Lycée Elie Faure de Lormont : des enseignants vent debout contre la réforme Blanquer


Collectif Elie Faure
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/04/2019 PAR Emmanuelle Diaz

Enseignants et parents d’élèves, ils étaient donc près de cinquante à s’être retrouvés hier soir au Lycée Elie Faure de Lormont. Une rencontre dont l’objectif était d’informer les élèves ainsi que leurs parents, sur la dégradation croissante des conditions d’exercice du métier d’enseignant au sein de l’établissement, de débattre et de tenter de trouver des modes d’actions pour réagir. En cause ? La réforme Blanquer et ses conséquences sur les conditions de travail dans ce lycée autrefois classé Zone d’Education Prioritaire (ZEP), et aujourd’hui particulièrement impacté par les nouvelles mesures. « Bien qu’ayant perdu notre label il y a une dizaine d’années, on en avait gardé toutes les caractéristiques socio-économiques puis qu’un fort taux de parents d’élèves sont employés ou ouvriers ; ce qui nous classe dans une situation unique en Gironde », explique Gérard Clabé, professeur d’histoire Géographie et membre du collectif. Des jeunes moins favorisés socialement mais qui bénéficiaient, en retour, des avantages liés à la ZEP, dont des classes ne dépassant pas trente élèves. Une opportunité qui a pris fin en 2018. Conséquences ? Des manques de moyens en heures et en personnel (« Le montant de la baisse de la dotation horaire pour cette année est de 160 heures de moins que l’an dernier et sept postes ont été supprimés pour la rentrée 2019 »), des classes surchargées (« les effectifs prévisionnels par classe s’annoncent trop élevés dans un établissement où une large part d’élèves connaît des difficultés scolaires ») et une hausse des incivilités et dégradations (car « pas assez d’adultes pour encadrer tous ces jeunes. Et c’est là que nous apprenons que des adultes plus nombreux, il n’y en aura pas puisque le calcul des trente élèves par classe est abandonné »).


Des enseignants particulièrement inquiets


Autres conséquences ? Des options et sections européennes à plus ou moins long terme, menacées de disparition par la mise en œuvre de la réforme. « Elles pèsent peu dans le contrôle continu, risquent d’être placées à des horaires peu attractifs et ne pourront sans doute pas être compatibles avec toutes les triplettes », précise l’enseignant qui redoute de voir à terme, l’offre de formation du lycée s’appauvrir. Autre pierre d’achoppement : l’instauration de cours le mercredi après-midi, afin de respecter au mieux les choix de spécialités des élèves mais qui « met en péril d’autres actions (association sportive, prépa PACES, prépa Sciences Po…) ». Redoutant de voir le bac devenir un diplôme à valeur locale, «  ce qui risque d’accentuer l’évitement de (notre) lycée », il note également que « l’instauration de 15 épreuves en cours d’année et 6 épreuves finales ou anticipées réduit le rôle d’enseignant à celui d’évaluateur permanent et enlève beaucoup de sens au métier ».


Un réseau et le désir de trouver des solutions


Considérés comme mis devant le fait accompli par le gouvernement, nombre d’établissements organisent peu à peu la riposte. « Quelques collègues qui ont des enfants scolarisés sont venus car il y a sur la rive droite, tout un réseau d’établissements mobilisés qui se met en place. On va chez les uns, chez les autres en fonction des actions qui sont menées et on se retrouve lors de réunions publiques ou d’assemblées générales ». Des actions qui ne risquent apparemment pas de faiblir : « Beaucoup d’écoles, notamment dans le premier degré, vont être des écoles mortes, occupées, car la réforme Blanquer touche tout le monde, de la maternelle au lycée », note-t-il.

« Le ministre fait une réforme globale, un peu masquée quand même. Et il sur-communique sur quelques aspects qui sont républicains comme le dédoublement des CP dans les zones prioritaires. Mais derrière cet affichage, il y a tout le reste qui n’est pas du tout républicain (c’est à dire l’équité républicaine, l’égalité sur le territoire, la gratuité, le fait que l’école est un pouvoir régalien) ; Tout cela est battu en brèche ».

Une soirée, qui aura, au final, favorisé la «  prise de conscience ». « Il faut continuer d’informer. Resserrer les liens entre tous les établissements. C’est un défi qui nous est lancé et il faut qu’on le relève tous ensemble, les enseignants, les parents et les élèves aussi, puisque ce sont eux qui vont subir les effets négatifs de cette réforme » poursuit Gérard Clabé qui n’envisage pas un instant d’arrêter le mouvement : « j’étais sur une assemblée intersyndicale à la Bourse du travail hier matin et il y avait beaucoup de monde, des gens très motivés, venus de différents établissements de l’école à la fac. Ça fait longtemps que ça va dans ce sens mais cette fois-ci, l’ « attaque » est vraiment globale ». Un mouvement qui pourrait d’ailleurs prendre un tour inédit : « beaucoup sont désormais prêts à d’autres actions plus radicales. Normalement, quand les examens arrivent, on arrête tout, mais cette fois, peut-être pourrait-on continuer durant cette période ». Affaire à suivre…


Pour communiquer avec le collectif Elie Faure (Lycée de Lormont) : collectifeliefaure@gmail.com

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