A Limoges, Frédérique Vidal veut « conserver la chaîne de valeurs »


Corinne Mérigaud
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 09/10/2020 PAR Corinne Merigaud

Après sa visite à Pau et Bordeaux, le 8 octobre, Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a poursuivi son tour de France en faisant étape à Limoges. A l’Université, elle a participé le matin à une visioconférence autour de la loi de programmation de la recherche qui a réuni l’ensemble des Présidents d’Université, vice-présidents à la recherche et directeurs d’unité ainsi que les directeurs d’écoles (Bordeaux INP, IEP, ISAE ENSMA). L’après-midi, elle a visité l’Institut de Recherche sur les Céramiques, UMR 7315 du CNRS basée au Centre Européen de la Céramique à la technopole ESTER déclinant ainsi le volet du plan de relance consacré à la formation et la recherche au service des industriels. La Ministre a pris connaissance des axes de recherche menés par les enseignants-chercheurs qui étudient les transformations de la matière intervenant dans la mise en œuvre de procédés céramiques et de traitements de surface.

Implanté dans un bâtiment de 8 500m², l’IRCER reconnu au niveau international accueille près de 200 personnels et associe des équipes de chercheurs du CNRS et d’enseignants-chercheurs de l’Université de Limoges, en chimie, physique et mécanique des matériaux base-céramiques, physique des procédés plasmas ainsi que des doctorants, ingénieurs, techniciens et personnels administratifs. L’occasion pour Frédérique Vidal de découvrir un matériau que le commun des mortels assimile à la porcelaine. « J’ai été surprise de voir tout ce qu’on pouvait faire avec ce matériau particulier et très impressionnée par cette chaîne de valeurs, depuis les questions fondamentales jusqu’à la création et l’utilisation d’objets dont on voit à quel point ils sont essentiels pour la vie de tout un chacun. »

Conserver la valeur ajoutée dans nos territoires

Ce fut aussi l’occasion de rappeler que le plan de relance du Gouvernement pouvait venir en soutien à la recherche et à l’innovation au cœur des territoires et limiter ainsi les effets désastreux générés par la crise sanitaire. « Une grande partie est consacrée au soutien aux partenariats publics privés et à la R&D et nous avons ici des laboratoires conjoints a-t-elle signalé, des aides vont être mises en place par l’État pour maintenir les compétences, il va prendre en charge les salaires d’un certain nombre d’ingénieurs et de chercheurs qui sont payés par les entreprises pour faire de la R&D. Cela permettra de garder cette chaîne de valeurs car si nous la rompons, il faudra des années pour la remettre en place. C’est vital pour l’économie de notre pays et pour penser la réindustrialisation pour construire des pièces comme ici avec des technologies additives. C’est une véritable innovation de rupture et une très forte valeur ajoutée pour notre pays. »

Une innovation permanente dont on mesure parfaitement les effets grâce aux travaux de la recherche menés par les différents laboratoires de l’Université de Limoges qui œuvrent en faveur de technologies d’avenir. L’IRCER établit aujourd’hui le lien entre tradition et modernité en innovant dans le développement des céramiques de très haute technologie répondant ainsi aux nouveaux enjeux industriels et sociétaux dans des domaines variés comme l’énergie, la technologie de l’information et de la communication, la santé, les écomatériaux… Depuis 1975, il est associé au CNRS et à l’Université avec une double compétence en céramiques et traitement de surface couplée à une proximité avec tous les acteurs locaux, ce qui facilite la recherche notamment avec les deux pôles de compétitivité céramique et Route des Lasers hyper fréquences présents sur place, les deux centres de transfert CTTC et CITRA ainsi que des lycées professionnels. « Le laboratoire accueille 105 permanents et 90 doctorants et post doc précise le directeur Philippe Thomas et sur un budget de quatre millions, 28 % sont purement industriels avec des collaborations pérennes et trois laboratoires communs. Le dernier est en cours de signature avec le CNRS, l’Université, Oerlikon et Safran qui viennent s’installer à Limoges sur une plateforme technologique unique en Europe dédiée aux revêtements de surface pour des applications dans l’aéronautique. C’est une première étape, on espère que ça ira plus loin. »

Limoges bien classée pour le transfert de technologie

Trente-deux brevets sont sortis de l’IRCER depuis 2015 et onze licences ont été cédées. Ces brevets, repris par des porteurs de projets, sont ensuite développés au sein de l’incubateur AVRUL qui assure le lien entre recherche, innovation et industrialisation. Comme l’a mentionné Matthieu Valetas, son directeur, l’Université de Limoges se classe dans les meilleures au niveau national en termes de valorisation de la recherche publique. « Selon l’enquête annuelle UBI, en 2019 elle était première, en 2018 troisième et en 2017 deuxième concernant la vente de licences et sur la création de start-up, au 4ème, 7ème et 3ème rang. Le taux d’exploitation des brevets est supérieur à la moyenne nationale et le taux de survie des start-up était de 93 % à cinq ans fin 2019. » Ainsi, 84 entreprises ont été créées depuis le lancement de l’incubateur en 2000 soit 468 emplois directs (à plus de 80% des ingénieurs et docteurs) et 54 entreprises étaient toujours en activité fin 2019.

Autant de bons résultats que Frédérique Vidal et le Gouvernement entendent maintenir malgré le coup de frein dû à la crise sanitaire et qui pourrait ralentir les efforts menés par les chercheurs de Limoges depuis des décennies. Elle a donc insisté sur la nécessité de conserver ce savoir-faire qui permet à la France de garder sa compétitivité et de réindustrialiser. « Le Gouvernement est vraiment convaincu que c’est en soutenant toute la recherche, depuis la recherche académique jusqu’au développement, que l’on prépare avec efficacité et confiance l’avenir, a-t-elle martelé. Et l’écosystème que l’on voit ici est un peu l’équivalent de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, l’une des universités les plus avancées au monde en termes de transfert de technologie. »

Ces deux jours de rencontres en Nouvelle-Aquitaine aura permis à la ministre de prendre le pouls du terrain et de constater toute la richesse universitaire d’un territoire aux multiples facettes. « J’en retiens l’immense potentiel et l’immense fierté de tout ce qui se fait dans cette région et un soutien important et inédit des collectivités territoriales à l’enseignement supérieur et à la recherche, ce que l’on ne trouve pas dans toutes les régions à ce point là assure-t-elle. Je retiens aussi cette capacité à assumer toutes les missions de l’enseignement supérieur et de la recherche, de l’accueil des étudiants, l’attention portée aux plus fragiles jusqu’à la recherche unique au monde, des choses qui se font nulle part ailleurs. C’est une fierté pour moi d’aller voir les établissements et de leur dire à quel point ils contribuent au rayonnement de notre pays. »

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Haute-Vienne
À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles