Bordeaux : Créer, loger, aménager, innover, diversifier, renouveler… le défi des organismes HLM co-producteurs de la ville millionnaire


Isabelle Camus
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 05/03/2011 PAR Isabelle Camus

Dire que le logement se pose comme une question de plus en plus cruciale dans notre société où le milieu urbain regroupe 75% de la population vivant en France est un euphémisme. Alors que la part du coût des loyers a littéralement explosé depuis dix ans, 60% des foyers peuvent prétendre accéder à un logement social. A la lueur de ces chiffres, il est aisé de concevoir les enjeux que représente l’aménagement des centres villes et leurs banlieues pour les acteurs essentiels des politiques publiques de l’habitat que sont les bailleurs sociaux. Le temps du fonctionnalisme, des tours et des barres d’immeubles est révolu. Le rôle des bailleurs s’est complexifié. A l’orée des défis de la métropole bordelaise, future agglomération millionnaire, Sigrid Monnier (Gironde Habitat), Bernard Blanc (Aquitanis) Arnaud Lecroart (Mésolia Habitat), Phiippe Dejean (Domofrance) et Daniel Palmaro (Clairsienne), les directeurs généraux des organismes HLM locaux, se sont interrogés sur leur légitimité et leur impact pour participer au renouvellement de la Ville.

Un métier complexe
A la diversification des fonctions  s’ajoute la contradiction entre le temps long du bâti et l’évolution des attentes
(colocation pour les jeunes, vieillissement, assistance). Et c’est mission impossible  que de répondre parfaitement aux neufs profils de population éligibles à l’un des trois types de logements aidés énumérés par Bernard Blanc (Aquitanis) : des consommateurs populaires, des populaires précaires, en passant  par la France tranquille, les intellectuels ou encore les néo-standing. « La réponse de l’opérateur social pour élaborer son offre, n’est pas binaire ». Plus que de l’habitat, c’est devenu du logement et du service » souligne Sigrid Monnier, directrice générale de Gironde Habitat et présidente de la CDG. » « Avec le lien social comme valeur ajoutée ». Mais quelle capacité à prendre en compte le vieillissement de la population et le logement des jeunes ?  Je m’interpelle, nous sommes frileux sur la colocation des jeunes, reconnait Arnaud Lecroart (Mésolia).  » Il y a des modes de gestion et des process à ajuster ». Et Véronique Fayet, chargée des politiques de solidarité, de santé et des séniors d’enfoncer le clou et de dénoncer les besoins non couverts par les bailleurs et les politiques pour les gens seuls à revenus modestes, les personnes âgées ou les familles monoparentales…

Innovation et implication
Répondre aux normes pléthoriques thermiques en maîtrisant les prix au moment ou les subventions baissent comme l’évoquait Philippe Dejean (Domofrance). Développer la médiation et endosser la casquette d’aménageur jardinier, selon la formule de Daniel Palmaro (Clairsienne). « Donner le choix de vivre sur la CUB en maîtrisant le foncier, aujourd’hui, beaucoup ne le peuvent pas », précise Christine Bost, « les listes d’attentes sont dissuasives et poussent les gens à trouver des solutions en dehors de la CUB avec ce que cela entraine au niveau des trajets domicile/travail ». Construire d’avantage, garantir le maintien d’une offre abordable et de qualité, ajuster l’offre à l’évolution des ménages et de leur budget, en intégrant des impératifs de densification urbaine et de développement durable sont autant d’équations à résoudre pour ceux qui de plus en plus décident d’anticiper (projets et foncier) et d’être partenaires. Des notions que les coopératives d’habitants, sur lesquelles Martine Alcorta, Vice-présidente régionale en charge de la Politique de l’habitat et du logement a  mis les projecteurs, se proposent d’appliquer dans leur programme autogéré et mutualisé.

Anticipation et mutualisation
Une solution au regard des bailleurs où  l’inquiétude le dispute autant à la frilosité qu’à l’enthousiasme.  Une démarche tellement innovante, que
ce qui existe dans certains pays du nord ou en Espagne a du mal à  s’implanter chez nous. Lourde technicité et longueur de l’étude de faisabilité dissuasive pour Philippe Dejean. « La volonté de choisir ses voisins comme ça dérape dans l’est, à l’opposé de la démarche initiale » dénonce J.M Offner. Ce qui n’empêche pas Aquitanis de conduire  une opération de ce type pour 20 logements. Quant à  Arnaud Lecroart il serait partant « pourquoi pas s’il existe au préalable un groupe de coopérateurs ». 

Pour l’heure, faire une ville agréable, durable, dans la prospective et une volonté collaborative. Avoir les moyens de ses ambitions sur fond de désengagement de l’état. Donner à l’agglomération bordelaise une dimension européenne et une place accessible à tous sans rater l’étape de la reflexion et de la conception  n’est pas rien. La vie de bailleur social  dans un rôle essentiel pour faire évoluer la vi(ll)e dans le bon sens n’est pas un long fleuve tranquille. Une réflexion à suivre et à poursuivre lors des Etats Généraux du Logement étalés du 31 mars au 1er juillet, à Bordeaux et sa région

Photo : Isabelle Camus – Logo CUB

Isabelle Camus


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