Bordeaux : immersion en photo dans un centre de soins


Yoan Denéchau
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 09/01/2019 PAR Yoan DENECHAU

35 clichés en noir et blanc pour illustrer la vie dans les centres de soins de l’ANPAA Nouvelle Aquitaine. « J’ai pris beaucoup de plaisir à réaliser ces clichés », précise le photographe. Il a dû passer du temps dans chaque centre, afin de se faire oublier et accepter tant par le personnel que les usagers. Le rapport à ces derniers avec l’objectif n’a d’ailleurs pas toujours été facile. « Beaucoup m’ont dit « il n’y a que certaines personnes qui peuvent me photographier », et au final, en voyant mon travail, plusieurs ont changé d’avis ».  Et si jamais certains ne voulaient pas être photographiés, Laurent Wangermez s’est adapté en jouant avec les flous ou en les prenant de dos. Sur les 600 clichés, 35 ont été exposés. L’un d’eux représente par exemple l’œuvre d’une jeune femme, réalisée dans le cadre d’une art-thérapie. Elle a façonné un chat à partir de cheveux – qui n’étaient pas les siens -, alors qu’à son arrivée, elle était incapable de pétrir quoi que ce soit. 


« Je viens de retrouver un boulot » ©Laurent Wangermez
 

 « L’objectif initial de l’exposition est de permettre aux salariés de l’ANPAA de connaître leur environnement de travail. Et ainsi d’obtenir une vision d’ensemble de leur métier, et de mieux se connaître », souligne Laurent Wangermez. C’est aussi un moyen pour l’association de sensibiliser le public à des conditions de travail pas toujours aisées et au statut des usagers. En effet, Philippe Dauzan, directeur régional de l’ANPAA, a donné carte blanche à Laurent Wangermez, ce qui lui a permis de capter l’atmosphère des dix centres de la région (Agen, Angoulême, Bayonne, Bordeaux, Brive, Limoges, Mont-de-Marsan, Pau et Périgueux). Dans chacun de ces derniers, qui accueillent dix à trente personnes, se côtoient des infirmiers, des travailleurs sociaux, des médecins et des psychologues.

Un projet éclairant sur le quotidien de ces établissements

Dans ces établissements dits généralistes, « toutes les addictions sont traitées : alcool, tabac, cannabis, drogues dures, mais aussi addictions ‘sans substance’ telles que les jeux vidéo ou le cyber-sexe », précise Philippe Dauzan. Les établissements prennent également en charge une dépendance dans l’air du temps : celle des écrans. Une précision est toutefois nécessaire : un utilisateur n’est pas addict à son téléphone portable ou son ordinateur, mais il est dépendant à son contenu. « Cette addiction aux écrans est une vraie problématique, en tout cas pour les jeunes, aujourd’hui » !

Selon Philippe Dauzan, la principale difficulté de l’ANPAA est de répondre aux besoins de tout le monde. « La France compte plus de 14 millions de fumeurs, 7 millions de personnes sont dépendants à l’alcool, et nous aujourd’hui en Nouvelle Aquitaine, on reçoit 10 000 personnes à l’année, ce qui semble peu vu l’étendue du territoire ».

Le directeur régional de l’ANPAA voit une chose fondamentale à travers cette exposition : « on rend les usagers humains, ils ne sont plus des malades, ils sont comme vous et moi, on peut les croiser dans la rue, et la seule chose qu’on a à faire c’est de les prendre en charge pour qu’ils aillent mieux ». Peut-être est-ce là un autre objectif de cette exposition : casser les codes et les préjugés autour de l’appréhension des usagers. « La vie dans un centre de soins en addictologie » reste à Bordeaux jusqu’au 18 janvier, avant d’être déplacée dans toutes les délégations départementales de l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine .


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