Vincent Feltesse esquisse 2020


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 05/12/2017 PAR Romain Béteille

Recentrage local

Tandis qu’au niveau national, la droite s’agite autour du fantôme de la participation à l’élection du président LR le 10 décembre, à gauche l’heure est davantage a la rétrospective face à la débâcle post-Macron. D’abord pour François Hollande, qui s’y est notamment livré la semaine dernière à Bordeaux, mais aussi pour les autres. Vincent Feltesse, ancien patron de la Communauté Urbaine de Bordeaux et ancien conseiller d’Hollande, fait en ce moment le tour des plateaux pour présenter son « livre-bilan » racontant ses trois dernières années à l’Élysée. Ce n’est un secret pour personne non plus, le socialiste prépare, en parallèle, sa future candidature à la mairie de Bordeaux en 2020, histoire, peut-être, d’effacer les 60% d’Alain Juppé en 2014… Bien que la campagne soit encore très loin de débuter, plusieurs signes montrent que l’intéressé tâte le terrain : le travail affiché par l’association « Bordeaux Métropole des Quartiers 2020« , le premier grand raout de « Cogitons Bordeaux » à Digital Campus en octobre, l’activité relancée sur son blog personnel… Au moment où janvier préfigure, pour la majorité municipale, une grande consultation sur la qualité de vie à Bordeaux, Vincent Feltesse a profité d’un nouveau « coup de promo » ce mardi pour s’étendre un peu plus sur les directions que sa future candidature pourrait prendre. 

L’ancien maire de Blanquefort (il l’a été jusqu’en 2012) est toujours présent sur la scène locale : conseiller municipal et régional, il siège également à la métropole. Les dossiers chauds de la métropole (déficience du logement et des transports notamment), il les connaît donc plutôt bien. Mais attention : pas question pour l’instant de rentrer dans le jeu politicien ni de dire comment il compte recruter l’équipe qui le mènera vers son futur objectif. « La question n’est pas celle de l’étiquette politique mais du projet que l’on veut pour Bordeaux. L’agglomération bordelaise est en surchauffe, il faut trouver des réponses. Je ne pense pas que la question soit « sous quelle étiquette et avec qui » mais plutôt : « on fait quoi maintenant » ? Ce n’est pas maintenant que je vais me relancer dans un jeu tactique ». Quant à savoir s’il abordera cette future étape avec le bâton du marcheur où la rose, tout dépendra des épines. « Pour l’instant, je reste au PS, ce n’est pas au moment où les choses vont le plus mal qu’il faut changer. Dans les mois qui viennent, je verrai si le parti est en capacité de se renouveler mais je pense qu’il y a un espace entre Macron et Hamon. La question du PS, c’est surtout de savoir s’il arrivera à produire une forme de renouveau, mais la manière dont se prépare le prochain congrès est plutôt inquiétante ». L’ordre dispersé comme mot d’ordre, très peu pour lui, donc.

La métropole millionnaire

Sur le fond, les quelques pistes abordées par Vincent Feltesse semblaient d’abord là pour faire la leçon au pessimisme ambiant concernant une « métropole millionnaire » qui effraie plus qu’elle ne fédère. Le socialiste, qui fait partie de ceux ayant lancé la formule, ne semble pas vouloir changer de discours, même s’il y apporte aujourd’hui des nuances. « Globablement, nous disposons de la métropole la plus attractive de France. Il ne faut pas nier tout ce qui a été fait. La Gironde attire chaque année entre 12 et 20 000 habitants, je considère qu’il est de notre responsabilité de les accueillir dans la métropole pour éviter des coûts sociaux importants. Cela dit, je trouve dommage que l’on ait pas décidé de mettre en place un établissement public foncier à l’époque, que le pourcentage de logements sociaux n’ait pas bougé en quinze ans (…) Aujourd’hui, la métropole millionnaire fait plutôt peur à tout le monde sauf aux entreprises qui viennent s’y installer. Je trouve d’ailleurs un peu inquiétants les discours de certains élus métropolitains qui veulent freiner la construction de logements. L’enjeu n’est plus d’atteindre le million d’habitants, nous y sommes déjà si l’on se place à l’échelle de l’aire urbaine. Bordeaux a fait beaucoup d’investissements xxl sur ses infrastructures ces dernières années, se pose maintenant la question de la manière dont elle peut être durable et soutenable ». La possibilité d’un futur audit financier a été flêchée, mais pas vraiment détaillée, l’heure étant plus au constat qu’au contrat. « Aujourd’hui, elle est très puissante, c’est devenu un espèce d’ogre qui mange tout le monde. Il faut que les choses se rééquilibrent ». La récente étude de France Stratégies apporte cependant un avis un peu plus nuancé et semble préciser que la dynamique métropolitaine profiterait, dans une certaine mesure, à la périphérie. Voilà qui devrait alimenter les futurs débats en janvier. 

