Le pont Simone Veil fait le beau


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 12/12/2017 PAR Romain Béteille

Un projet qui « accuse le poids des ans »

Il en aura fait couler de l’encre, ce pont Simon Veil. Et il n’y a que très peu d’enjeux à parier qu’il en fera couler encore d’ici 2020. Ce mardi 12 décembre 2017 était en tout cas à marquer d’une pierre blanche pour ce vaste chantier prévu pour boucler la grande boucle des boulevards au sud de Bordeaux, comme l’avait fait le pont Chaban-Delmas en son temps. C’est en effet hier soir que l’on a pu assister à la très officielle et habituelle « première pierre » symbolique de l’ouvrage, l’occasion d’en apprendre un peu plus sur ce qu’il sera et ce qu’il devra être pour les quais de Bègles comme de Floirac. « Il est des premières pierres qui pèsent plus que d’autres. Celle d’aujourd’hui accuse le poids des ans », a ainsi rappelé à la tribune Jean-Jacques Puyobrau, le maire de Floirac. Un petit rappel qui souligne bien que le projet était déjà dans les têtes en 1996, au moment où Bordeaux Métropole s’appelait encore la Cub, et que les multiples études et que la concertation qui a eu lieu entre temps a enfin permis de le rendre tangible. En dehors des discours et autres éloges de rigueur pour ce type d’évènement, on sait qu’en réalité le pont, déclaré d’utilité publique en mars dernier, a déjà commencé ses travaux préparatoires depuis mars 2017 côté rive droite. RTE s’est occupé de dévoyer le cable très haute tension alimentant le centre de l’agglomération dans le courant de l’été et ces deux derniers mois, l’entreprise Dubreuil a consolidé les sols pour préparer la future construction. Vous l’avez peut-être remarqué si vous circulez sur la zone depuis fin octobre : circulation réduite à une seule file pour créer des emprises, réduction de la vitesse à 70 km/h… tout ça en prévision d’un déplacement du trafic de l’actuelle voie sur berge à l’horizon de juin 2018. Jusqu’en mars, les travaux concernent la construction d’une estacade provisoire au dessus de la Garonne, avant l’arrivée des premiers batardeaux au premier trimestre.

Autoroute VS Boulevards

Mais que sait-on, au final, sur ce pont ? En guise de rappel, précisons que l’ouvrage, disigné par l’agence OMA, mesurera 550 mètres de long et 44 mètres de large. Il accueillera deux voies (une par sens de circulation) dédiée à un transport en commun en site propre, quatre pour les voitures et une piste cyclable dans les deux sens. Enfin, il accueillera une « plate forme urbaine » grâce à un élargissement de l’espace dédié aux piétons et aux deux roues (quasiment 20 mètres supplémentaires). Le coût du projet, pas non plus pharaonique, est tout de même estimé à 146 millions d’euros dont un tiers dédié à la réalisation des raccordements des deux côtés du fleuve. Le marché a été accordé au groupement Razel Bec (dont le groupe Fayat est mandataire), un ancrage local voulu déjà bien en amont des premières phases de concrétisation. La première estacade provisoire, rive droite, est prévue courant décembre. Avant que l’on puisse s’y promener en vélo, il faudra encore 32 mois, au cours desquels on installera notamment une déviation provisoire de la voie sur berge rive gauche (en juin 2018), on installera provisoirement la trémie rive gauche (mi-2019) et où on terminera, enfin, les travaux de voirie et réalisera les aménagements paysagers, attendus pour février 2021. Un projet de grande envergure, donc, et surtout très stratégique puisque situé, rive droite, à deux pas de la future salle Arena de Floirac et, rive gauche, à quelques encablures du vaste chantier d’Euratlantique. 

Cette »première pierre » intervient aussi dans un paysage où les facilités de circulation sur la métropole bordelaise sont largement remises en cause depuis plusieurs semaines, et dont il a récemment été prouvé que l’étalement urbain qui accompagne son attractivité, est aussi vrai pour les bouchons. « Je pense que cela va fluidifier la circulation, en particulier sur la rive gauche », destinée à passer du statut d’autoroute à celui de boulevard, a notamment évoqué le maire de Bordeaux, Alain Juppé, ce mardi. 

Contexte enclavé

La promesse est en tout cas plus que jamais d’actualité, tandis que les travaux de confortement du pont de pierre (via un financement qui, on le rappelle, devait comporter un volet participatif et de mécénat) ont démarré en juin dernier pour un achèvement prévu en mars 2018. L’ouvrage, qui depuis quelques mois est fermé à la circulation, attend toujours de savoir s’il le sera définitivement (décision qui devrait arriver courant janvier), ce qui déplairait visiblement à la quarantaine de commerçants ayant interpellé le maire de Bordeaux le week-end dernier, lors du conseil de quartier de Bastide, inquiets depuis plusieurs mois par une baisse de leur chiffre d’affaires. Quant à savoir si le futur pont Simone Weil réussira à attirer, rive droite, la circulation automobile que le pont de pierre a perdu, le maire de Bègles, Clément Rossignol Puech, présent lors de cette inauguration, a son avis sur la question. « Je comprends la grogne des commerçants, mais dans ce cas là, il faut mettre en place une autre circulation où les aider d’une autre manière même si ce sera difficile de revenir en arrière », affirme-t-il, rejoignant ainsi directement la position exprimée par Alain Juppé face aux commerçants en question.

« Ce pont là va permettre de rééquilibrer l’accès du centre de Bordeaux au niveau des deux rives. On voit qu’il y a beaucoup de circulation côté Bègles sur la voie sur berge. À terme, ce sera limité à 50 km/h, ce qui rééquilibrera aussi l’ensemble des franchissements. Le Pont Saint-Jean, peu utilisé car les têtes de pont sont peu comprises par les bordelais, vont également être revues par Euratlantique, ce qui permettra une meilleure accessibilité sur la rive droite pour les commerçants. Cela dit, penser que c’est l’accessibilité automobile qui fait vivre les commerces dans le centre-ville de Bordeaux, c’est une erreur. Il faut changer un peu sa façon de voir les choses. Toutes les expérimentations, tous les projets de piétonisation où il y a une augmentation de la qualité de l’espace urbain ont fait que les bons commerces se portent mieux », a renchéri le maire de Bègles. Évidemment, le pont Simone Weil ne sera certainement pas témoin des problèmes de circulation déjà attendus au tournant au moment de l’ouverture de l’Arena. Mais ce franchissement a décidément pas mal de choses à prouver, tout comme, au niveau national, le futur projet de loi de transports censé « désenclaver les territoires » annoncé pour février par la ministre des transports, Elizabeth Borne. De quoi largement faire chauffer les moteurs des débats de la métropole dans les prochains mois. En attendant le miracle du retour d’une circulation fluide, la fin de la construction du pont est toujours prévu pour l’été 2020. D’ici là, mieux vaut prévoir de partir en avance… 

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