Mérignac : Tarmaq entre en pistes


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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 13/07/2018 PAR Romain Béteille

Un projet multi-cartes

Son nom n’est pas encore officiel, son financement non plus (on parle de 73 à 74 millions d’euros, acquisition de terrains compris) mais on sait déjà un peu à quoi devrait ressembler ce vaste projet de parc à thème sur l’aéronautique et l’espace, qui a déjà l’ambition de devenir, pour ce secteur en pleine expansion au coeur de l’Aéroparc, un pendant industriel de la Cité du Vin de Bordeaux. Ces hectares de terrain (entre dix et douze, dont six appartiennent à la ville de Mérignac et à la Métropole, l’autre moitié restant à acquérir par le biais de l’Etablissement Public Foncier régional) auront pour but de développer un projet (piloté par Aérocampus, qui a sorti une étude en janvier dernier) de tourisme industriel, de formation et de vitrine technologique pour les grands groupes comme Thalès, Dassault, Sabena ou Ariane, tous installés à proximité du futur terrain. « On va faire différemment d’Aéroscopia à Toulouse, différemment du Musée de l’Air et de l’Espace au Bourget, on se rapprochera plutôt d’un modèle qui est celui de Seattle (Museum of Flight) », a confirmé ce vendredi le maire de Mérignac, Alain Anziani.

Jérôme Verschave, directeur d’Aérocampus, a profité de cette présentation officielle pour dévoiler, comme il l’avait déjà fait en juin au Salon du Bourget, les grands axes de ce parc à thème régional singulier dans lequel Aérocampus compte s’étendre d’ici 2021. « Un aspect important de Tarmaq, ce sera de faire connaître la réalité de la technologie de nos entreprises en Nouvelle-Aquitaine. On sait que Dassault, Thalès ou Sabena sont là mais les gens ne savent pas forcément ce que sont les métiers issus de ces activités industrielles. Ce sera donc un lieu de valorisation des savoir-faire technologiques mais aussi des métiers », a-t-il confirmé. « De notre côté, on a ouvert Aérocampus Junior et on a aujourd’hui une forte demande des centres de loisir pour faire découvrir l’aéronautique, on organise des « summer camp », des journées drônes… C’est très important pour les industriels de sensibiliser au plus tôt les jeunes sur leur orientation. On va essayer d’aller jusqu’à un avion des métiers comme celui qui avait été installé sur le salon du Bourget il y a quatre ans. On voudrait essayer de faire pareil sur Tarmaq pour pouvoir décrire tout ce qu’il se passe autour d’un avion et que l’on puisse vivre l’expérience ».

Côté terrain, 9500 mètres carrés sur les 36 000 du futur site de Tarmaq seront ainsi dédiés aux activités patrimoniales, mais pas vraiment à l’idée d’un musée comme cela avait été pensé au départ. « Il n’y aura pas de musée en tant que tel mais plutôt une valorisation technologique et patrimoniale. Il y aura des avions, des hélicoptères, mais dans un but lié à l’expérience. On va pouvoir monter dans ces avions en réalité virtuelle, faire des opérations de montage et de démontage, de sorte que chaque personne qui viendra sur le lieu aura sa propre expérience ».

Culture et formation

Le volet culturel et ludique aura donc, lui aussi, son importance : 8000 mètres carrés sont prévus pour les « activités culturelles ». « Pour que le site fonctionne, il faudra que les gens reviennent. C’est aussi pour ça qu’on aura beaucoup d’expositions et d’activités tournantes », continue Jérome Verschave. « On ne montrera pas tous nos avions en même temps, on les fera tourner. On mettra ces avions en valeur, on en refitera dans l’atelier de rénovation à travers des chantiers de formation. Il y aura des expositions temporaires : l’Histoire d’un avion, d’une compagnie, d’un industriel… ça tournera ».

Enfin, Aérocampus (et la Région Nouvelle-Aquitaine) assureront un important volet autour de la formation professionnelle des métiers de l’aéronautique. « On ne sera pas les seuls opérateurs de formation : l’AFPA nous a demandé si elle pouvait installer ses plateaux aéronautiques et techniques sur le site de Tarmaq. On va aussi essayer de travailler sur des métiers autour de l’avion : certes, on a besoin de mécaniciens mais on a aussi besoin de personnels au sol qui font en sorte que les avions puissent décoller. Il y a là tout un vivier de métiers et de formations à mettre en place. Ce lieu de formation Aérocampus sera donc ouvert et comportera des plateaux techniques partagés avec d’autres opérateurs de formation avec qui on a l’habitude de travailler », termine le dirigeant d’Aérocampus.

