Bordeaux Métropole : le « dossier bus » réouvert


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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 22/03/2019 PAR Romain Béteille

BHNS 2 : le retour

Il a fait son grand retour dans l’hémicycle. Le 19 juillet dernier, le tribunal administratif de Bordeaux annulait (pour vice de forme) la déclaration d’utilité publique du Bus à Haut Niveau de Service (ou BHNS) censé relier Bordeaux à Saint-Aubin de Médoc, après un recours déposé par un collectif de riverains du quartier Saint-Seurin craignant les nuisances causées par le passage du bus dans leur secteur et la non-pertinence du mode de transport. Pour rappel, le projet de BHNS tel qu’il est prévu s’étendrait sur une desserte de 21 kilomètres et traverserait les communes de Bordeaux, d’Eysines, de Mérignac, du Haillan, de Saint-Médard-en-Jalles, du Taillan-Médoc et enfin de Saint-Aubin de Médoc. Au départ prévu pour rouler au GNV (Gaz naturel de ville), le projet envisage désormais de rouler à l’électrique sans émission de gaz à effet de serre. Il envisage une fréquence de 50 000 voyageurs par jour et devrait coûter 154 millions d’euros (contre soixante-dix en 2015). La métropole (le 18 septembre 2018) et l’État (le 9 septembre 2018) ont fait appel de cette décision. Dernièrement, le collectif a écrit au président de la Métropole pour demander un nouveau temps de réflexion, critiquant notamment la partie bordelaise du tracé de la future ligne. 

Ce vendredi, le conseil de métropole approuvait donc le dossier d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique comportant une nouvelle étude d’impact, présentant notamment les « mesures envisagées en matières d’évitement, de compensation, de réduction et d’accompagnement des incidences du projet pour l’environnement ». Et si le nouveau président de Bordeaux Métropole (et maire du Bouscat) Patrick Bobet a été plutôt effacé sur le sujet, affirmant qu’il n’y avait « aucune incompatibilité entre la position de la métropole et celle de Bordeaux, personne ne gêne personne », le nouveau maire de Bordeaux a, lui, été bien plus disert. « J’ai demandé aux élus bordelais de voter la délibération présentée aujourd’hui qui est celle qui va déclencher l’enquête publique à partir du mois de mai », a-t-il ainsi indiqué. « Pour ce qui est de la pertinence et de l’utilité publique du projet en lui-même, si j’avais dû exprimer une mauvaise humeur en ne votant pas ou en demandant le retrait de cette délibération, je remettais en cause le projet, responsabilité que je ne veux pas prendre. Je ne suis pas non plus aveugle ni sourd à ce qu’il se passe depuis des semaines dans ce pays. Nos concitoyens ont besoin de plus échanger, de plus débattre. C’est ce que je demande pour une partie du tracé. Il y a eu 55 réunions, une concertation, mais je souhaite pouvoir, au mois de juin, revenir vers les habitants de Bordeaux pour leur préciser ce qui est prévu, ce qui pourrait se faire et à quelles conditions et en reparler ensembles. Ca ne bloque pas le projet, ça peut permettre de l’améliorer et je réponds à une attente forte : occuper des espaces de discussion qui ne soient pas simplement ceux prévus par la règlementation ». 

Ça ressemblerait presque à une tentative d’apaisement en vue d’un dossier « transports » sur lequel il faudra compter dans la future campagne municipale… mais Nicolas Florian va plus loin, affirmant (sans désigner le collectif Bordeaux à Coeur mais en y pensant très fort) qu' »on ne peut pas se résoudre à voir des gens annoncer avant même que l’enquête publique ne soit lancée, qu’ils vont se mobiliser pour faire des recours ou retarder. Ça ne concernera que les bordelais. J’ai aussi demandé qu’on puisse réétudier ce qui pourrait être un tracé de substitution entre les boulevards et le centre-ville. Pour avoir des éléments sur une étude par l’ouest plutôt que par l’est via la Barrière Saint-Médard comme ça avait déjà été étudié. Nous mettrons sur la table trois possibilités : la barrière judaïque (compliqué), la rue Georges Bonnac ou l’avenue du Maréchal Juin (pourquoi pas) ». Et Patrick Bobet de revenir à la charge pour défendre le nouvel élu et assurer l’extension de garantie : « on n’impose pas un projet à une commune si elle n’en veut pas. Ca n’a jamais été fait à la métropole. Si on démontrait au mois de juin que ce qui est proposé sur Bordeaux n’est pas plus cher, pas plus impactant et aussi performant en termes de desserte que ce qui est prévu aujourd’hui, ça s’étudie. A ce moment-là, il faudra par contre arrêter la concertation et tout redémarrer. Si la consultation n’aboutit pas, le projet continuera à avancer ». Initialement prévu pour 2020, le BHNS devra donc encore passer quelques printemps (y compris politiques) avant d’être sur « les rails ». 

