L’Arena pourra-t-elle accueillir (tout) son public ?


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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 10/01/2018 PAR Romain Béteille

Elle est annoncée depuis de longs mois, et même si le pont censé lui être associée pour en permettre un meilleur accès n’est pas attendu avant 2020 (études environnementales obligent…), la grande soirée d’ouverture de la nouvelle salle Arena de Floirac va bel et bien avoir lieu le 24 janvier prochain, et un certain groupe anglais (ça commence par Depeche et ça finit par Mode) devrait s’inviter à la fête. On ne va pas vous mentir, on a déjà beaucoup parlé de cette salle et de ses différents aspects (on l’a même visitée alors qu’elle n’était pas tout à fait terminée) : une jauge de 2500 à 11 300 places pour recevoir des concerts mais aussi des spectacles ou des compétitions sportives aux jauges plus modestes. En tout, pas moins de 20 configurations possibles sont promises dont les tribunes rétractables sont bien sûr, un des éléments clé. Mais si ces 17 000 mètres carrés (composés, entre autres, de huit bars intérieurs plus une brasserie ouverte en dehors des heures de spectacles) réalisés en contrat de concession de travaux publics sur vingt ans (après quoi Bordeaux Métropole en deviendra propriétaire puisqu’investisseur majoritaire à hauteur de 57 millions d’euros sur les 75 millions du coût de construction total), ont été réalisés selon un modèle plutôt solide (35% des lots confiés à des PME locales, 80% des travaux réalisées par des entreprises girondines ou régionales, 5% des heures de travail réalisées par 64 personnes en « difficulté sociale »), la question de son accès par les habitants de la métropole soulève encore quelques interrogations. 

« Un kilomètre à pied, ça use, ça use »

C’est que le pont Simone Veil et le futur bus à haut niveau de service censé passer dessus ne sont pas attendus avant 2020, qu’il se pourrait fort que le pont de pierre reste fermé à la circulation automobile et que la jauge de spectateurs lors des grands concerts n’est a priori pas vraiment adaptée à la géographie alentour, d’autant que le chantier du futur pont a déjà démarré. Interrogé sur la question ce matin, le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a tenté d’atténuer les inquiétudes. « 960 places de parking, ce n’est pas 960 personnes. Si les gens viennent dans la salle avec une personne par voiture, ça va évidemment poser un problème. Il faut absolument qu’on incite au co-voiturage. Dans 80% des cas, les spectacles auront une jauge inférieure à 7000 places, les spectacles à 11 000 seront, en pourcentage, tout à fait marginaux. La marche et le vélo, ça existe. Pour aller à l’Arena, il faut quinze minutes à bicyclette, dix minutes depuis la gare. Depuis Paludate, on met une demi-heure à pieds. On fera un peu la police : il y aura des dispositifs anti-stationnement sur les trottoirs, la fourrière sera mobilisée, nos polices municipales coordonneront leurs efforts pour faciliter la circulation. Au fur et à mesure de l’expérience, nous adapterons le dispositif », a assuré Alain Juppé. Six emplacements de taxis, des avertissements envoyés par sms aux spectateurs les soirs de spectacles pour les places de parking, des emplacements pour les cars de tourisme, 500 arceaux pour 1000 places de vélo : c’est sûr, la métropole et la commune font visiblement leur possible pour consolider le pansement. Mais la grande question, c’est au niveau des voitures qu’elle se pose.

Concrètement, un parking voiture de 962 places et un autre, provisoire, de 130 à 140 places situé juste à côté, seront mis à disposition. Fin décembre, le gestionnaire Parcub a révélé les tarifs de ces places, qui ne feront pas forcément l’unanimité : s’il est valide deux heures avant, pendant la durée du spectacle et deux heures après, le tarif unique de douze euros proposé (pour l’instant certain jusqu’au 27 mars 2019), qui s’ajoute au prix du billet sans tarif préférentiel notable, a effectivement de quoi inciter à utiliser ses jambes. « On a mis des moyens », assure pourtant Christophe Duprat. « Le jour où il n’y aura pas de spectacles, ce parking servira de parc relais. Nous allons également desservir l’Arena avec une navette spécifique entre la porte de Bourgogne, la place Stalingrad et la salle de l’Arena. Les jours de grandes jauges, on aura neuf véhicules attribués, soit plus de milles personnes à raison de 120 places par bus. Des arceaux à vélos et des cheminements piétons le long des quais ont aussi été aménagés. On permettra aux personnes qui prennent les transports en commun d’avoir un titre spécifique : pour trois euros, ils bénéficieront d’un pass Arena qui leur permettra de faire l’aller-retour. L’idéal, c’est que les gens sachent qu’il y ait plusieurs moyens de venir à la salle », précise l’élu métropolitain en charge des transports et du stationnement, tout en avouant que « bien sûr, au départ, il y aura une petite indulgence. 2020 nous donnera évidemment une bouffée d’oxygène ». Les précédents lors de l’ouverture du stade Matmut Atlantique sont sans conteste là pour en témoigner. Concernant les dispositifs déjà existants, à savoir les parcs-relais des lignes A et C du tram et les lignes de bus TBM desservant la salle (10, 28, 32, 62), ils auront bien sûr la charge de venir renforcer le dispositif. 

