Vincent Feltesse : « ne pas se tromper d’objectif »


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 13/02/2019 PAR Yoan DENECHAU

« Les phénomènes de casse inexcusables de fin d’après-midi ont tendance à faire oublier ce qu’il se passe en début d’après-midi ». Dans cette référence au mouvement des Gilets Jaunes, Vincent Feltesse revient sur les milliers de personnes, « de toute la Gironde et d’au-delà » qui protestent chaque week-end depuis le 17 novembre 2018. Pour lui, le mouvement est aussi lié à la fracture territoriale. Cette dernière n’est pas un phénomène propre à la Gironde, puisque depuis bientôt une décennie, les territoires périphériques au niveau national se sentent délaissés face à des moyens de plus en plus conséquents alloués aux métropoles. Ce phénomène s’est traduit par une défiance grandissante de la population face aux politiques, jugés déconnectés de la réalité, qui a provoqué ces mouvements sociaux à répétition.

Vincent Feltesse est également revenu sur l’évolution de la métropole bordelaise sur les trois dernières années, en évoquant plusieurs points qui selon lui représentent la répartition des richesses inégales sur le territoire girondin. « Pour ce qui est de la population girondine, elle est à l’équilibre, c’est du 50/50 entre la métropole et le périurbain, précise Vincent Feltesse. En revanche, pour ce qui est des emplois, c’est plus compliqué : les deux tiers des emplois sont situés en métropole ». Le président de Bordeaux-Métropole des Quartiers s’appuie sur les derniers chiffres de l’URSSAF : en 2018, 13.000 emplois ont été créés sur l’ensemble du territoire girondin, et 11.000 sont concentrés sur la métropole bordelaise.

RER métropolitain : « plus qu’un outil de mobilité »

Au niveau de la mobilité sur le territoire, Vincent Feltesse estime que des progrès peuvent être faits : « depuis des années, des conventions sont signées, des grand-messes sont faites, et le problème c’est qu’elles apportent peu de résultats forts au niveau local, ce qui cause un déséquilibre des territoires ». D’après le conseiller d’opposition, le RER métropolitain doit être le levier d’un meilleur aménagement du territoire plus qu’un simple outil de mobilité. La principale contrainte de la mise en place du RER métropolitain selon Vincent Feltesse est surtout financière : « l’étude menée par le Conseil Régional et la Métropole doit être recoupée avec les chiffres de SNCF Réseau, mais ils s’élèveraient à plus d’un milliard d’euros. Cette charge financière, la Région ne peut l’assumer seule ».

Autre point par lequel le RER métropolitain devra passer, qui sera déterminant pour Vincent Feltesse : la billettique. « Le premier crash test du RER sera la faisabilité d’un billet unique TBM/RER métropolitain, ce qui pour l’instant est loin d’être acquis ». Le président de l’association Bordeaux Métropole des Quartiers interroge également sur la nécessité de la création d’une institution capable d’assurer ce chantier. Selon lui, une collaboration entre le Département, la Région et la Métropole est indispensable pour mener à bien le projet de RER métropolitain, dans le cadre par exemple d’une Opération d’Intérêt extra-métropolitaine.

Métropole millionnaire : un bilan en demi-teinte

« Le projet de métropole millionnaire était une bonne chose à l’époque [2009-2010] ». Pour Vincent Feltesse, le projet de métropole millionnaire a été « un succès en matière économique, touristique ou universitaire », mais certains points restent à améliorer, à commencer par le logement, dont les prix ont explosé ces dernières années. « Pour limiter la flambée de l’immobilier, on a besoin d’un meilleur encadrement, à travers l’Établissement Public Foncier, explique Vincent Feltesse, mais aussi de produire plus de logement sociaux ». Le conseiller d’opposition contredit sur ce point ce qu’il comprend de la philosophie d’Alain Juppé : « le logement ce n’est pas plus on construit, moins c’est cher. Il est aussi important de produire des richesses ».

Vincent Feltesse s’interroge également sur la nature des chantiers menés sur le territoire, qui sont majoritairement des extensions de projets antérieurs : les grandes opérations qu’il a évoquées, se termineront toutes d’ici 2025 à 2030, mais selon lui, « est-ce raisonnable de continuer comme ça ? Il ne faut pas se tromper d’objectif sur les années à venir, si nous ne faisons que prolonger les opérations, nous ne tiendrons pas ».

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