A Mont-de-Marsan, Geneviève Darrieussecq maire centriste en terres socialistes


Geneviève Darrieussecq, 53 ans, a ravi ce printemps Mont-de-Marsan au sénateur socialiste Philippe Labeyrie qui tenait la ville depuis 24 ans. Huit mois après les élections, la nouvelle maire MoDem alliée à l'UMP, doit mener sa barque face à une oppo

DR
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 05/11/2008 PAR Marie Paule Memy

@qui! Assez loin du territoire landais mais fait d’actualité majeur, l’élection de Barak Obama à la présidence des Etats-Unis vous inspire quels commentaires?
Geneviève Darrieussecq: Je suis ravie qu’il ait été élu. Il porte des réformes qui me semblent importantes pour ce pays en matière de santé, de recherche d’équilibre social. Il incarne l’espoir d’une Amérique moins belliqueuse plus apaisée plus soucieuse de l’environnement et des autres.

@qui! Diriez vous de la crise financière et de ses conséquences qu’elle est une catastrophe ou une aubaine?
G.D.: Pour celles et ceux qui vont en subir les conséquences, elle n’est sûrement pas une bonne chose. Mais elle peut être un point de départ pour une réorientation de la façon dont nous vivons. L’environnement doit devenir un pillier de toutes les politiques. Cette crise peut nous amener à agir plus rapidement pour aller vers une vie plus équilibrée dans une société plus équilibré dans un environnement préservé. Les hommes et les femmes politiques ont la responsablité de porter ces changements, notamment sur le plan européen. L’Europe peut devenir une référence pour une finance au service de l’économie elle-même au service de l’enrichissement de tous.

Agglomération:  » un fonctionnement féodal »

@qui! On peut lire sur votre blog le commentaire de ce Montois:  » vous avez commis le crime suprême, être élue du peuple au coeur de ce qui est le bien légitime du parti socialiste landais ». Huit mois après les élections municipales, quelles sont vos relations avec les élus socialistes, avec Henri Emmanueli par exemple qui préside le Conseil général?
G.D.:Je n’ai pas de mauvaises relations avec Monsieur Emmanuelli, je ne le rencontre d’ailleurs pas souvent, mais non, avec le conseil général ça va. Nous aurons pour la ville des dossiers lourds où nous aurons besoin de l’aide du département, mais je n’imagine pas une seconde que Monsieur Emmanuelli refuse , ce n’est pas moi qu’il pénaliserait, ce serait les Montois. D’une façon générale j’ai de bonnes relations avec tous ceux qui souhaitent entretenir des relations normales, je suis quelqu’un de très abordable. J’ai plus de soucis sur la communauté d’agglomération, et je pense que ces difficultés sont davantage liées aux personnes qu’aux partis politiques. Est-il légitime que la première vice-présidence ait été attribuée au député PS, qui n’est pas maire d’une commune de l’agglomération, mais adjoint? Cela n’est pas normal, et ce n’est pas moi qui ai mis la politique à ce niveau là. Je constate qu’il n’y a aucun partage d’informations sur les dossiers , les décisions se prennent à deux ou trois dans un bureau. La transparence n’est pas respectée, c’est un fonctionnement féodal. Pour résumer, il y a là une gouvernance qui n’est pas adaptée à une communauté d’agglomération qui devrait jouer collectif. J’ai bon espoir que ça s’apaise assez rapidement.

@qui! Votre vie politique a démarré en 2004, aux Européennes et aux Régionales aux côtés de François Bayrou. Vous étiez médecin, vous avez quatre enfants. Vous voilà maire à plein temps. Ca change la vie?
G.D.: Oui, ça a pas mal changé ma vie. C’est très chronophage. J’ai d’ailleurs arrêté d’être médecin. Mais tout en l’étant, auparavant, je m’étais toujours investie dans le syndicalisme professionnel ou dans le milieu associatif. C’est aussi mon tempéramment. J’aime les gens et je prends beaucoup de plaisir à tout cela. L’approche n’est pas très différente de celle du médecin: il faut un peu d’empathie avec les autres, de l’écoute, une analyse, un diagnostic, et puis un traitement, de l’action. C’est comme ça aussi, la politique.

« Voteriez-vous pour un Noir? Ca m’agace… »

@qui! Vous vous êtes présentée, sans succès, aux élections législatives. Un mandat national vous tenterait?
G.D.:
Je suis conseillère régionale et c’est complémentaire avec le mandat de maire. Mais députée, oui, je crois que c’est bien pour lever le nez du guidon, pour avoir un peu plus le temps de la réflexion.

