Bordeaux : Nouveau changement de casting sur la deuxième circonscription


Isabelle Camus
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 18/05/2012 PAR Isabelle Camus

Décidément, la seconde circonscription de la Gironde n’a pas fini de faire parler d’elle et celle qui en est la députée encore moins. Après sa victoire, contre toute attente, face à Alain Juppé en 2007 et le retrait de ce dernier aux législatives, au profit de Nicolas Florian, secrétaire départemental de l’UMP, Michèle Delaunay, toute fraîche promulguée ministre déléguée aux personnes âgées et à la dépendance du nouveau gouvernement Ayrault, frappe encore. Le nouveau tandem qu’elle forme avec  son suppléant et député remplaçant potentiel, Vincent Feltesse, n’a pas fini de provoquer des remous et des spéculations à Bordeaux, si tant est que la victoire de la gauche se renouvelle les 10 et 17 juin prochains.

Suppléante sortante, suppléant nouveau
« J’ai pris l’initiative, de proposer à Michèle d’être son suppléant, même si ce n’est pas facile de remplacer Emmanuelle Ajon, qui en 5 ans n’a pas démérité, explique Vincent Feltesse. Le maire de Blanquefort et président de la CUB, qui, s’il n’est pas 100% bordelais, avoue compter sur sa double casquette, pour faire avancer, dans un ancrage territorial, les dossiers et les nombreuses réformes sur Bordeaux et l’agglomération. « J’ai pensé que ça faisait sens,  dans un souci de complémentarité, mais c’est bien Michèle la députée ». Une députée qui si elle perd, perdra aussi son ministère. Et qui si elle gagne, quittera son mandat de conseillère générale, cumul des mandats oblige, pour céder son siège de députée à son suppléant, le temps de l’exercice de ses fonctions ministérielles. « J’ai l’habitude des CDD », plaisante Vincent Feltesse, je suis issu de la génération précarité ». Pour l’heure, Bordeaux qui jusqu’alors n’était pas la ville la plus à gauche, a vu la donne se modifier lors des dernières présidentielles. Une évolution qui, la faisant passer devant des villes comme Toulouse ou Rennes, rendrait le scénario de victoire réalisable, pour peu que les bordelais revotent à l’identique. A la table, celle qui était annoncée, voire affichée sur les murs de la permanence, comme la suppléante de Michèle Delaunay, pour finalement s’effacer, écoute stoïque, mais visiblement émue, les éloges sur son sacrifice.  » C’est avec une grande classe qu’Emmanuelle a accepté ce retrait, je veux que l’on mesure ce que ça représente pour elle  » insiste Michèle Delaunay gênée aux entournures, à qui il ne va tout de même pas être facile de le justifier auprès de ses adversaires, voire même au sein de son propre bord. « Je n’ai qu’un défaut, concède Emmanuelle Ajon, « Vincent est un homme ». Et là, la parité n’a que faire du fair-play, « c’est une faille que personne ne peut résoudre ». D’autre part, concernant son siège de conseillère générale du deuxième canton il reviendrait du coup à son suppléant, dès lors conseiller général, Jean-Baptiste Borthury.

Propos passés et futures municipales
Sur la difficulté du cumul des mandats il n’y a pas de problème pour le maire de Blanquefort, qui évoque Gérard Collomb (Lyon) et Jean-Marc Ayrault (Nantes). » Il y en aura un en 2014, avec la nouvelle loi extrêmement sévère qui va être votée, nous sommes une dizaine à l’attendre ». Et quand on lui rappelle ses propos sur Alain Juppé, Michèle Delaunay rétorque :  » Il y a des importances de taille, je suis la députée sortante, lui avait fait démissionner le conseil municipal et Hugues Martin. Après avoir promis Bordeaux rien que Bordeaux, en 2007, il repart au gouvernement. De plus, petit détail, je ne suis pas maire. Je n’ai pas déclaré une flamme unique à ma municipalité ». Quant à ce qui ne manquera pas d’effleurer l’esprit de tout un chacun quant à une attaque éventuelle de Vincent Feltesse sur Bordeaux, en 2014, celui-ci de répondre : »Je n’écarte aucune élection. Nous ne sommes pas dans une stratégie, nous voulons travailler pour Bordeaux. Depuis juillet 2007 j’ai un pied dans Bordeaux. Le but est d’avoir la plus grande majorité pour le président François Hollande. Ma double casquette c’est ma vision, pas une rupture mais une continuité ».

Récompense ou pas récompense de François Hollande ?
Concernant les allégations de récompenses par le Président Hollande pour services rendus, Michèle Delaunay s’insurge : « Je réponds fermement ! Quand Vincent me l’a proposé, j’ai vu Jean-Marc Ayrault qui connaissait Feltesse. Il a trouvé que c’était une idée brillante.  Que ça l’ait influencé c’est possible. Mais il n’y avait aucune préparation. Et celle qui craint qu’on dise d’elle qu’elle a été positonnée continue : « ma nomination me parait indemne de ce succès et vient plus de mon rapport politique sur l’âge et le nombre de fois où j’ai cassé les pieds du premier ministre ». Classé proche de Hollande, Vincent Feltesse précise : « François Hollande prend lui-même ses décisions. Ses prescriptions sont de choisir des collaborateurs efficaces et de ne pas faire dans le copinage. Compétence et parité est ce qui doit primer ». Face à sa crainte que les gens ne pensent que cette suppléance ne soit le fruit d’arrangements, Michèle Delaunay reprend François Hollande : »Rien ne m’a été donné, rien ne m’a été dévolu, j’ai tout gagné, c’est ce qu’à une échelle plus petite j’illustre moi-même. Je n’ai pas de réserve sur Vincent Feltesse, ma réserve porte sur les bataillons de l’UMP qui risquent d’être plus sérieux ».
De fait, à la lueur de ce nouvel organigramme de campagne, il y a fort à parier que le sport ne  se pratiquera pas uniquement sur les pelouses du stade Chaban-Delmas mais aussi dans les hémicycles, et que les semaines à venir s’annoncent pour le moins tendues à Bordeaux.

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