Alain Juppé décide d’honorer la mémoire des SDF morts dans la rue


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 22/12/2009 PAR Piotr Czarzasty

Ils étaient relativement peu nombreux, peut-être une vingtaine, mais suffisamment déterminés pour tenir autant qu’il faudrait devant les portes de l’hôtel de ville, et ce malgré le froid ambiant. Sdf, lycéens, étudiants, riverains – peu importe l’âge, la provenance sociale ou la situation professionnelle, ils étaient là pour protester « contre l’indifférence et l’oubli » face au sort de Frédéric Chanal et de tous ceux qui, comme lui, vivaient ou habitent encore dans la rue. « Je trouve ça horrible que quelqu’un puisse mourir de froid comme ça dans la rue alors qu’on entend qu’il y a beaucoup de locaux qui demeurent inhabités. », constate Zoé, 12 ans.

« Qu’on s’occupe de nous »
Les sdf, quant à eux, pointent encore une fois du doigt les conditions d’hébergement jugées déplorables dans les centres d’accueil de nuit. « Déjà, dès que t’as un chien, oublies de pouvoir y entrer; ensuite on t’expulse à 8h, peu importe le temps qu’il fait. », raconte Nico, 25 ans. « En plus on se fait voler la nuit. On voudrait vraiment qu’on commence à s’occuper de nous et à proposer des conditions d’accueil décentes, que l’on se sente en sécurité. », ajoute JR, 20 ans. Selon eux, ce sont justement ces facteurs qui ont contraint des gens comme Frédéric Chanal à dormir dans la rue.

Les regrets d’Alain Juppé
Il n’a même pas fallu 10 minutes pour que les manifestants soient assurés d’être reçus par le maire en personne. C’est ce qui s’est en effet produit, deux heures plus tard, lorsque Alain Juppé a rencontré Didier Pouchet et Lionel Reinkingen, tous les deux à l’initiative de la manifestation. Après avoir écouté attentivement leurs revendications, le maire a exprimé ses regrets de n’avoir pas trouvé le temps d’aller à l’endroit où M. Chanal s’était éteint. Il a promis en revanche de s’y rendre le lendemain (Aujourd’hui à midi), en compagnie des manifestants, pour lui rendre hommage.

Une plaque commémorative – oui, mais…
Une autre revendication concernait le dépôt d’une plaque commémorative. Cette question semblait poser plus de problèmes de forme que de fond. Bien que le maire ait reconnu la nécblaessité que celle-ci soit posée, autant il a tenu à préciser que la décision dépendait désormais du Conseil municipal, auquel le projet serait soumis seulement en janvier. Par ailleurs, la revendication d’une plaque nominative a suscité beaucoup de controverses. Joel Bequeret, représentant du collectif des morts de la rue, prenant en charge les formalités liées aux funérailles des défunts dont la famille ne s’est pas manifestée a souligné qu’il ne fallait pas « personnaliser » ce qui s’était passé. « Il n’y a pas de raison que ce soit plus une plaque au nom de Frédéric Chanal qu’au nom de n’importe quelle autre personne morte dans la rue. Ce n’est qu’un cas parmi d’autres. » M. Juppé a exprimé le même avis en ajoutant que poser des plaques personnalisées dans toute la ville ne pourrait que « banaliser le problème ». Il serait donc plus approprié de « n’en poser qu’une mais commérant tous les sdf morts dans la rue que ce soit à Bordeaux ou ailleurs en France. » Une proposition qui semble avoir mis toutes les parties d’accord.

Améliorer l’accueil des sdf
Les revendications liées à Frédéric Chanal n’ont pu manquer, enfin, de toucher à la question du dispositif d’accueil de nuit proposé aux sdf. Sur ce point M. Juppé a reconnu que celui-ci était en effet « insuffisant », et que la ville allait mobiliser les moyens nécessaires pour améliorer ce dispositif avec notamment l’ouverture de centres relais. Ces différentes promesses ont été accueillies avec  beaucoup de satisfaction par l’ensemble des manifestants, qui ont néanmoins averti qu’ils reviendraient manifester régulièrement devant l’hôtel de ville, si les promesses n’étaient pas tenues.

Piotr Czarzasty

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