Structuration financière

Côté financement, jauge de public et calendrier, rien n’est encore complètement fixé, mais des premières pistes s’échappent déjà. « C’est un partage : les collectivités publiques donneront un coup de pouce mais il n’est pas question pour elles de s’engager profondément dans l’investissement, ce sont les opérateurs privés qui doivent venir et faire vivre cet endroit », confie Alain Anziani. La maîtrise foncière a déjà débuté, mais le montage d’une programmation et d’une structure ad-hoc pour assurer la gestion du site restent encore à construire, de même que la désignation d’un opérateur (comme Matmut pour le Grand Stade) qui aura à charge d’assurer le fonctionnement du site, et la création d’un dispositif de mécénat et, à termes d’une fondation pour accueillir les financements des acteurs et grands groupes du privé. Du côté des visiteurs attendus, « l’objectif premier, c’est d’atteindre 200 000 visiteurs pour équilibrer l’ensemble de l’activité mais on table sur 250 000 visiteurs, en sachant que c’est une fourchette très basse. La Cité du Vin est à 450 000, Vulcania est à 370 000. On préfère jouer la prudence pour pouvoir démarrer de façon sereine », nous confie-t-on.

Des trous dans le calendrier

D’autres questions demeurent encore à régler, notamment les modalités d’accès au site, le secteur étant régulièrement concerné par de fréquents problèmes de circulation. Là-dessus, le maire de Bordeaux et président de la Métropole Alain Juppé a tenu a donner quelques axes importants et à assurer que « la métropole assumera sa responsabilité en matière de mobilité. Il y a des insatisfactions sur l’OIM Aéroparc, on a fait un gros travail pour établir un plan d’action. L’extension du tram A jusqu’à l’aéroport est en bonne voie, de même que le projet de BHNS. Le dossier d’enquête publique ayant reçu un avis largement favorable de l’autorité environnementale, la route est désormais libre pour l’enquête proprement dite, qui aura lieu à la rentrée, et on peut envisager une première mise en service de la ligne pour la rentrée 2019 avec une station à l’entrée du projet Tarmaq, un passage tous les quarts d’heures aux heures de pointe et une liaison avec, je l’espère, Pessac Alouette et la Gare Saint-Jean. Nous ne sommes pas les seuls, il y a aussi plusieurs projets de voieries et d’amélioration de fonctionnement de cette zone qui permettront à Tarmaq de s’y installer dans les meilleures conditions possibles ».

Enfin, le calendrier officiel prévoit une pose de la première pierre du projet Tarmaq en 2021, même si cette date paraît, pour le maire de Mérignac, « très optimiste ». « Pour le volet formation, Aérocampus est vraiment pressé, ils perdent des marchés parce qu’ils ne peuvent pas répondre à toute la demande. Ils peuvent rapidement venir ici. Pour les autres volets, je ne suis pas sûr que trois ans suffisent ». Reste aussi à savoir si les 67 anciens aéronefs du Conservatoire de l’Air et de l’Espace d’Aquitaine pourront faire partie de l’aventure : installés pour l’instant sur la base aérienne 106, Le CAEA s’est vu proposer un terrain à Saint-Jean D’Illac. « Pour l’instant, il n’y a pas le terrain, on ne sait pas qui construit ni qui assurera le fonctionnement. On leur a fait la proposition de rejoindre le projet Tarmaq, mais je crois qu’ils ont peur d’être mangés, ce sont des passionnés de l’aviation qui veulent s’occuper de leur modèle, mais on ne va pas mettre de l’argent public pour quelque chose d’intimiste », déclare Alain Anziani. Le CAEA pourrait donc rejoindre, si les négociations avancent (la porte est apparemment ouverte du côté de la ville de Mérignac). Il aura en tout cas un certain temps pour se décider : l’avant projet détaillé et la programmation scientifique de Tarmaq n’est pas attendue avant, au minimum, l’année 2020.

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