Après la tempête, le Pays des Landes de Gascogne s’interroge sur son identité


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Publication PUBLIÉ LE 28/03/2009 PAR Nicolas César

« Il y a un véritable malaise sur le territoire, nous sommes tous affectés  par ce paysage dévasté, ces arbres déchiquetés à mi-hauteur, que l’on soit ou non propriétaire forestier », confie Bernard Rouchaléou. Selon ce natif du pays, la tempête a révélé l’importance de la forêt comme facteur de cohésion dans le Pays des Landes de Gascogne, qui rassemble 118 communes et environ 60 000 habitants sur plus de 500 000 hectares…

100 000 hectares sans le moindre arbre…
Aujourd’hui, les habitants, comme Bernard, qui vit ici depuis 56 ans, ont perdu leurs repères. Les Landes de Gascogne ont désormais des « zones blanches ». Dans quelques mois, une fois, les dernières coupes rases effectuées, 100 000 hectares de terres se retrouveront privées de tout arbre. Un véritable bouleversement dans un espace occupé à 79% par la forêt…  Résultat, l’identité des Landes de Gascogne est remise en question. Après deux tempêtes en dix ans, de nombreux forestiers s’interrogent sur l’intérêt de replanter. Et, ce d’autant plus que produire des céréales rapporterait dix fois plus. Certains pensent même à installer des panneaux photovoltaïques dans les champs.

Conscient que l’avenir du territoire se joue aujourd’hui, l’ensemble des élus du Pays ont voté le 20 février, lors d’une assemblée générale extraordinaire, une déclaration solennelle clamant leur volonté de préserver la vocation et l’identité forestière du secteur. Mais, comment recomposer le paysage ? « La priorité est de reboiser dans les bourgs, les zones habitées et d’y amener de la biodiversité, avec davantage de feuillus (chênes…), qui résistent mieux au vent », avance Bernard Rouchaléou. Ensuite, « les collectivités locales doivent veiller à bien maîtriser le foncier, ne pas céder aux tentations et se garder des terrains pour leur propre développement », avertit-il. En effet, ces petites communes rurales devront continuer à investir pour préserver leur attractivité, alors même qu’elles viennent de perdre leur principal atout, la forêt…

Comment maintenir l’attractivité de ce territoire avec une forêt décimée ?
D’autant plus, que la tempête risque d’entraîner le récent regain de dynamisme des territoires, selon Bernard Rouchaléou. Depuis cinq ans, le Pays des Landes de Gascogne était sorti d’un long cycle de dépopulation avec une croissance de 1% par an. Les communes commençaient tout juste à établir des plans locaux d’urbanisme, des éco-constructions et développer les services à la population. Toutes ces questions qui seront évoquées le 3 avril prochain, lors d’une réunion, où les élus du Pays vont définir les axes de développement des années à venir. D’ici fin mai, un projet global doit être présenté aux partenaires (Conseil général, régional…). En attendant, de nombreux sites touristiques comme l’écomusée de Marquèze vont devoir repenser leur communication. « Nous allons devoir expliquer la tempête et revoir notre message. Marquèze n’est plus le témoignage de la lande préservée du XiXème siècle », souligne Jean-Luc Gleyze, le vice-président du Pays des Landes de Gascogne, conseiller général du canton de Captieux (Gironde). Ceci étant, « il faudra éviter l’effet voyeuriste et donner envie aux gens de revenir ».

L’Etat annonce de nouvelles mesures pour la filière bois
Vendredi 27 mars, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Chantal Jouanno a  a promis des aides exceptionnelles pour des projets d’utilisation du bois-énergie financés par le « Fonds Chaleur Renouvelable » et qui feraient appel à du bois issu de la tempête, lors d’un déplacement dans les Landes. Elle a également évoqué « des aides supplémentaires » ou « une bonification pouvant aller jusqu’à 25% » pour des projets financés par ce Fonds et garantissant une « utilisation de bois issu de la tempête ». Par ailleurs, « une enveloppe exceptionnelle de 10 millions d’euros pour aider au financement de plateformes de stockage de bois » sera dégagée et « 1,2 million d’euros » seront mobilisés « en faveur de la restauration des milieux naturels affectés par la tempête », a indiqué, dans un communiqué, le ministère de l’Ecologie. De son côté, Jean-Louis Martres, président du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest a estimé que « le bois-énergie ne constitue pas une solution pour écouler le bois » couché par la tempête, en raison du manque d’équipements par rapport aux volumes disponibles et de la faible valeur-ajoutée offerte par ce débouché.

Nicolas César

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