dans le temps et pourquoi pas avoir un prix qui s’adapte aux utilisations ». Comprenez : remplir une piscine devrait coûter plus cher que remplir une baignoire… La délégation de service public, censée prendre fin le 31 décembre 2021, devrait être rallongée d’un an. « On ne sera pas prêts le 1er janvier 2022. Il y a 36 contrats à négocier et il faut mettre en œuvre la méthode. Une équipe de préfiguration sera lancée pour poursuivre cet objectif de régie ».

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