Ford Blanquefort : l’ultimatum lancé


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 21/09/2018 PAR Romain Béteille

Avant-dernière étape (?)

Le ton a changé. Ce mercredi dans un communiqué adressé à la presse, la direction du site Ford à Blanquefort, a déclaré que « des progrès significatifs ont été réalisés  » sur une reprise de l’usine. Pour la première fois depuis fin février et l’annonce de la cessation d’activité du groupe et après de nombreux comités de suivi organisés depuis pour accompagner une procédure de plan de sauvegarde des emplois (PSE), et Ford a assuré que la priorité pour le groupe est désormais « l’identification d’un repreneur fiable ». Ce repreneur, c’est un fabricant strasbourgeois de boîtes de vitesses, Punch Powerglide, officiellement « en discussion avec Ford » pour reprendre le site de Ford Aquitaine Industries (FAI). Ce vendredi matin, le ministre de l’économie Bruno Le Maire était à Bordeaux. Il a participé, aux côtés des élus locaux et des représentants syndicaux de l’usine, à une réunion à la préfecture de Gironde pour évoquer l’avenir proche et les échéances à tenir avant la fin du PSE programmée pour décembre.

Des négociations à poursuivre

S’il n’a pas annoncé avoir abouti à une offre de reprise, il a en revanche confirmé que la proposition de Punch était sérieuse et réaffirmé son soutien aux salariés de l’usine. « Je crois en l’avenir du site industriel de Blanquefort », a-t-il martelé. « C’est un bel outil de production avec des salariés motivés ayant fait preuve de sens des responsabilités. Nous leur devons la réussite de la reprise et de la transition. Je crois à un Etat responsable qui prend ses responsabilités quand une entreprise est confrontée à des difficultés conjoncturelles, qui aide les repreneurs et les collectivités locales, qui trace une route et un chemin. Je suis convaincu que d’ici quelques années, nous pourrons avoir retrouvé sur Blanquefort un beau site industriel moderne, compétitif, avec les emplois qui vont avec ».

Pour autant, rien n’est encore décidé et de nombreux paramètres restent encore à ajuster, malgré le groupe de travail mis en place par Bruno Le Maire en mars. « Aujourd’hui, le plan de charge de l’usine n’est pas encore suffisant, il doit être amélioré par Punch avec l’aide de Ford et apporter des précisions. Nous avons encore des problèmes financiers à régler parce qu’on sait très bien qu’il y aura de toute façon un ajustement des effectifs pendant une période temporaire. Il pourra y avoir des départs volontaires, du chômage technique, des mesures transitoires. Il y a aujourd’hui, à ma connaissance, 847 salariés sur le site de Blanquefort. Pendant une période que je souhaite la plus courte possible, ce ne sera pas le même volume de salariés. Enfin, il y a des ouvertures possibles vers des commandes en Asie qui supposent de signer des conventions mais ces dernières ne sont pas encore totalement achevées, ça fait partie des sujets qui sont en négociation », a souligné le ministre tout en annonçant avoir « fixé le prochain rendez-vous à la fin du mois d’octobre. Il faut qu’à cette date, les salariés de Blanquefort soient fixés sur leur sort. Ford veut partir et personne ne l’en empêchera. Ca ne serait pas une bonne chose parce que forcer une entreprise industrielle à rester sur un site alors qu’elle n’en a pas envie, ça voudrait dire qu’elle ne ferait pas les investissements nécessaires et qu’on irait vers le pourrissement. Ford doit donc prendre ses responsabilités au niveau des commandes, on ne peut pas passer à zéro commandes du jour au lendemain. Je veux avoir des assurances sur le volume que Ford va laisser dans les années à venir, à la boîte de vitesse et au quarter près. Pour les mesures concernant le personnel, l’Etat est prêt à contribuer mais Ford doit payer ».

Les syndicats toujours mobilisés

Présent à cette réunion, l’employé de Ford et ancien candidat à la présidentielle, Phillippe Poutou, s’est autorisé un espoir. « De notre côté, on va se battre. On tient absolument à sauver le plus possible nos emplois, à ce que l’usine survive. On sait que c’est possible mais que ça nécessite un rapport de forces. Ce qui est rassurant, c’est que le dossier est entre leurs mains, ils s’en occupent, on pense donc que tout ce qu’on fait depuis longtemps, c’est utile. On espère qu’au final, le PSE deviendra une discussion pour décider de ceux qui restent, même si on a du mal à imaginer que tout l’effectif sera maintenu. Cette perte là sera quand même moins dramatique dans la mesure où on a environ 300 à 400 collègues soient pré-retraitables. Il va falloir se battre pour que ces dernières se fassent dans les meilleures conditions possibles, c’est à dire sans pertes de salaires. On ne va pas faire les heureux puisque si on fait le bilan, ce sont des centaines d’emplois qui ont été perdus depuis des années mais si on arrivait à sauver l’usine et ses emplois induits, ce serait énorme. On pense qu’on a raison d’espérer et de ne pas considérer que c’est perdu d’avance. Il n’y a pas que Ford, il y a aussi GMS, on sait que ça licencie à Carrefour, à Newlook, à Métaltemple… C’est une situation dramatique pour plein de gens, il y a donc intérêt à mener ce combat. Si on pouvait créer une sorte de dynamique, ce serait bien », a notamment déclaré le porte-parole syndical, ajoutant avoir « exigé que notre expert économique soit intégré dans le processus de discussion, pas juste pour des questions de transparence mais pour qu’il puisse aussi juger la crédibilité des propositions ».

En attendant cette future échéance du mois d’octobre et une décision définitive, les syndicats ont prévu une nouvelle manifestation ce samedi à Bordeaux, le départ est prévu à 14 heures place de la République. Et à entendre un représentant syndical, les salariés de Ford Blanquefort ne devraient pas être les seuls présents puisque des délégations d’usines Ford de Cologne, Saint-Denis et Valence devraient venir grossir les rangs. Il faut dire que le constructeur américain, en pleine restructuration et en perte de vitesse sur le marché européen, pourrait licencier une partie de ses salariés. Au niveau national, la fédération de la métallurgie CGT a, de son côté, appelé à une grande manifestation, délocalisée à Bordeaux, le 25 octobre prochain. Selon son responsable syndical « on veut faire un temps fort sur l’automobile avec une manifestation à Bordeaux parce que beaucoup d’usines ferment et de nombreuses entreprises, de part les nouvelles technologies de motorisation, vont être menacées assez rapidement. On veut vraiment tirer un cri d’alarme et on pense que de manière symbolique, la région Nouvelle Aquitaine, qui est très touchée actuellement, est un choix judicieux. Comme on ne pourra pas déplacer les syndicats de toute la France, on appelera aussi à une heure de grève dans toutes les entreprises de l’automobile ». Et ce à quelques jours du coup de sifflet final avec un gouvernement qui n’a visiblement pas à coeur de jouer les prolongations.

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