Bordeaux: le Centre Jean Moulin en travaux pour mieux résister au temps


Alix Fourcade
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 06/02/2018 PAR Alix Fourcade

Ça déménage au Centre Jean Moulin. Les pochettes plastiques destinées à l’emballage des journaux de l’Occupation, comme Signal, côtoient les grandes boîtes en carton grises renfermant les trésors du musée installé au sein des locaux de l’ancienne Caisse d’épargne. Dans le couloir vide du premier étage, les caricatures font face aux vitres à travers lesquelles on aperçoit le bien-nommé voilier « S’ils te mordent », utilisé par les résistants pour rejoindre Londres depuis Morlaix en 1943, et transporté par grue sur la terrasse.

Créé par Jacques Chaban-Delmas en 1967, compagnon de la Libération, le Centre Jean Moulin va faire l’objet d’un lifting à 5 millions d’euros jusqu’en 2022.

Les travaux vont commencer par une mise hors d’eau complète du bâtiment, un déménagement des combles et une réfection de la toiture. Suivront, à partir de 2020, une mise en conformité électrique, l’aménagement d’un accès pour les personnes handicapées, une nouvelle sécurité incendie et un ravalement.

Les quelque 8.000 pièces de la collection, témoins de la Résistance et des Forces Françaises Libres, vont être répertoriées et numérisées par une petite équipe autour de son directeur, Christian Block. Cette dernière va aussi se rendre chez les privés pour faire de l’« archéologie en grenier » et tenter de remettre la main sur des originaux. 

Priorité au jeune public

Le Centre, qui a vu ses fréquentations augmenter avec 40.000 visiteurs en 2017 grâce, notamment, à ses expositions temporaires, mise sur ces travaux pour séduire le public, et les jeunes particulièrement – Les guerres mondiales occupent la majeure partie du programme d’histoire en 4ème – Comment ? En s’appuyant sur le numérique, mais « il ne s’agira pas d’un palliatif à la médiation humaine qui restera au cœur de notre politique », a précisé Laurent Védrine, directeur du musée d’Aquitaine.

Au-delà de cette dimension pédagogique, la modernisation entend remplir un devoir de mémoire en insistant sur la notion d’une résistance unifiée. Dans la lignée de l’idée fondatrice du Centre – Jacques Chaban-Delmas avait voulu parler d’ « une » résistance française et non « des » résistances -, le musée s’attachera à établir des parallèles avec le présent. « On ne peut pas se contenter de présenter l’histoire figée dans son temps » a, en effet, affirmé Christian Block. L’historien souhaite fournir des clés de réflexion aux jeunes sur leur époque et dresse un parallèle entre les démarches nazies et djihadistes, visant toutes deux à un « ethnocide », soit la destruction d’une civilisation. 

Intérieur du Centre Jean Moulin

La dissertation de philosophie de Jean Moulin disponible en ligne

L’installation du musée « hors-les-murs » va néanmoins s’appuyer sur le numérique. Certaines œuvres vont être mises en ligne et à disposition du public sur le site du musée d’Aquitaine, le Centre Jean Moulin étant placé sous sa responsabilité. Un « objet-témoin » sera mis en avant tous les trois mois sur cette plateforme : une dissertation de philosophie de l’élève Jean Moulin inaugurera ce cycle dans les semaines qui viennent. 

Suivront une poupée défoncée qui a permis de sauver la vie d’une dame lors des bombardements à Bordeaux, puis des lettres d’amour du résistant bordelais Jean Renaud Dandicolle. Précisons que 95% des objets de la collection du Centre sont des dons de privés selon son directeur Christian Block.

Des visites sur les différents lieux de la résistance dans Bordeaux et des conférences sur la Première et la Seconde Guerre mondiale seront organisées pour le grand public en 2018, en parallèle d’actions sur la guerre et la déportation, dans les établissements scolaires. En 2019, une exposition sur les « grands dons », soit les œuvres majeures du Centre, sera visible au musée d’Aquitaine, puis une autre, en 2020, préfigurant le nouveau musée de la résistance.

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