Lormont : le Markethon, une arme nouvelle contre le chômage


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 07/11/2019 PAR Emmanuelle Diaz

Ils étaient trente-trois à participer ce mardi, à la première édition lormontaise du Markethon. Trente-trois demandeurs d’emplois à se présenter sur la ligne de départ, en cette matinée pluvieuse, pour aller, par groupes de deux ou trois, démarcher quelques unes des 450 entreprises préalablement ciblées sur le territoire de la commune. Une initiative originale imaginée il y a une dizaine d’années par l’association AGIRabcd pour lutter contre le chômage : « A l’origine, le Markethon était thématique et prévu pour répondre à un besoin saisonnier (tourisme, agriculture…). Puis, il y a 7 ou 8 ans, nous avons eu envie de le développer pour lui permettre de s’adresser à toutes les populations et à tous les métiers », précise Jean-Pierre Soulé, délégué régional Nouvelle-Aquitaine de l’association. Déjà déployée plus particulièrement dans le sud de la France (Occitanie et PACA), cette opération s’implante donc à Lormont, sixième ville de Gironde à l’accueillir après Talence, Eysines, Bordeaux, Libourne et Langon ; le responsable espérant, à terme, couvrir la France entière.

Une démarche insolite

Le principe est simple : préparés en amont, briefés et armés d’un plan, d’un argumentaire et de documents à faire remplir par les chefs d’entreprises rencontrés, les candidats se répartissent sur les 46 secteurs de la ville ; chaque secteur comprenant cinq ou six entreprises à « visiter ». « L’objectif n’est pas de les envoyer démarcher des sociétés pour chercher du travail mais d’établir un premier contact avec elles, leur permettre de découvrir de nouveaux domaines d’activité et analyser les besoins des structures rencontrées. Le but étant de débusquer un maximum d’emplois cachés (70% du marché!). C’est de la discussion, de la communication avec l’artisan ou l’employeur que peuvent naître des postes », argumente le responsable qui mise sur l’adaptabilité :« On n’est pas dans quelque chose de figé. L’intérêt est de sortir de ce qui est formel, cloisonné ». Une rencontre avec le monde du travail que les candidats ont effectuée en binômes afin de créer une émulation et leur permettre de se rassurer mutuellement. Un moyen, pour eux, de démystifier l’entretien avec l’employeur. « Et ce d’autant plus qu’il n’y a pas d’enjeu. Le but n’est pas de laisser son CV (même s’il leur a fortement été recommandé de se munir de quelques exemplaires de ce document, au cas où…), mais d’aller chercher l’emploi qui peut bénéficier à l’ensemble du groupe », poursuit-il.

markethon lormont

Une initiative, fruit d’un travail en équipe

Une initiative qui a nécessité le concours de plusieurs partenaires (Mission locale de Lormont, PLIE des Hauts de Garonne et le Pôle-Emploi de Lormont) et dans laquelle la Mairie a occupé un rôle déterminant. « Notre but est d’approcher les maires -qui sont les décideurs- pour travailler avec eux, la Mairie étant l’élément centralisateur de toute opération. Nous les accompagnons et si leurs effectifs sont trop réduits, nous faisons parfois des Markethons « clé en main ». La municipalité se contentant alors d’organiser des réunions avec les différents partenaires et nous nous occupons du reste (l’administratif, trouver les entreprises…) », poursuit Jean-Pierre Soulé. Un travail préalable qui passe aussi par la préparation des candidats au travers de réunions d’information et d’ateliers : « Nous leur expliquons en quoi consiste cette initiative, le comportement qu’ils doivent avoir et comment se positionner pour poser les bonnes questions. Des ateliers théâtre sont aussi mis en place pour les aider à gagner en confiance », précise Arnaud Alibert, responsable du Service Emploi de la ville de Lormont. Possédant des profils très variés et tous domiciliés à Lormont (« un choix de la ville pour favoriser les demandeurs d’emploi du secteur et faciliter la gestion de cette première édition en limitant le nombre de candidats »), les participants se sont révélés plutôt jeunes ; 50% d’entre eux ayant entre 18 et 25 ans. « Ce sont justement eux qui ont le plus de mal à rencontrer un employeur dans de bonnes conditions car ils n’ont pas d’expérience. Cela leur permettra d’en acquérir ; peu importe les résultats du Markethon », note le représentant d’AGIRabcd, ciblant ainsi un autre intérêt de cette opération qui concernait toutes les entreprises privées de la ville susceptibles d’embaucher, tous secteurs d’activité confondus. Préparés en amont, les candidats bénéficient aussi d’un suivi par la suite et notamment d’une aide de Pôle Emploi pour préparer aux éventuels entretiens de recrutement, ceux qui sont concernés. « Les participants sont prioritaires sur les annonces pendant 6 à 8 semaines. Ils vont se positionner sur une offre (même si ce n’est pas eux qui ont visité l’entreprise, toutes les offres étant mises en commun) et revenir vers nous pour être accompagnés. Et dans 15 jours, on aura des gens qui seront partis en réunion ou en entretien », se félicite Jean-Pierre Soulé.

De fait, 207 des 450 entreprises (d’ailleurs prévenues à l’avance) ont été visitées ; 128 d’entre elles ayant accueilli des candidats qui sont au final revenus avec 68 offres dont 14 CDI et 35 CDD. Un résultat encourageant pour cette commune dont le taux de chômage en 2016 était de 25% (contre 8,5% pour la France au deuxième trimestre 2019 ; chiffres INSEE).

Le responsable d’AGIRabcd affirmant pour sa part que 20% des participants peuvent trouver un emploi par ce biais.

A noter que le prochain et dernier Markethon de l’année est prévu le 19 novembre à Langon (Salle François Mauriac).

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