Enfin, concernant la politique à mener en matières de transports, Vincent Feltesse évite les serpents de mer et se faufile davantage sur des propositions à court terme. « Le débat sur le grand contournement, ça fait un demi siècle qu’on l’a sur Bordeaux. Je pense qu’il y a une véritable urgence par rapport aux difficultés que ressentent les gens, on ne peut pas parler aux gens qu’avec l’échéance du grand contournement. Les institutions doivent vraiment travailler entre elles et se voir régulièrement sur la question des mobilités. On sait le faire sur Euratlantique en avançant très vite ». En pleine réflexion à la région sur la mise en place d’une nouvelle écotaxe (il doit rendre un rapport au mois de février), il affirme que la métropole « doit arrêter de consacrer la moitié de son budget à la mobilité ». Et de poursuivre, dans une métaphore que les plombiers n’auraient pas renié : « ce n’est pas parce qu’on fait plus de tuyaux qu’on va pouvoir circuler mieux ». Dans ce cadre, le récent arbitrage métropolitain de débloquer 217 millions d’euros pour améliorer la route et la desserte sur la zone de l’aéroport devrait déjà diminuer la fronde relayée ces derniers mois par différents responsables et de nombreuses entreprises installées sur le secteur.

Pour le reste, il apporte au problème davantage de questions que de réponses, même si quelques pistes sont esquissées. « Le système de péage urbain est-il aussi antisocial que ça ? Pareil pour la circulation sur la bande d’arrêt d’urgence, je ne comprends pas pourquoi ce serait possible en Île de France et pas ici ». Développement du télétravail, horaires décalés, écotaxe sur les poids lourds, nouvelles pistes cyclables… Vincent Feltesse pense « 12 à 24 mois », tout en souhaitant également « réfléchir à un contrat mobilité-habitat » et une réunion plus régulière des différentes institutions (région, département, préfecture, métropole, CCI) plutôt qu’une énième version des Assises nationales de la mobilité, dont pas grand-chose de concret n’avait été tiré. Pour prendre des décisions plus unilatérales, fusionner métropole et département (comme c’est le cas à Lyon depuis 2015) semble faire partie des pistes privilégiées par l’élu socialiste. Côté logements, « attention à la défiscalisation ». Vincent Feltesse n’hésite pas à comparer la flambée des prix de l’immobilier au modèle de « régulation d’Euratlantique. Nous avons besoin de repartir sur un plan de nouveaux logements, de revisiter les grands aménagements : sont-ils toujours aussi intéréssants ? L’aménagement des boulevards va être stratégique, il ne va pas falloir laisser faire la spéculation foncière ». Le chantier est imposant pour Vincent Feltesse. Mais l’élu municipal, régional et métropolitain semble bien décidé à le mettre en place : au printemps, l’association Bordeaux métropole des quartiers (antichambre d’un programme ?) devrait publier un pré-projet, juste avant un deuxième « Cogitons » et le lancement d’une nouvelle plateforme participative. Et après ? « Après, on verra ce qui peut se passer ou pas… ». 

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