Renforcer la tranquilité des riverains

La ville de Floirac, elle, s’occupe de son côté d’assurer une sécurité supplémentaire aux dispositifs déjà mis en place (dispositif anti véhicule bélier, blocs de béton implantés le long du parvis, fossé, gestion des files d’attente). Si la tranquillité des riverains, assurée par l’acoustique « adaptée » via notamment une cour intérieure permettant d’éviter les nuisances sonores, est promise, la commune veillera à éviter, avec « discernement » selon son maire Jean-Jacques Puyobrau, les stationnements « à la sauvage » sur les trottoirs. Elle renforcera ainsi la présence policière (de 4 à 12 agents), qui viendront sans doute s’ajouter à tout le personnel de sécurité présent sur place. La grande nouveauté, c’est l’annonce de la mise en place d’un stationnement résidentiel autour de l’Arena, piloté par la mairie de Floirac, « pour faciliter l’accès et le stationnement résidentiel les soirs de forte affluence ». « Nous avons délimité un périmètre de tranqulllité qui sera doté de filtrage (barrière et agents) ». Ces fameux riverains seront dotés d’une vignette à coller sur leur voiture, qu’ils pourront retirer directement à la mairie à partir de vendredi 12 janvier et via des permanences de 9h à 12h les samedis 13 et 20 janvier, en présentant des justificatifs adaptés (carte grise, pièce d’identité, justificatif de domicile). Ces vignettes concerneront essentiellement une zone délimitée par deux rues perpendiculaires à la Garonne : la rue Jules Guesde et l’avenue Jean-Alfonséa et sera restrictive : pas plus de deux vignettes par famille.

Enfin, la mairie indique que la zone de l’avenue Jean-Alfonséa située entre le quai de la Souys et la rue des Pibales sera réservée aux piétons « systématiquement ». « Nous allons tester ces dispositifs qui ne sont pas figés dans le marbre et ont vocation à évoluer. Notre souci, c’est la tranquilité des habitants (…) il faut aussi qu’ils prennent d’autres habitudes. Ce qu’il nous faut gérer, c’est ce delta entre la livraison de la salle et celle du pont ». C’est toute la question à laquelle les premières réponses ne pourront pas être apportées avant les différents tests de la programmation prévue. On parle là de soixante trois spectacles/concerts en 2018 (de Jamel à Charles Aznavour en passant par Véronique Sanson, Imagine Dragons, Celtic Legends, le Cirque du Soleil ou encore le spectacle équestre du Cadre noir de Saumur), dont neuf confirmés en jauge pleine, trente en moyenne jauge et cinquante spectacles de moins de quatre mille places. Seules absentes pour l’heure, les compétitions sportives : aucune n’est prévue pour cette année et ces dernières sont, aux dernières nouvelles, plutôt attendues pour 2019. Une politique d’offre est donc censée s’adapter aux remontées du terrain. Quand on questionne le maire de Floirac sur les perspectives d’évolution du nombre de places de parking, celui-ci reste assez timide. « Il y a sur la périphérie, des zones qui ont été identifiées comme stationnement potentiels ». De son côté, la métropole assure « de nombreuses places de stationnement, entre 500 et 600, sont accessibles à proximité de la salle dans un périmètre d’un kilomètre ». Quant-aux discussions potentielles évoquées il y a quelques mois avec, par exemple, le centre commercial Auchan Bouliac, les avis sont moins tranchés. « Le directeur (d’Auchan Bouliac) considère, à juste titre, qu’il est chez lui et qu’il n’a pas à subir de préjudice au regard de l’ouverture de la grande salle de spectacles. Il a émis des hypothèses, c’est quelqu’un avec qui nous discutons ». Ce directeur de magasin ne serait-il pas fan de Depeche Mode ? En attendant d’en être sûr (ou pas), le 24 janvier sera à coup sûr une date à marquer d’une pierre blanche… où d’un galet.

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