A Pessac, la mémoire cambodgienne sous les feux de la rampe.


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 16/11/2009 PAR Joël AUBERT

C’est dans une ambiance bon enfant, animée par l’emphase et les mots d’esprit d’Alain Rousset, président du festival et de la Région Aquitaine, que deux prix ont été décernés à une réalisatrice témoin d’une tragédie du XX° siècle: la dictature des Khmers rouges. En clôture du festival, Alain Rousset annonçait le thème de la prochaine édition : « la fin des colonies, des feux mal éteints. »

« Un film deux fois primé qui parle au cœur et à l’esprit »
Roshane Saidmattar a raflé deux prix dont le plus prestigieux, celui du jury officiel présidé par le cinéaste russe Iossif Pasternak. Avant le début de la cérémonie, celui-ci nous confia le problème éthique que comporte le fait de juger ses pairs. Si la difficulté résidait en partie dans la commune excellence des œuvres d’art proposées, Iossif Pasternak et son jury ont tranché à l’unanimité pour dit-il : « le film qui parlait au cœur et à l’esprit ». Eduardo Lamora, cinéaste cubain, figure majeure du festivalpoursa sagesse, sa personnalité brillante et son regard émerveillé sur le monde, affirme avoir, lui et son jury de jeunes journalistes, choisi le meilleur film, incontestablement.

« Écrire l’invisible et l’inexplicable »
Iossif Pasternak qui n’est pas « un réalisateur d’Hollywood » a profité de son passage dans la région pour déguster les grands châteaux à l’honneur durant le festival. S’il conserve avec son charmant accent slave une chaleureuse convivialité, c’est avec sérieux qu’il a décidé, après trois heures de discussion avec les membres du jury, de récompenser le documentaire « l’important c’est de rester vivant » de Roshane Saidmattar. C’est d’une voix douce que Xiao Xing Chang, cinéaste chinois et membre du jury, remettait la récompense à une petite femme bouleversée. Il déclara qu’elle avait réussi, par un éclairage original sur la tragédie Khmer rouge « à écrire l’invisible, l’inexplicable et, au-delàdu simple témoignage, à donner du sens. Et le sens, conclut-il,c’est ce qui unit les gens. »

« Je me suis vengée contre la dictature »
Devant un parterre de cinéphiles, la réalisatrice cambodgienne avoua, tout d’abord, la joie et la surprise qu’elle avait ressenties lors de sa nomination. Pierre Henri Deleau, cofondateur du festival, l’avait sélectionnée pour la compétition parmi plus de cent cinquante films. Roshane Saidmatta reçut avec infiniment d’émotion les deux prix,non sans insister sur le fait qu’un film ne décrira jamais la vraie souffrance qu’ont vécu les cambodgiens

Après avoir longuement remercié la France qui lui a permis pareille liberté d’expression, Roshane Saidmattar se lança dans un témoignage poignant. Au bout de son histoire tragique, elle expliqua à l’assistance, conquise par l’émotion, qu’à cette époque l’important c’était bien de rester vivant pour, ensuite, peut être demain, pouvoir témoigner, aux yeux du monde entier.

Olivier Darrioumerle

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