Aqui. La question  » voteriez-vous pour un Noir » que vous avez lue dans un sondage, vous a amenée à réagir sur votre blog. Ca vous agace que l’on pose ce type de questions?
G.D.: Ca m’agace beaucoup. Là c’était pour un Noir. Durant la présidentielle en France c’était pour une femme. Je trouve lassant que l’on en soit encore à poser de telles questions. Remarquez que lorsqu’on lit les réponses, on reste abasourdi. Le taux de réponse à« voteriez vous pour un Mahgrébin » tombe au-dessous de 50%. Il y a encore beaucoup de peur de l’autre et de discriminations dans notre pays.

@qui! Vous pensez qu’il y a une façon particulièrement « femme » de faire de la politique?
G.D.:
Ca dépend. Je pense que, plus souvent, les femmes sont moins désireuses du pouvoir pour le pouvoir, qu’elles partagent davantage et travaillent plus en équipe. Qu’elles sont aussi souvent plus pragmatiques avec le souci d’aller à l’essentiel.Elles sont plus volontiers à l’écoute, et l’on prend parfois ça pour de l’hésitation. Non ce n’est pas de l’hésitation mais c’est plutôt moins autoritaire, moins arbitraire .

Les fêtes de la Madeliene: cinq jours et non plus sept

@qui! Quel est le chantier qui vous tient particulièrement à coeur et qui illustrerait votre ambition pour Mont-de-Marsan?
G.D.:
L’aménagement des 17 kilomètres de berges de nos trois rivières. Nous avons tourné le dos à ce qui fut un port, une voie importante pour l’économie locale. Or c’est un espace magnifique à partir duquel je voudrais que l’on repense les circulations en ville et entre les quartiers de cette ville en créant un réseau de voies entre les berges et les quartiers, privilégiant les modes de circulation doux, vélos et pédestre. Au-delà, la question des transports est à traiter à l’échelle de l’agglomération, je suis vice-présidente chargée des transports. Nous avons actuellement des bus qui coûtent chers et circulent souvent à vide, ça ne va pas.

@qui! L’A65 Bordeaux-Pau et le projet de ligne à grande vitesse Bordeaux-Espagne pourraient contribuer à désenclaver le territoire. Qu’en attendez-vous?
G.D.:
L’A65 va passer à dix kilomètres de Mont-de-Marsan à ‘horizon 2010, 2011. Le TGV est pour bien plus tard, à l’horizon 2020. Nous avons ici de l’espace et il est moins onéreux qu’ailleurs, nous avons un potentiel d’accueil . Je crois que nous serons la zone d’Aquitaine qui peut le plus se développer.

@qui! Quelles mesures envisagez-vous dans votre politique municipale qui pourraient contribuer à une meilleure préservation de l’environnement?
G.D.: Nous préparons un bilan thermique des bâtiments municipaux qui permettra de voir quelles mesures prendre pour réaliser des économies d’énergie . Mont-de-Marsan a par ailleurs une source de géothermie, il faut que nous développions ça. Il y a un adjoint en charge de l’environnement et du développement durable et nous avions pensé mettre en route un Agenda 21, mais la démarche serait plus pertinente au niveau de l’agglomération. Nous le proposerons.

@qui!Les fêtes de la Madeleine semblent vous inspirer des réticences: avez-vous pris des décisions sur leur durée et leur modalités pour 2009?
G.D.:
Je suis Landaise et je connais toutes les fêtes de la région, j’aime ça. Seulement l’esprit fête traditionnel a parfois dévié ces dernières années. Je défends une façon de faire la fête qui ne soit pas une espèce de défonce rapide. Pour 2009, les fêtes seront plus ramassées dans la durée, étalées sur cinq jours et pas sept, du vendredi midi au mardi dans la nuit, et nous voulons les faire vivre davantage durant la journée.

Propos recueillis par Marie-Paule Mémy

NB: Aqui! réalise une série d’entretiens avec des nouveaux élus lors des élections législatives de 2007, des municipales, cantonales ou sénatoriales de 2008. Voir en rubrique  » Politiques » les entretiens déjà publiés avec Martine Lignières-Cassou députée-maire PS de Pau et Alain Anziani, sénateur PS de Gironde.



Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Landes
À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles