Si Alain Anziani, maire socialiste de Mérignac, a estimé ce mercredi 18 septembre qu’il était encore trop tôt pour enfiler le costume de candidat aux prochaines municipales, on sent quand même que l’idée trotte. « Pour l’instant, le paysage est confus, assez illisible. Je pense qu’il y aura une liste En Marche mais pour l’instant, personne n’arrive à trancher sur l’incarnation. Cela dit, je pense qu’il y aura beaucoup de listes comme ça a été le cas pour les élections précédentes. (…) J’ai toujours été socialiste et je compte le rester jusqu’à la fin de mes jours ». Un orteil dans le bassin mais pas tout le pied, donc : si le maire sortant n’a pas clairement annoncé sa candidature (ni les couleurs qu’elle prendrait), elle a quand même été sensiblement suggérée. Trop tôt pour en savoir plus, donc, et c’est tant mieux car à entendre l’élu, ce n’est pas les dossiers qui manquent sur le bureau du maire.
Un baromètre de satisfaction réalisé avant l’été auprès de 706 habitants par l’institut Harris Interactive indique assez bien les polarités et les priorités de la commune pour les mois (et les années) à venir. Si les habitants interrogés se déclarent globalement satisfaits sur la question des transports en commun (69% pensent qu’ils se sont améliorés), les espaces verts (49% pour l’amélioration, 40% pour le statu quo) ou les animations de la ville (52% d’amélioration, 38% trouvent que « ça n’a pas changé »), des réserves un peu plus nettes se sont sentir sur la circulation, les services scolaires la « tranquilité publique » ou, dans une moindre mesure, la démocratie participative et la question du logement et de la mixité sociale. Lorsqu’on parle de construction de nouveaux logements, en revanche, l’avis des mérignacais est plutôt tranché : 61% d’entre eux pensent qu’il y a « trop de logements à Mérignac et qu’il n’est pas souhaitable d’en construire davantage ».
Urbanisme et circulation : un discours modéré
Là dessus, le maire semble plutôt d’accord : après avoir lancé une charte de l’urbanisme précisant les contours des souhaits de la municipalité vis-à-vis des promoteurs et l’adoption d’un nouveau Plan Local de l’Urbanisme jugé « plus restrictif », les premiers effets semblent se montrer. En 2018, la ville a accordé le permis de construire à 1392 logements (1250 collectifs et 142 individuels) et refusé 1839 logements collectifs, contre 793 logements acceptés et 1594 refusés en 2017. Autrement dit : on construit plus, mais on refuse aussi davantage. Elle a également sensiblement rétréci la carte des zones de concentration des nouvelles constructions : la totalité des permis de construire collectifs se situent dans les « zones de projets », c’est à dire le plus souvent près des transports en commun (Marne-Soleil, la Glacière, Pichey ou le centre-ville). « La réorientation de l’urbanisme est assumée. Avant, on construisait un peu partout, maintenant avec les zones de projets, on arrive à dessiner le paysage urbain qu’on souhaite ».
L’autre point de friction, c’est le stationnement. « On fait déjà beaucoup », a estimé Alain Anziani. « On a 67% de places disponibles en plus des préconisations du PLU. Je regrette cependant un cadre règlementaire national très défavorable dans lequel la construction de places de parking n’est pas obligatoire dans les nouveaux projets de logements sociaux. Même si c’est évidemment dans le but d’alléger le plus possible le coût de la construction, ça déporte le problème sur le domaine public. Une nouvelle voie « Marie Curie » doit ouvrir dans les prochains jours et deux nouveaux barreaux routiers sont censés améliorer la circulation en intra et extra-rocade, notamment un juste avant le double rond-point menant à l’aéroport. Concernant ce dernier, Alain Anziani s’est montré ferme : « nous n’autoriserons plus de parkings horizontaux au sein de l’aéroport. Une étude co-financée par la métropole a été lancée pour envisager la construction de parkings en silos ». La dernière extension du parking de longue durée a porté la capacité à 900 places supplémentaires. Du côté du trafic, l’aéroport est en hausse constante. Selon les derniers chiffres de l’UAF, le trafic a augmenté de 11,3% pour le second trimestre 2019 (avril à juin) et le nombre de passagers de 13,5% (6,8 millions de passagers en 2018). Non sans conséquences sur… la tranquilité des habitants. Je me suis rendu dans différents quartiers pour constater la nuisance sonore provoquée par l’aéroport. Dans certaines zones, ça rend la vie des habitants insupportable. Il faut trouver des solutions dans la manière de faire décoller certains avions ou celle de définir les horaires de décollage ou d’atterissage. On se pose la question : faut-il nécessairement continuer à ouvrir des lignes ? ». Un discours un brin moins nuancé pour un maire qui, quelques mois plus tôt, pensait que « le bruit des avions est moindre qu’il y a dix ans »…
Doux et dur
Côté vélos, la Maison du vélo doit toujours ouvrir ses portes le 28 septembre. Les 110 kilomètres de pistes cyclables de Mérignac (+6 kilomètres par an environ) ne cachent pas l’ambition de multiplier les itinéraires sécurisés (de 27 à 52 kilomètres entre 2014 et 2020). Une nouvelle piste reliant Chemin Long à Beutre doit d’ailleurs voir le jour dès l’an prochain. Mais des efforts sont encore à faire, notamment concernant une liaison avec Bordeaux. »C’est étonnant que deux des villes les plus peuplées de la métropole ne soient pas reliées par une piste cyclable de centre à centre. On étudiera sa possibilité avant la fin de l’année et ça préludera à une vraie piste sécurisée quand la place Mondésir sera refaite entièrement. Plus globalement, je pense qu’il faut développer une politique d’offre de services adaptée aux cyclistes pour rendre ce mode de déplacement plus attractif. Je me réjouis de l’augmentation de la part modale du vélo, mais je pense que ça ne doit pas se faire au détriment de la voiture ».
Pour rester dans le vert, Alain Anziani a précisé qu’il souhaitait en faire plus sur la question des pesticides. « J’ai demandé un état des lieux de l’ampleur de leur utilisation sur la commune, des craintes effectives et des populations concernées par les épandages. Nous avons sur Mérignac trois châteaux. La mairie va donc nommer une experte qui devra avoir un dialogue avec eux et, par la suite, proposer des solutions. Ça pourrait peut-être donner lieu à une charte, par exemple ». L’élu s’est en revanche déclaré clairement défavorable à un arrêté anti-pesticides, action récemment entreprise par cinq villes en France. « Je ne souhaite pas prendre de décision illégale, je pense qu’il est plus constructif de nommer un expert ».
La tranquilité publique des habitants bénéficiera elle aussi de mesures visant à son amélioration. Cela passera par un renforcement des agents de polices municipales (de vingt actuellement à 33 fin 2020) avec des amplitudes horaires élargies, notamment du côté des horaires de nuit et d’une « brigade de soirée ». La mairie souhaite également faire participer les citoyens à cette politique en recrutant 16 citoyens. « Le but n’est pas d’en faire des shérifs mais des veilleurs qui seront chargés de faire remonter des informations aux forces de police ». Les policiers, eux, seront bientôt logés dans un nouveau commissariat de 3500 mètres carrés sur la place Charles-de-Gaulle, comprenant un centre de formation de la police nationale et une partie des locaux mis à disposition de la police municipale. Les cinq candidats à la construction de ce nouveau bâtiment, dont le début des travaux est annoncé pour le 1er trimestre 2021, seront auditionnés à la fin du mois d’octobre.