Les boulevards de la métropole bordelaise s’ouvrent à la concertation


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 14/11/2019 PAR Romain Béteille

Les avis étaient partagés mais le public très nombreux (plusieurs centaines de personnes) ce mercredi 13 novembre au stade Brun à Bordeaux à l’occasion de la première réunion publique de concertation sur le projet de transformation des boulevards. Le projet part-il vraiment d’une « feuille blanche » comme l’a affirmé à cette occasion le président de la métropole et maire du Bouscat, Patrick Bobet ? En tout cas, il figurait en bonne place des projets d’envergure à mener au moment où Alain Juppé était encore aux manettes, et la présence des élus des communes de la rive gauche concernées par ce vaste chantier (Bègles, Talence, Le Bouscat, Bordeaux) était là pour prouver qu’il est d’envergure transpartisane.

Un projet « uniforme et complet »

Dix barrières, 80 000 habitants, 13 kilomètres d’axes routiers et plus de 22 000 automobilistes par jour dont les questionnements devront trouver des réponses : quelle place pour la voiture ? pour les piétons ? les transports en commun et les vélos ? Évidemment, la mobilité sur les boulevards était largement majoritaire dans les débats et les questions posées par la salle. Elle l’est aussi sur le site de la consultation, mis en ligne fin septembre, qui a déjà recueilli 263 participants, 256 avis et 183 réactions au moment d’écrire ces lignes. « Les premières réponses enregistrées sur le site de la concertation concernent à 90% le sujet de la mobilité. Ça ne m’étonne pas, mais il faut peut-être qu’on explique que l’on souhaite que les boulevards deviennent un lieu de vie, un axe d’urbanisme avec des barrières qui retrouvent une identité. Si on raisonne à 500 mètres de chaque côté des 13 km, on parle de 80 000 habitants soit le tiers de tout Bordeaux et plus du dixième de la métropole. On sera pragmatique, on fera ce qui sera le plus simple à démarrer avec le moins de perturbations possibles. Pour moi, il n’y a pas de temporalité des uns avant les autres, c’est un projet uniforme et complet. C’est un projet qui ne prendra pas forme avant au moins dix à quinze ans », à ainsi précisé Patrick Bobet.

Défis multiples

« On a aujourd’hui l’impression que les boulevards sont davantage une frontière qu’une véritable liaison avec les communes avoisinantes. Nos défis, c’est de réfléchir à l’appropriation de l’espace public, à la place des différentes mobilités et à l’identité des barrières. Pour cela, il faut que les habitants nous donnent leurs priorités (…) En tout cas, on ne souhaite pas y appliquer un modèle monolithique sur l’ensemble des 13 kilomètres. En termes de logement, par exemple, on va devoir fixer un sursis à statuer sur l’ensemble du périmètre pour bloquer la spéculation des aménageurs et intégrer la problématique du logement abordable, le tout dans une mixité entre le logement, les commerces et les activités professionnelles », a ainsi ajouté le maire de Bordeaux Nicolas Florian. « Ce projet va permettre de redéfinir complètement l’agglomération bordelaise. Pour Talence, il y a deux types d’attente pour les boulevards : des trames bleues et vertes, pour souligner l’importance des espaces paysagers et de l’eau. Au travers des barrières et des boulevards, on souhaite que chaque section soit différente des autres. Ce n’est pas une concertation que sur les transports, c’est vraiment sur la façon dont on vit, les commerces, l’habitat. Évidemment, la question des transports va être essentielle, c’est un axe qui accueille près de 20 000 véhicules par jour, il va donc falloir le repenser complètement », conclut le maire de Talence Emmanuel Sallaberry.

Avis partagé par son homologue écologiste béglais, Clément Rossignol Puech, pour lequel il faudra nécessairement « sortir de la fonction purement circulaire ». Du côté du public, on juge nécessaire de supprimer une voie réservée aux voitures, on pense à priori le consensus insoluble en raison de la présence sur les boulevards de beaucoup de gens hors de la métropole venant y exercer leur activité professionnelle, on s’inquiète du niveau de la Garonne et de la fréquence des inondations (après la publication d’une étude assez effrayante de Climate Central) ou du coût de l’immobilier et on voit déjà se dessiner la crainte que les avis de ces consultations ne soient pas pris en compte au moment de signer le contrat final avec le futur maître d’ouvrage.

Calendrier à rallonge

La présence renforcée d’élus pour le lancement n’est pas un hasard : il a clairement été expliqué qu’en raison de l’échéance électorale proche, ces derniers souhaitaient se mettre à l’écart et ne plus participer aux débats mis entre les mains du public, au moins jusqu’en avril, date de la seconde réunion publique. Pour ce qui est des modalités d’expression et de participation, elles sont multiples. Cette première phase de concertation, prévue pour durer un an, ne concerne que les communes de la rive gauche, mais la droite n’a pas été oubliée : elle sera partie prenante dans une seconde phase lancée après la fin de la première.
Différents temps d’échanges ont été imaginés pour nourrir la réflexion et faire abonder les propositions : des ateliers thématiques, des balades urbaines, la création d’un comité de concertation formé par les habitants qui se porteront volontaires et qui auront à charge de produire des synthèses, d’approfondir certaines des thématiques abordées et enfin de rédiger des recommandations qui seront ensuite implantées dans un cahier des charges citoyen ajouté à un « plan guide de l’aménagement des boulevards », document somme qui sera censé cadrer définitivement la nature du projet. À compter d’avril 2020 auront lieu des ateliers d’approfondissement. En parallèle, une enquête en ligne sur les boulevards sera opérée par l’Agence d’urbanisme de Bordeaux Aquitaine. Deux médiateurs issus de la Commission Nationale du Débat Public ont également été nommés pour faire remonter le plus de propositions possibles et encadrer le tout. « Il n’est pas fait interdiction aux différents maires et candidats de s’approprier cette thématique et de proposer leurs solutions », souligne le maire de Talence. Nul doute que le sujet reviendra dans les campagnes des différents candidats de la métropole. En attendant, la parole est à celui qui voudra la prendre.

L’info en plus : les contributions sont ouvertes et accessibles sur le site participation.bordeaux-metropole.fr. Pour l’enquête de l’a’urba, vous pouvez participer sur www.aurba.org

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