Transports : nouvelles expérimentations

La ligne Saint-Aubin/Bordeaux n’a pas été la seule à faire l’objet d’annonces. Réuni jeudi soir, le bureau de Bordeaux Métropole a validé la poursuite du programme d’amélioration de performance du réseau de bus métropolitain. Cette dernière passe notamment par la commande de 35 bus supplémentaires pour 2019 (une augmentation qui se poursuivra en 2020), la création d’un troisième dépôt de bus (au débouché du pont Simone Veil lors de sa mise en service… retardée) et la transformation du réseau de « Lianes » en « Lianes Majeur ». En dehors de cet aspect purement organisationnel, une étude a été lancée pour envisager une stratégie d’électrification « progressive » de « tout ou partie » du réseau de bus.

Comme l’a souligné le vice-président de la métropole en charge des transports, Christophe Duprat, « plusieurs constructeurs vont nous mettre à disposition des véhicules électriques pendant quelques semaines de façon à préparer un appel d’offre à venir. Le réseau de bus est déjà peu polluant ( 70% des bus tournent au gaz naturel de ville, peut être au GNV bio demain, Bordeaux Métropole Energie ayant proposé de nous fournir du biogaz) et 25% des véhicules tournent au diesel. On va aussi regarder de près l’hydrogène, la ville de Pau va lancer en septembre son premier BHNS à hydrogène (huit bus sur huit kilomètres), on va regarder comment ça fonctionne pour prendre exemple sur les bonnes idées ». La stratégie passe aussi par un objectif de gain de « vitesse commerciale ». Cela passera par la  création de voies de bus (des travaux sur les boulevards bordelais ont déjà été faits dans ce sens et d’autres sont à venir notamment au Haillan et à Eysines d’ici l’été). Le délégataire envisage également une « expérimentation de suppression de 15% des arrêts sur une ligne pour gagner du temps. On veut aussi expérimenter un bus à quatre portes pour permettre aux passagers de monter et descendre à toutes les portes comme dans un tramway, même s’il faudra regarder comment se comporte la fraude à ce niveau ».

Face à une hausse de la fréquentation de 30% depuis trois ans, certaines lianes ont été renforcées et le réseau souhaite gagner encore en fréquentation via ces nouvelles mesures. Si le tramway concentre les deux tiers des voyageurs du réseau TBM, les bus, eux, comptabilisent 25% des voyages. Enfin, le réseau a visiblement entendu les critiques émises notamment par divers élus de l’opposition sur l’obligation de passer en centre-ville de Bordeaux pour assurer certaines dessertes. « On va lancer de nouvelles lignes, dont deux très demandées par les maires et les usagers », a ainsi précisé Christophe Duprat. La première reliera Bassens au campus (en passant par la rive droite). Tous les travaux ne seront pas optimisés dès la mise en service, ça se fera au fil du temps ». Cette ligne devrait, « à termes » (sans que ce dernier n’ait été précisé) être en site propre, et 70 nouveaux conducteurs devraient être nécessaires pour la faire fonctionner. Sa fréquence devrait être toutes les quinze minutes, cinq entre la gare Saint-Jean et le campus. La deuxième nouvelle ligne à venir reliera Pessac au Haillan par le biais d’un BHNS extra-rocade, proposé dans le cadre de l’enquête publique sur l’extension du tramway vers l’aéroport. Petite nouveauté : elle pourra utiliser dans les deux sens la bande d’arrêt d’urgence entre les sorties douze et treize de la rocade « en fonction de la circulation. L’idée derrnière ces deux lignes, c’est surtout de ne pas repasser par Bordeaux centre pour aller d’un point A à un point B. Ces deux lignes devront démontrer qu’il y a des possibilités de passer par la périphérie pour désengorger le centre ». Elles sont toutes les deux prévues pour une mise en service en septembre prochain. 

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