Le pont de pierre restera fermé aux voitures


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/07/2018 PAR Romain Béteille

La décision est visiblement ferme et définitive : ce jeudi 5 juillet, le maire de Bordeaux Alain Juppé a annoncé le maintien de façon définitive de la fermeture du pont de pierre aux véhicules à moteur, ce dernier restera donc réservé aux bus, taxis, véhicules prioritaires, vélos et piétons. La décision, prise en comité de pilotage alors que l’expérimentation était en cours depuis l’été 2017, intervient dans un contexte compliqué justifié par le retard pris dans la construction du pont Simone Veil, dont la livraison a récemment été décalée entre un et trois ans. Et les maires de Floirac, Carbon Blanc ou Ambès ont eu beau argumenter un problème de temporalité et d’importante congestion automobile, le maire de Bordeaux, après « de larges débats », a préféré la solution du maintien de la fermeture. « Tous les comptages et les chiffres montrent qu’il n’y a pas eu de dégradation de la situation. Sur certains itinéraires, on a même constaté une légère amélioration. Si la congestion s’aggrave, c’est pour d’autres raisons. Le retard du pont Simone Veil ne change rien et on travaille d’arrache-pied pour que le retard soit réduit autant que possible ».

Des arguments chiffrés

Derrière cette décision, le comité de pilotage s’est basé sur des chiffres précis, notamment le « succès » du pont de pierre auprès des cyclistes et des piétons : 18 000 utilisations quotidiennes en vélo ou à pied « en jours ouvrés » en juin 2018. En termes de report modal selon une enquête interne réalisée au début du mois de juin auprès de 1000 cyclistes et piétons, 11% des cyclistes et 13% des piétons sur le pont sont d’anciens automobilistes, 2% des cyclistes et 4% des piétons viennent du tramway « et y ont été remplacés par d’anciens automobilistes ». 3150 franchissements de la Garonne en voiture auraient ainsi été évités chaque jour. La métropole affirme par ailleurs que la congestion automobile « est globalement revenue au niveau de l’automne 2016 alors que le nombre de déplacements a nettement augmenté ». L’une des deux enquêtes de la CCI de Bordeaux précisant qu’une majorité de commerçants se déclarent impactés négativement et sont défavorables à l’expérimentation a elle aussi été prise en compte : « sur 100 commerçants interrogés, sept ont délivré leurs comptes d’exploitation, soit une très faible minorité ». Toujours côté cycliste, 16% d’entre eux utilisaient un autre mode de déplacement avant l’expérimentation, 70% ont abandonné la voiture, 60% pour les piétons. Du côté du trafic routier, en heure de pointe, il correspondait « à moins de 3% du trafic automobile franchissant la Garonne depuis la rive droite », contre 21% depuis l’expérimentation, soit une hausse de la fréquentation en heure de pointe.

Des mesures d’accompagnement

Enfin, Alain Juppé a affirmé que le pont de pierre était un « point de congestion important » (avec un temps de parcours à l’heure de pointe « plus de quatre fois supérieur à celui en heure creuse »). Et aux associations qui demandaient une ouverture partielle en guise de solution intermédiaire, elles vont être déçues : « ce serait ingérable et ça représenterait un risque d’accident majeur ». Surtout, cette fermeture définitive représente un aspect symbolique : « Le réouvrir serait un contre-signal dans le contexte métropolitain, national et international. La transition énergétique avance à pas comptés, approuver ce retour en arrière irait à rebours de l’Histoire ». Enfin, l’argument de consolidation des piliers du pont a plaidé en la faveur du maintien de la fermeture : si une opération de mécénat avait été lancée par la métropole pour financer les travaux, elle est depuis restée bien silencieuse. Comme l’Histoire et les automobilistes doivent quand même avancer, plusieurs mesures à courte ou plus longue échéance ont été annoncées dans la foulée, « pour faciliter les choses ». Dès le mois de septembre prochain, la métropole va mettre en place un « bonus covoiturage » pour inciter les automobilistes à changer leurs pratiques. Ce « bonus », bien que sa nature n’aie pas encore été définie (peut-être des réductions pour l’abonnement au réseau de transports ?) se fera via une application mobile.

La rocade, elle, bénéficiera d’une régulation d’accès : concrètement, il s’agira d’installer des feux sur certaines bretelles pour réguler l’axe principal, notamment aux heures de pointe. Côté rive droite, quatre rames de tramway supplémentaires devraient être livrées d’ici à la fin de l’année 2018, dont deux rames supplémentaires par heure toute la journée (une depuis la Gardette et une depuis Dravemont) et des incitations au développement du vélo de l’autre côté de la Garonne devrait être enclenchée via les futures maisons de la mobilité votées dans le dernier plan vélo métropolitain. Pour 2019, le Syndicat Mixte (qui doit toujours être officiellement lancé en ce mois de juillet) aura deux missions urgentes à mettre en place : une première ligne de cars express sur l’aire métropolitaine de Bordeaux et même au delà : une liaison avec Libourne est prévue (espérant provoquer un allègement de l’utilisation de la voiture individuelle pour les trajets vers Bordeaux) et des discussions sont actuellement en cours, notamment, avec Marmande et le Cubzacais. D’autres cars express spécifiques à la Rive Droite sont également dans l’agenda du Syndicat, à « moyen terme ». Enfin, et c’est peut-être l’une des annonces les plus attendues par les habitants, la métropole a annoncé travailler sur une amélioration du réseau TER « pour leur redonner une place qu’ils n’ont pas, le système régional étant insuffisant ». Cela passerait notamment par la réouverture de la Gare de La Médoquine, à Talence et une meilleure desserte, notamment sur la Presqu’île, un axe fort récemment défendu par les maires de la Rive Droite, qui partagaient également de manière assez concertée l’idée d’un téléphérique. Quant aux opposants à la fermeture du pont de pierre, ils vont visiblement devoir s’habituer…

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